Lorsque l’on devient parent, c’est tout un monde qui se dévoile à nous, escorté par son vocabulaire propre. On apprend ainsi de nouveaux termes, de nouveaux concepts et toutes les abréviations qui vont avec. Dans cet article je vais traiter de celui de la motricité libre. Encore une fois, je ne suis pas une professionnelle, je ne parle que de ce que j’ai pu expérimenter avec mon fils et ce que j’ai appris au fil de mes lectures et autres discussions avec pour le coup des professionnels.
Avant d’avoir mon bébé, je n’avais que très peu de notion à ce sujet, à part les bébés que j’avais vu grandir autour de moi. J’avais quelques vagues notions de temporalité pour leur développement, du style à 6 mois il sait s’assoir (faux), à 10-12 mois il marche (pas forcément). Je n’étais clairement pas au fait de tout le développement psychomoteur d’un bébé. Limite pour moi, tu le poses sur un tapis ou dans son parc et il fait sa vie dans son coin, sous la surveillance bien évidemment d’un adulte. Je ne savais pas qu’un bébé ça avait autant besoin d’être stimulé si tôt. Je m’explique : un bébé, en tout cas le mien, ça ne joue pas tout seul, ça ne progresse pas tout seul. Je pensais qu’avant 3 mois ça ne faisait que dormir et manger. Eh bien non. Dès le premier mois mon bébé voulait qu’on joue avec lui, qu’on lui montre ses jouets, qu’on s’allonge avec lui sur son tapis. Pour corriger sa plagiocéphalie (quand je parlais de vocabulaire nouveau) il a fallu qu’on stimule son intérêt pour la position à plat ventre, il a fallu qu’on lui apprenne à se retourner puisque sa plagio limitait un peu sa motricité. Il a fallu qu’on soit à fond tout le temps avec lui pour inciter ses mouvements latéraux, pour qu’il nous suive du regard et change d’appui. Bref on a plongé tout habillé dans le grand bain de la motricité.
Au cours de ma grossesse j’avais chopé quelques notions, notamment la motricité libre, motricité fine et le bain libre. Je savais que cela consistait à laisser faire son bébé par lui même sans le restreindre dans ses mouvements avec un transat ou un trotteur. Pour cela il nous fallait donc un équipement minimum, un tapis, un parc pour le côté sécuritaire et quelques jouets d’éveil. Nous avons donc aménagé un espace de jeu ouvert, avec tous ses livres et ses jouets à disposition sur son tapis.
Très vite j’ai observé des progrès dans ses apprentissages. Il était curieux de tout, il nous observait beaucoup, on sentait qu’il enregistrait toutes les informations qu’il pouvait. Il n’attendait que le moment propice pour les mettre en pratique. Vers 3 mois donc il a montré un peu plus d’intérêt pour les déplacements. Il ne se retournait pas encore, mais voulait bouger à sa façon en rampant en arrière ou en faisant la toupie, le tout sur le dos. Il jouait avec ses mains dès les premières semaines, puis ses pieds. A 6 mois il s’est retourné et à partir de là son monde s’est élargi considérablement. Le champs des possibles était infini pour lui. A 8 mois il s’est mis à ramper, et à 10 mois il se mettait debout sur ses genoux, puis il s’asseyait et il a fini par se mettre sur ses pieds à 10 mois et demi. La marche va prendre encore quelques mois pour s’affirmer et se stabiliser. À 11 mois il se tient à tout ce qu’il peut et commence à mettre un pied devant l’autre, autrement dit dans le jargon parental, il meuble 🤣.
A aucun moment nous ne l’avons forcé à s’asseoir, à se mettre debout. Il n’était attaché que lors de nos sorties (voiture ou poussette) et sinon il était dans les bras. On a fait du portage (sans écharpe, vous savez maintenant pourquoi 😉), du maternage proximal plus plus plus. J’ai essayé de ne pas le comparer aux autres bébés, de lui laisser faire ses acquisitions à son rythme sans pression. Par ailleurs son développement cognitif était excellent, tout suivait son cours « normal ». Certains enfants vont plus vite pour certaines acquisitions, mais il faut éviter de trop regarder chez le voisin. Bien sûr c’est bien d’avoir des notions, mais ce qu’il faut surtout c’est accompagner son bébé sans le forcer. Nous avons fait le choix de lui faire confiance, de l’encourager par nos regards, nos mots et notre bienveillance, mais pas de faire à sa place ni de tout sur-sécuriser autour de lui. Pas facile pour la maman angoissée que je suis, j’ai souvent eu envie de mettre du papier bulle autour de nos meubles, limite autour de lui, mais je savais que ce n’était pas un service à lui rendre. Il devait et doit apprendre à se réceptionner sur du carrelage, sur de la moquette comme sur du parquet. Mais les bébés sont extraordinaires, ils savent faire en fait. J’ai regardé faire mon fils depuis le début, et je sais qu’il sait s’en sortir sans que je me précipite près de lui. Je sais qu’il a conscience de l’espace, qu’il sait à quelle surface il a affaire et il s’adapte sans embuche. Je m’émerveille chaque jour de ses habiletés. Je suis stupéfaite de voir toutes les capacités qu’il a aujourd’hui, et c’est beau d’assister au développement d’un petit être. Ils sont capables de tant de prouesses, comme le démontre le documentaire Babies disponible sur Netflix (lien sur ma page Ressources). Les recherches scientifiques ne font que confirmer les incroyables talents dont sont capables les tous petits.
