Mon bébé est un BABI, comment je survis ?

Une présentation de ce concept et ses conséquences au quotidien.

Publié il y a 4 ans

Je pense qu’en premier lieu une petite définition du terme BABI s’impose. Pour ensuite traiter principalement et égoïstement, des conséquences sur moi et ma santé mentale.

Qu’est-ce qu’un BABI ?

Pour celles et ceux qui ne le savent pas, BABI est un acronyme qui signifie Bébé Aux Besoins Intenses. Avec ça je pense qu’on a planté le décor, on sait qu’on va galérer un peu, beaucoup, énormément !! Bien évidemment tous les BABI ne sont pas identiques et ne présentent pas tous les mêmes caractéristiques. Je résume ici ce qui m’a permis d’identifier mon bébé comme étant un BABI, mais il faut par ailleurs que je signale que ce n'est pas un terme scientifique unanimement reconnu. Il s'agit là d'un concept psychologique (émis par le docteur W. Sears dans les années 80) et non d'une pathologie, c'est pourquoi on ne parle pas de diagnostique mais de détection ou d'identification. A chacun de se faire son avis, ses propres recherches, et d'en parler avec son médecin afin d’écarter en premier lieu tout problème organique ou physiologique.

Un bébé BABI est donc un bébé qui, outre les besoins de base d’un tout petit, a des besoins affectifs, émotionnels et sécuritaires plus importants que les autres, en tout cas il les manifeste davantage. Bien sûr que tous les enfants ont besoin de se sentir en sécurité, aimé et voir leurs besoins vitaux assouvis. Mais pour les BABI cela prend des proportions plus grandes avec un caractère souvent urgent dans la demande, pas moyen de les faire attendre. 
Ils sont tout le temps en demande d’attention, mais tout le temps ça veut dire TOUT LE TEMPS ; pas 2 minutes de répit pour aller aux toilettes ou pour avaler un petit truc. Il est alors très difficile de les poser en lieu sûr et de s’éloigner pour vaquer à une occupation. Ils veulent un contact permanent avec nous. Le portage et le maternage proximal ne sont alors plus des options mais une réalité qui s’impose d’office. Même si dans mon cas mon bébé a détesté l’écharpe de portage. Un BABI n’aime pas se voir limité dans ses mouvements, il n’aime pas être contraint ou se sentir enfermé, ceci explique aussi cela.

Cela veut aussi dire qu’ils dorment peu, très peu, TROP peu à mon goût, mais on fait avec l’enfant qu’on a. Le notre n’a dormi que sur nous durant de nombreux mois, et encore aujourd’hui il ne s’endort pas seul, et la phase d’endormissement peut prendre jusqu’à une heure. La nuit il ne dort que collé contre nous et se réveille à de multiples reprises.
Ce sont aussi des bébés à la limite de l’hyper activité, très tonique, sans cesse en mouvement. Notre fils n’a que deux vitesses, éteint (lors des rares phases de sommeil) ou à fond. Il est curieux de tout, veut bouger et tout voir. Je résume souvent ça aux gens en disant « il est vivant » avec un sourire d’euphémisme. Tout particulièrement avec eux, la motricité libre peut être adaptée, même si je ne suis pas très objective sur le sujet au vu de mon article pro-motricité libre 😁 (cf. Article La motricité libre, qu'est-ce que c'est ?).

Cela veut dire également qu’ils sont très sensibles, voire hyper sensibles. Ils ressentent tout de façon exacerbée, et que la séparation avec les parents va être plus difficile à vivre. Déjà qu’entre 8 et 10 mois tous les enfants traversent une période d’angoisse de la séparation, mais pour le notre c’est juste tout le temps en fait. Bon en grandissant ça s’améliore un peu, et puis on l’habitue progressivement à être avec d’autres personnes. Mais je sais qu’il ne supporte pas que je sois énervée, si je perds patience et parle sèchement il se met à pleurer. Si ça parle fort autour de lui ou si il y a beaucoup de monde il ne va pas être rassurée et il pleure. Il est très méfiant quand il voit des inconnus, il observe tout, détaille tout. C’est comme s’il passait les gens au rayon X pour les sonder. Dans ces moments là le verdict est sans appel : soit je t’aime bien, soit je pleure ! 

