Tout ce qu'on ne nous dit pas

Ces choses que j'aurais aimé savoir avant de devenir maman


Cet article vient en complément de Comment savoir, si personne ne nous dit ? Ici je m’interroge (comme souvent 😉), pourquoi on ne m’a pas prévenue ? Et surtout je dresse une liste, non exhaustive, de tout ce qu’on ne m’a pas dit, qui m’aurait été utile, voire essentiel de savoir avant de devenir maman.

 

 

J’étais au courant des « petits » maux de la grossesse : nausées, vomissements, fatigue, kilos, mal de dos, sein qui doublent de volume, constipation, etc. Soit dit en passant, qui n’ont rien de petit du tout !

 

J’étais au courant des maux du post-partum : baby blues, voire dépression, hormones en free style, chute de cheveux, peau qui merde, fatigue, cicatrisation du corps, abdos détendus, mal de dos, douleur d’allaitement…mais j’étais tellement loin du compte, tellement loin d’être prête à ce qui m’attendait.

 

Peut-être suis-je responsable de mon ignorance dans la mesure où je n’ai pas voulu lire trop de livres, par fierté sûrement, croyant que c’était inné, naturel et sans prise de tête d’élever un enfant 🤦‍♀️. Le péché d’orgueil est traitre, parce que perso, élever un tout petit c’est tout sauf inné pour moi.

 

 

Bon je savais tout de même que ça ne serait pas toujours facile, que les nuits seraient courtes ou inexistantes et que les hormones joueraient avec mes nerfs, mais c’était au delà de mes attentes.

 

Niveau émotionnel, ça surpasse tout ce qu’on a pu connaître tellement notre coeur déborde d’amour. On ne sait pas à quel point on va l’aimer ; on ne sait pas qu’on peut aimer à ce point.

Je le savais sans l’avoir expérimenté, et en fait ça balaye tout sur son passage. C’est une déferlante d’amour, de joie et…d’angoisse !

Pour moi la maternité c’est avant tout de l’amour, des doutes et du stress.

 

Là où la grossesse n’était que bienveillance et écoute de soi, la maternité c’est le doute, l’angoisse, l’incertitude, les faits, les essais. Quand j’arrive enfin à me rassurer sur un point, un autre sujet d’inquiétude débarque et j’en prends au mieux pour des heures de stress, au pire pour des semaines d’interrogations.

J’aime mon bébé plus que tout, je veux tant qu’il aille bien, qu’il se développe bien, que je me mets une pression de malade. Je tente tant bien que mal de me détendre, mais ce n’est pas dans mon tempérament. J’ai l’habitude de tout contrôler, là je dois apprendre à moins m’inquiéter, c’est le challenge de ma maternité !

 

Tout, absolument TOUT me stresse : a-t-il trop chaud ? A-t-il trop froid ? A-t-il assez mangé ? En a-t-il trop ? Dort-il assez ? Est-ce normal ? Ça c’est ma phrase depuis la naissance 😉.

 

 

On sait aussi qu’on va être jugée, mais pas qu’on va être sans cesse remise en question.

 

Sans parler de la transparence qui s’empare de nous une fois qu’on a accompli notre devoir. Plus rien d’autre ne compte que le nouveau né. Il est normal de se concentrer sur lui, mais la maman n’a pas a disparaître pour autant.

Elle vient elle aussi d’accomplir un exploit. Elle vient littéralement de s’ouvrir au monde ; souvent elle en a des cicatrices physiques, parfois les plaies sont plus profondes et moins visibles, mais tout aussi douloureuses.

C’est un choc pour le corps que de mettre au monde un bébé. Certes c’est naturel, le corps de la femme sait faire et est fait pour ça, mais cela n’en reste pas moins une expérience traumatique. Certaines s’en remettent vite, pour d’autres cela demande plus de temps, mais quoi qu’il arrive il faut de la bienveillance et de l’attention pour la jeune maman. Pas de jugement, pas de critiques, pas de questions débiles du genre : « mais tu es sûre qu’il n’a pas trop chaud là ? » Comment veux-tu que je saches ? C’est mon premier bébé, j’ai le cerveau et le corps en vrac, tout mon être me fait mal et tu me demandes de me mettre dans la peau d’un bébé de 2 jours ! Cette question est à bannir 🙅‍♀️, elle fait trop flipper les jeunes mamans !

 

 

La naissance de mon fils a été un moment d’une incroyable intensité émotionnelle. Le voir c’était comme le reconnaître. Mais ce qui a tout de suite suivi, ça je ne m’y étais pas préparée.