Pour la motricité plus avancée, en plus d’être libre d’aller où il veut et de réorganiser notre intérieur tous les jours (toujours sous la surveillance d’un adulte), on a privilégié les porteurs, les jouets à pousser sur lesquels il peut s’appuyer ou s’agripper pour se relever, et le parc puisqu’il sen sert pour se verticaliser. Il se sent en sécurité et peut se mettre debout sur ses genoux ou ses pieds, s’asseoir et même marcher en se tenant aux barreaux.
On a proscrit le youpala, c’est inutile et dangereux pour le développement de bébé puisqu’il est verticalisé beaucoup trop tôt, qu’il n’apprend pas par lui même la marche et son lot de chocs et de chutes qui lui permettront d’être plus prudent et plus confiant. Pour plus d’information à ce sujet, je vous mets en page Ressources des ouvrages, dont celui de la papesse française de la motricité, Michèle Forestier. Elle y explique très bien comment un enfant en bonne santé, qui n’a pas de handicap ou de trouble moteur, est capable d’apprendre par lui même et pourquoi il est même préférable de le laisser faire.
Ces ouvrages et mes discussions avec différents kinésithérapeutes et psychomotriciens, m’ont éclairée sur le développement de mon bébé et sur le comportement à adopter pour favoriser et encourager le dit développement. La maman stressée et anxieuse que je suis doit accepter que oui un bébé ça se cogne, ça trébuche, ça grimpe et ça tombe. Un enfant qui découvre la vie ça explore tout avec intensité, et donc ça se fait mal inévitablement. J’ai compris que notre rôle n’est pas de le protéger de tout, mais de lui apprendre à se protéger par lui-même, en l’accompagnant dans ses apprentissages, en lui montrant comment faire mais sans faire à sa place et sans l’harnacher à des objets qui vont l’empêcher d’expérimenter par lui-même. Un bébé dans un youpala ne maîtrise pas ses déplacements, il ne sait pas appréhender l’espace, tandis qu’un porteur va permettre à l’enfant de se hisser et ensuite de se déplacer en poussant son jouet, tout en gardant un appui sûr.
Pour ce qui est de la motricité fine, la DME a joué un grand rôle, il a progressé à une telle vitesse ! Très vite il s’est mis à saisir de tout petits objets en pince (avec son pouce et son index). Il sait dévisser une boîte et tourner les pages de ses livres depuis ses 8 mois. Comme vous pouvez le comprendre, je valide à 200% cette méthode de diversification (qui fera l’objet d’un article à part entière), mais c’est à chaque parent de faire ses choix, ce n’est pas la seule façon de développer la motricité fine d’un bébé, des jouets adaptés et notre soutien indéfectible sont tout aussi important.
Le développement psychomoteur d’un bébé c’est passionnant. Cela demande une présence de chaque instant, c’est épuisant si comme moi vous avez un enfant très curieux, qui veut tout voir, tout toucher, tout explorer. Mais le voir évoluer à son rythme, simplement avec notre soutien, sans pression pour atteindre l’étape suivante, c’est merveilleux. La première année de vie est très intense pour eux, ils ont tout à apprendre, mais elle est tellement riche d’enseignement pour nous. Nous aussi nous avons tout à apprendre dans notre rôle de parent, on le fait ensemble avec notre bébé. Et finalement les choses les plus simples sont encore les plus efficaces. Un petit jouet en bois, un livre, une boîte à musique ou une boîte en plastique font tellement bien l’affaire. Il faut des objets adaptés à son âge et à ses habiletés ; au début des livres aux couleurs contrastées, des objets musicaux type hochet ; puis quand il sait se retourner des jouets plus gros qu’il faut attraper, qui peuvent supporter d’être mordus et tordus dans tous les sens ; et plus tard vers 6-7 mois il est bon de lui proposer des jouets qui sollicitent sa motricité fine et qui font du bruit. Chez nous les bouteilles en plastique sont plébiscitées 😉. On recycle ainsi les bouteilles d’eau du biberon et n’importe quelle boîte avec un couvercle à visser, ça l’amuse beaucoup et il apprend en même temps.
En tant que parent c’est un privilège d’accompagner et de voir son enfant évoluer. On se sent très fier, et même le plus insignifiant des progrès déclenche une joie immense. On ne manque jamais de le féliciter et de l’encourager dans ses découvertes. Tenir sa cuillère seul à 7 mois, savoir boire au verre tout seul à 8, savoir se mettre à 4 pattes… tous ces apprentissages il les fait seul, et je ne regretterai jamais de l’avoir laissé faire à son rythme, de lui avoir permis de grandir dans un espace libre, stimulant et en sécurité. Alors oui il se cogne, oui il tombe ou trébuche. Oui j’ai parfois de grosses frayeurs et il m’est même arrivé d’aller aux urgences pédiatriques suite à une petite chute. Mais les bébés sont plus solides qu’on ne croit. Ils sont formidables et il faut leur faire confiance 😌.