Bébé BABI, la suite...

On refait le point 1 an plus tard


Il y a plus d’un an je publiais un article sur les bébés BABI dans lequel j’expliquais de quoi il s’agissait et comment je m’étais rendue compte que le plumeau faisait partie de ces BABIs. J’y exposais également comment cela m’affectait et impactait notre quotidien de parent (cf. Mon bébé est un BABI, comment je survis ?).

 

Dans le présent article je souhaite faire un point sur la situation, dire ce qu’il en est, est-ce que mon bébé de 2 ans est toujours dans cette configuration, est-ce que ça évolue et surtout est-ce que notre quotidien en est toujours autant impacté.

 

 

À la première question, la réponse est oui.

Le plumeau est toujours un BABI, enfin je ne sais pas si on parle toujours de BABI passé un an, mais son tempérament n’a pas changé, c’est sa nature d’être ainsi je doute que cela puisse changer. D’ailleurs je ne le souhaite pas, il est parfait tel qu’il est 😉.

 

En grandissant les difficultés que nous rencontrions ont persisté, notamment le sommeil, mais ce n’est pas le point sur lequel je vais m’étendre puisque j’y ai consacré assez d’articles (cf. Le sommeil de bébé 1, 2 et Point sommeil).

 

Ce qui me trouble et me déstabilise le plus c’est sa grande sensibilité, à ce niveau là je ne parle plus d’hyper mais d’ultra sensibilité. C’est à la fois très touchant et très déroutant, puisque le moindre non, la moindre objection de ma part, la plus petite remise en question suscite chez lui de la tristesse. Ok il y a le terrible two, mais j'arrive à voir la différence. Il ne se met pas en colère comme le font tant d’autres enfants de son âge, non lui il se met à pleurer.

Mais c’est pareil si c’est moi qui me fait mal. Il vient me consoler, me faire un bisous magique pour que j’aille mieux et me caresse le visage.

C’est un enfant très attentionné, très attentif aux autres. A la crèche, le personnel nous dit souvent que c’est un petit qui s’occupe des autres. Il a une copine dont il est assez inséparable, et tout le temps il demande où elle est, si elle va bien, et quand il lui manque quelque chose c’est lui qui va lui chercher, ou bien il lui laisse sa place. Pour le coup je ne suis pas là pour voir, mais cela confirme ce que j’ai déjà pu observer.

On sent qu’il veut prendre soin déjà du haut de ses 24 mois. Je le vois surtout quand il est avec des bébés. Il se met à leur hauteur, physiquement je veux dire. Si le bébé est au sol en train de ramper, plumeau se met au sol à plat ventre.

Bon bien sûr son comportement n’est pas totalement altruiste, si le bébé prend le jouet qu’il veut, il ne va pas se laisser faire, mais il ne va pas lui faire mal pour autant, il va essayer de le récupérer autrement, en douceur.

 

 

Sa sensibilité n’est pas pour me déplaire, je considère au contraire que c’est une force, sa force à lui, à nous parents de lui apprendre à l’utiliser sans en souffrir.

 

 

Mais de cette grande sensibilité découle beaucoup d’insécurité.

Le moindre changement, la moindre perturbation d’organisation le met en insécurité. Il fait partie de ces enfants qui ne sont pas facilement adaptables à toutes les situations. En même temps comment cela pourrait-il me surprendre avec les parents qu’il a 😂?

Sachant cela on est attentif à modifier le moins possible ses habitudes. Seulement parfois les changements ne sont pas de notre fait et là c’est le drame !

 

Par exemple la fermeture estivale de la crèche. Pour n’importe quel enfant ça représente les vacances et donc plus de temps en famille, mais pour le notre c’est vécu comme un abandon de la part de l’équipe, il ne voit plus ses amis, ils lui manquent et n’en comprend pas la raison.

 

Il n’a plus son rythme habituel, ses repères sont perturbés, il le vit très mal. Ici cela se traduit par un sommeil encore plus agité que d’ordinaire. Il ne veut plus me lâcher, pas même pour se coucher ou jouer. Je suis H24 7/7 avec lui collé à moi. En terme de maternage proximal on est en plein dedans, sauf que là ce n’est plus un nourrisson que je porte mais un petit garçon de 13 kg. En même temps n’ayant plus accès à ma salle de sport, je me fais ma muscu à domicile 😜.

 

Cette insécurité se traduit aussi par beaucoup de terreurs nocturnes, par une sur-demande de notre attention.

Ses émotions sont décuplées, déjà que pour tout enfant c’est un challenge d’apprendre à les gérer, mais quand en plus on a une sensibilité exacerbée, c’est encore plus difficile. L’essentiel c’est d’apprendre à les apprivoiser, à en faire une force et à les assumer.