Il est d’autant plus déconseillé de laisser pleurer un BABI, c’est épuisant mais répondre à leurs besoins est essentiel pour leur construction cognitive et affective. La communication est une des clés avec un BABI. Lui parler, beaucoup (tout le temps dans notre cas) et lui expliquer surtout, ce qu'on fait et pourquoi. Ils comprennent vite. Ils ont besoin d’être rassurés en permanence, d’être entourés, de sentir un regard bienveillant sur eux quand ils jouent ou qu’ils explorent le monde qui les entoure. Ils ont besoin d’un peu plus d’attention que les autres, d’un peu plus de disponibilité de notre part et surtout de plus de patience !!
Oui mais voilà, c’est à ce moment qu’on touche du doigt la difficulté pour les parents : comment tenir le coup face à tant de demandes, de sollicitations et de besoins ?

 

Comment je le vis ?

On respire et on se lance !
Parfois comme un sacerdoce, une dévotion que je dois à mon fils parce qu’il est totalement dépendant de moi pour assurer ses besoins et parce qu’il ne le fait pas exprès.
Et parfois comme un sacrifice très douloureux à ma vie de femme indépendante, très active et solitaire.
Et à l’occasion je vois ça comme un challenge, un défi que la vie me présente et qui me permet de repousser mes limites, d’en apprendre plus sur moi et de mettre ma résilience et ma patience à l’épreuve.

Mais la plupart du temps je le vis bien, c’est épuisant au delà de tout, mais je l’aime tout autant donc ça s’équilibre 😉. Malgré tout certains jours, j’aimerais qu’il soit un peu moins BABI et un peu plus baby, cool, autonome et dormeur ! 

Certains qualifient ces bébés de « difficiles », je n’ai personnellement jamais employé ce mot et ne perçois pas les choses de cette façon. Mon bébé est ce qu’il est, je l’aime et je souhaite qu’il soit libre d’être qui il est tout simplement. Si je commence à penser qu’il est difficile cela mettra un jugement négatif sur sa personnalité, sur son développement. Une fois qu’on identifie son bébé comme étant BABI on se rend alors compte que c’est sa personnalité et qu’il est inutile d’aller contre. D’ailleurs comment je pourrais ? J’accepte et l’encourage à être lui même, je veux qu’il ait confiance et qu’il soit épanoui, même si c’est au détriment de mon sommeil. A côté de ça c’est un bébé rieur, joueur, câlins, qui est curieux et intelligent. Un vrai filou 😉. Il comprend très vite, il manifeste son intérêt très clairement et ses aptitudes psychomotrices sont excellentes. Il montre aussi sa détermination et n'hésite pas à réitérer jusqu'à que ça fasse comme il veut (à 10 mois, ça promet pour la suite 🤦‍♀️). 

Quand je suis dans une passe plus difficile, que mes nerfs sont mis à rude épreuve, plus que d’ordinaire j’entends, je me défoule comme je peux : du sport, du dessin, de l’écriture of course. Et quand le besoin de silence et de solitude est trop urgent, je passe le relais au papa, à sa mamie ou autre et je sors. Je sors marcher, ou errer dans les magasins sans but (bon en période de confinement et de post-confinement c’est moins facile 🙁) ou juste rouler, pas top non plus niveau écologie, culpabilisation, et dépenses inutiles mais quand on est à bout on fait juste ce qu’on peut. 