 

Une angoisse terrifiante s’est abattue sur moi, un tel poids d’amour et de responsabilité m’étouffait, mais je n’en avais pas bien conscience. C’est au fil des semaines et de l’accumulation de la fatigue que j’ai compris ce qui se passait. J’étais en train de sombrer doucement. Je ne dirai pas vers quoi parce que je ne le sais pas moi-même, mais je sentais la pente s’incliner sérieusement sous mes pieds. Il fallait que je réagisse, que je comprenne tout ce qui se jouait et que je trouve des solutions.

 

Pour cela un podcast m’a beaucoup aidé, la Matrescence. C’est la base je pense, on y trouve tout, surtout la bienveillance et la validation scientifique d’un ressenti que le reste du monde semble nié.

Tout ce qu’on ne m’avait pas dit je l’ai appris à mes dépends, en faisant, en échouant, en réessayant.

Avec la chute des hormones, part aussi la confiance en soi acquise durant l’état de grâce qu’est la grossesse. Il fallait que je retrouve cette confiance, ou à défaut un peu de sérénité dans mon esprit embrumé.

 

 

J’avais (et encore un peu 17 mois plus tard) l’impression d’avoir le cerveau flingué ; je tentais d’avoir d’autres sujets de conversation et de m’intéresser aux autres, à ce qu’ils me disaient, mais ce n’était pas naturel, mon esprit était tourné vers mon bébé, je ne pensais qu’à lui.

Ces pleurs me brisaient le coeur et je me sentais très vite nullissime. J’essayais de me rassurer, de me dire qu’il allait bien, que c’était « normal ». Mais c’est tellement dur de prendre du recul quand on ne sait pas. On ne sait pas où on va, on ne sait pas comment faire, on ne sait pas ce qui est attendu de nous et de lui. C’est le flou, le brouillard et ça personne ne nous le dit.

 

Je sais maintenant que les modifications dans mon cerveau sont normales et nécessaires à la survie d’un bébé. Mais ça on ne nous l’explique pas.

On ne nous dit pas qu’on aura le cerveau comme une passoire, qu’on sera incapable de se concentrer sur autre chose que les selles de son bébé, qu’on arrêtera de respirer à chaque fois qu’il fera le moindre mouvement, qu’on ne sera plus capable de tenir une conversation avec d’autres adultes sans regarder 60 fois par minute ce que fait son bébé. On ne sait rien en fait !

 

On sait qu’on va beaucoup moins dormir, certes, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, parce qu’en vrai, non seulement tu ne vas plus dormir, mais tu ne vas plus avoir une minute à toi en journée non plus.

 

Les pleurs d’un bébé c’est fatal pour les nerfs des jeunes parents, surtout pour la maman qui allaite. Durant mon allaitement, à chaque fois qu’il pleurait je sentais mes seins se tendre et se gorger de lait. C’est un signal pour notre corps, mais c’était aussi désagréable que le froid au supermarché. Et on ne nous dit surtout pas qu’on va être seule pour gérer tout ça.

Le papa retourne travailler très vite, il n’a droit qu’à 3 jours pour la naissance et 11 jours pour le congé d’accueil de l’enfant, autant dire qu’avec ça on ne va pas loin (et même avec l’allongement à 28 jours, ce n’est pas suffisant) ! Après c’est débrouille toi ma grande !

 

 

Je ne savais pas non plus que pour bien prendre soin de mon bébé, je devais aussi prendre soin de moi. Bon dit comme ça, ça parait logique, mais à ce moment là c’était hors de mes croyances. Pour moi la maman devait se dédier corps et âme à son nourrisson.

Personne ne m’a dit qu’il fallait que mon alimentation soit adaptée à ce que mon corps venait de vivre. Personne ne m’a dit de privilégier les aliments riches en omega 3, les « bons gras », les plats chauds, les légumineuses, les soupes réconfortantes (même en plein été). Je ne savais pas que le cru était à bannir, surtout quand on allaite. Je ne savais clairement pas comment me nourrir, d’autant qu’à ce moment là, on n’a ni l’envie ni le temps de cuisiner (cf. Une journée dans ma vie…). J’aurais aimé que quelqu’un me dise qu’il fallait préparer tout ça en amont et les congeler.

 

J’aurais aimé que quelqu’un me dise toutes ces choses, soit là pour répondre à mes questions, apaiser mes angoisses de jeune maman et me dire que ce que je vis c’est ok ; que j’ai le droit d’avoir peur, de ne pas aimer, de me sentir dépassée ou de vouloir du temps pour moi. C’est normal de ressentir un trop plein d’émotions contradictoires, ça doit déborder à un moment et il faut laisser faire. Ça ira mieux après 😉.