 

Pour cela j’ai des aides techniques on va dire : des livres sur les émotions (il adore !!), en version lecture classique ou sous forme de signe (il aime apprendre la langue des signes). Je lui parle aussi beaucoup de mes propres émotions ; si par exemple il fait une colère je lui dis ce que moi je ressens à ce moment là, ce que sa colère implique chez moi (colère, énervement, stress, frustration, incompréhension, peine…). Je sais que beaucoup d’apprentissages passent par l’imitation, donc s’il nous voit et nous entend exprimer plus ou moins facilement nos émotions, je me dis qu’il s’autorisera peut-être plus facilement à les verbaliser lui même et donc au final par les gérer plus aisément.

 

 

Bien évidemment tout cela n’est pas sans nous affecter nous parents.

Les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas toutes. Parfois j’arrive à gérer ses tempêtes émotionnelles et les miennes, et puis parfois non.

Je culpabilise beaucoup, je tente de me mettre moins la pression, mais ce n’est pas toujours évident.

 

Mais on ne va pas se mentir, être maman d’un BABI c’est dur. C’est énergivore et chronophage, donc bien évidemment que mon mental, mon moral et ma santé en ont pris un coup depuis 2 ans.

Chez moi cela se traduit par beaucoup d’angoisse et de stress. Le manque de sommeil et de temps pour moi viennent en rajouter une couche ce qui m’a fait perdre pas mal de poids.

Mes proches s’inquiètent de ma santé, mais au lieu de me dire de me forcer à manger, ils devraient me dire de me forcer à leur confier mon fils pour que je puisse enfin souffler, enfin avoir le temps de manger, parce que franchement j’ai faim !

 

 

L’autre répercussion c’est sur notre couple.

Nous sommes soudés et communiquons beaucoup, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas des dissensions. Pas vraiment des disputes (une en 3 ans), mais des énervements, des emportements pour 3 fois rien.

Bien sûr qu’il y a de la tension entre nous par moment. On a beau essayer de ne pas le montrer à notre fils, il le ressent grâce à sa super sensibilité, et cela l’insécurise davantage. C’est le cercle vicieux et quand on est en plein dedans c’est difficile d’en sortir.

 

C’est cyclique en plus, cela revient par phase, durant 15 jours ou 3 semaines le plumeau ne veut plus dormir, ou seulement avec nous, et alors ma patience est mise à mal, mon taux de cortisol   sécrété par le stress doit être indécent tant je suis moi-même sous pression.

 

 

C’est un vrai défi pour moi que d’accompagner mon enfant dans l’apprentissage de ses émotions. D’autant plus avec une nature aussi intense que la sienne. Tout est démesuré en fait, selon mes attentes et mes propres besoins. Je ne le comprends pas toujours, je suis dépassée et mes réponses ne sont pas adaptées puisque je n’ai plus le recul nécessaire pour analyser la situation.

Les moments de tension sont pléthores : repas, coucher, change…je suis l’adulte, c’est à moi de savoir gérer et réagir en conséquence, je ne peux pas m’attendre à ce qu’un bébé sache le faire, pourtant souvent j’oublie et c’est ce qui crée le déséquilibre en moi. C’est ce qui me fait perdre patience et provoque des crises inutiles.

 

 

Pour tenter de répondre au mieux à ses besoins si intenses, je m’informe, je me documente comme je peux, notamment sur tout ce qui est éducation bienveillante et la discipline positive. Cela me met souvent la pression, mais si cela peut me donner des clés et des solutions concrètes je prends !

J’ai noté plusieurs ressources à ce sujet dans ma page Ressources, si cela vous intéresse n’hésitez pas à la consulter.

 

Ce n’est pas tous les jours parfait, jamais d’ailleurs 😉, mais je fais ce que je peux pour le comprendre, pour me mettre à sa place, pour me rappeler qu’il n’a QUE 2 ans, qu’il est l’enfant et moi le parent, ce n’est pas à lui de payer pour ma mauvaise gestion émotionnelle ou mes erreurs de réaction.

 

 

Une question subsiste, que deviennent les BABIs ? Comment grandissent-il ? Quel genre de personne sont-ils ?

 

Pour le moment je ne saurai trop le dire, cela reste une grande inconnue. Toutefois, je me prépare à toutes les éventualités, même si j’ai conscience que la réalité ne sera jamais parmi les scénarios imaginés.

 

Selon des études, on constate que les BABIs ont tendances à devenir des enfants Zèbres.

Quel jargon !

On qualifie de zèbre, les personnes haut potentiels ou qu'avant on qualifiait de surdouées.

Les zèbres présentent les mêmes caractéristiques que les BABIs, ce serait donc la suite logique. Mais cela n’est pas prouvé, déjà le concept même de BABI n’est pas scientifiquement reconnu, alors de la à dire que les bébés aux besoins intenses deviennent systématiquement des personnes à haut potentiel, on en est loin.

 

Je ne m’attends à rien, mais je me prépare à tout 😁. Disons que s’il est détecté HPI (Haut potentiel intellectuel) ou HPE (haut potentiel émotionnel) je ne serai pas surprise vu le terreau familial. Si c’est le cas, je veux être prête à l’accompagner le mieux possible, à lui montrer à quel point c’est une bonne chose et qu’il peut s’intégrer malgré ses différences.

Mais ceci n’est qu’une version possible de son histoire, il est et deviendra ce qu’il veut !