En vérité je suis tout aussi désespérée que n’importe quel parent dans ma situation. Je n’ai pas de solution, pas l’once d’un début d’amélioration dans le sommeil de notre fils. 
Alors me direz vous, pourquoi en faire un article, pourquoi venir nous parler d’un truc si tu n’as pas de remède à proposer ? Bah déjà parce qu’avoir des besoins intenses n’est pas une maladie, et ensuite écrire me fait du bien. Puis je me dis que je ne dois pas être la seule, que d’autre parents doivent se sentir tout aussi démunis et dépassés que moi, et de savoir qu’on n’est pas seul dans cette galère, à défaut d’aider, ça rassure un peu 😌. Parce que ce n’est pas facile d’entendre des parents qui ne comprennent pas ce qu’on vit parce que leur enfant est très calme, dort très bien, ne réclame pas plus que ça leur attention. Marre d’entendre les autres te dire « y’a qu’à », « faut faire comme ci », « pourquoi tu fais pas comme ça ? ». Sans doute que ça marche pour eux et leur bébé, sauf qu’à la grande loterie des enfants moi j’ai gagné le petit dormeur hyper actif/sensible/curieux. Et dans ces moments là on peut vite se sentir nulle, en dessous de tout. Mais surtout seul. Cela fait un an qu'on vit et subit (par moment) cet état de fait, et je viens tout juste de me rendre compte à quel point on a été seul. A quel point personne dans notre entourage ne nous a aidé, principalement parce qu'on n'a pas demandé d'aide, mais aussi parce que personne n'a compris l'ampleur de notre épuisement ni l'intensité des besoins de notre fils. Au bout d'un an nous nous sommes octroyés quelques jours de vacances, sans notre bébé, et là les personnes qui l'ont gardé ont enfin compris, je crois. C'est ce qui moi m'a fait réaliser à quel point on était seul dans cette galère, jusque là je n'avais pas vraiment remarqué, et ce constat m'a blessée. Alors je veux juste dire à tous ces parents qui vivent avec un bébé aux besoins intenses, que vous n'êtes pas seuls, n'hésitez pas à demander un peu d'aide par moment, et surtout : vous êtes de bons parents ! Vous ne faites pas mal, c'est juste le tempéramment de votre enfant. Vous faites de votre mieux et c’est difficile d’assurer au quotidien. Ce n’est pas parce qu’on a hâte qu’arrive le soir, que notre bébé soit enfin couché, pour pouvoir souffler 2 heures avant son premier réveil, qu’on est une mauvaise mère ou un mauvais père. On est juste des êtres humains. Moi aussi je m’énerve et je culpabilise quand j’ai mis 1 heure (sans exagérer) à l’endormir et qu’il se réveille au bout de 30 minutes. Moi aussi par moment j’ai envie de tout envoyer voler à travers la pièce, de fondre en larme ou de prendre mes affaires et de claquer la porte. On ne le fait pas, mais Dieu que c’est tentant certains jours !!!
Désolé si cet article n’est pas d’une grande aide, mais la vie de maman c’est aussi ça, des doutes, des remises en questions, des coups de gueule et des larmes.

Heureusement je ne suis pas seule, on est deux à s’occuper de notre petit plumeau, et ce n’est clairement pas de trop. Je peux m’octroyer des moments rien qu’à moi (quand je ne culpabilise pas trop), exprimer mes frustrations et mon énervement. Parce que oui ça finit par beaucoup énerver. Ne pas avoir fait de nuit complète depuis près de 12 mois ça a tendance à agacer légèrement, voire à me rendre dingue par moment. Dans ces cas là je pose mon fils dans un lieu sûr, je sors de la pièce pour souffler ou pleurer ou m’énerver contre moi (les trois en même temps parfois) et j’y retourne un peu moins crispée. Pas détendue non plus, faut pas pousser, ce n’est pas en 10 secondes qu’on peut acquérir la sérénité du bouddha, mais ça permet de ne pas s’emporter contre son bébé et de risquer de lui faire peur ou pire. 

Ce n’est pas facile tous les jours, on se remet beaucoup en question, on cherche longtemps à comprendre pourquoi notre enfant est comme ça, pourquoi il ne dort pas, pourquoi il a tant besoin de nous, pourquoi il ne peut pas rester seul dans son parc plus de 30 secondes, pourquoi tous les autres bébés qu’on voit sont si calmes et détachés de leurs parents ? C’est à ce moment que nos recherches nous mènent sur la piste des bébés BABI. Comprendre que ce n’est pas un bébé « anormal », que ce n'est pas de sa faute, qu’il va bien et qu’il est juste « un peu plus » ça aide à lâcher prise, à moins se prendre la tête avec des détails, pour se libérer de l’espace mental et surtout de l’énergie. On commence aussi à se demander pourquoi nous nous le vivons si difficilement, pourquoi ses besoins sont si intenses pour nous aussi. Là on comprend que notre enfant n’a pas de problème, c’est nous qui devons nous adapter à lui et arrêter de focaliser sur des chimères, des trucs futiles. On ne veut pas passer à côté de notre fils, de ce qu’il est pour tenter de le faire entrer dans un moule qu’on nous a faussement inculqué. 

Notre fils défie notre imaginaire de l’enfant idéal. Il bouscule notre idée de l’éducation, de celle qu’on a reçue pour faire de nous de meilleurs parents, les siens tout simplement. On tente au quotidien d’appliquer une éducation bienveillante, positive, qui respecte la personne qu’il est, plutôt que celle qu’on avait fantasmé. 

Bon ce sont de beaux principes, mais quand on est dans le dur, que notre bébé pleure une partie de la nuit, qu’il ne veut pas être posé mais qu’il se débat dans nos bras, qu’il ne veut pas être avec quelqu’un d’autre que moi, bah c’est pas facile de se rappeler ces belles paroles ! Mais on tient, je ne sais pas comment, mais on tient. Parce qu’il le faut je crois, parce qu’on l’aime et qu’il est si mignon avec sa petite bouille d’amour 😇.


Sources :

Les pros de la petite enfance

La Maison des Maternelles

Parents.fr