Mon allaitement [1/3]

L'allaitement, loin de l'évidence, mais un vrai choix de maternité

Publié il y a 4 ans

Sujet vaste, sur lequel j’ai beaucoup à dire et qui me tient très à coeur, tellement que j’ai mis de nombreux mois avant de réussir à prendre ma plume.

C’est pourquoi aussi je vais prendre le temps de le diviser en plusieurs articles, et ainsi éviter de faire un pavé indigeste 🙂.

 

 

Je vais d’abord parler de mon cheminement à ce sujet ; pourquoi ce choix et mes attentes, mon allaitement rêvé de future maman naïve 😌.

 

Puis je traiterai de sa mise en place, de nos débuts difficiles à deux et de la claque de la désillusion.

 

Et dans un troisième opus, l’allaitement suite et fin, j’aborderai les raisons du sevrage, le deuil de mon allaitement avorté et un retour a posteriori sur cette belle aventure (malgré tout 😉), avec un petit bonus surprise 🤫.

 

 

Déjà je tiens à dire que je ne me pose pas en donneuse de leçon, du type « il faut allaiter », « c’est la meilleure chose que tu puisses donner à ton bébé », « pour être une bonne mère il faut donner le sein ! » Non pas du tout, jamais il ne me viendrait à l’idée de pérorer de tels propos.

Tout ce qui va suivre, dans cet article comme dans les suivants, n’est que le récit de mon vécu, de mon allaitement, de mon ressenti, chacune est libre de penser et de faire ce qu’elle veut, sein ou biberon les deux sont tout aussi valables à mes yeux. Mais quand on s’engage dans la voie de l’allaitement il faut savoir que cela peut être un long chemin semé d’embuches, de joies, d’hormones et de désillusions.

 

 

Comme annoncé, commençons par le commencement (oui j’aime les tournures lexicales simples 😉), à l’origine de ce choix : mon chéri, une you tubeuse et un livre.

 

Ceci n’est peut-être pas banal, mais tout est parti de mon chéri, qui était déjà pro allaitement avant même qu’on envisage d’avoir un bébé.

Autant dire que la première fois qu’il m’en a parlé, j’étais très étonnée, parce que moi j’étais plutôt aux antipodes, du genre : « moi vivante, JAMAIS ! Je suis une femme moderne, indépendante, qui a été élevée au biberon, qui n’y voit que des avantages, pourquoi envisager autre chose ? »

Puis je suis tombée enceinte, et il se trouve que ma you tubeuse préférée, #Coline, venait tout juste d’avoir un bébé et partageait beaucoup sur le sujet. Je me suis empressée de dévorer ses vidéos traitant de l’allaitement, mais aussi de ses recommandations de lectures, podcasts et autres indispensables. J’ai donc lu un seul et unique libre durant ma grossesse (Les vrais besoins des bébés) et là ce fut la révélation !

 

J’ai commencé à sérieusement m’intéresser à l’allaitement, à changer d’avis sur la question, sur mon rapport à mon corps, à ma féminité, parce qu’on ne va pas se mentir, ça joue quand même dans la décision, ou en tout cas dans l’image qu’on se fait de l’allaitement.

Ce livre a été une révélation à double titre puisque c’est grâce à lui que j’ai décidé de ne pas prendre la péridurale lors de l’accouchement et d’opter pour un accouchement physiologique (cf. L'accouchement, le choix physiologique).

 

Progressivement j’ai commencé à en parler autour de moi, de mes choix, de mes envies, mais timidement.

C’est étrange mais quand les femmes parlent de leur volonté d’allaiter, elles s’en excusent presque. On le dit du bout des lèvres, presque chuchoté au risque de heurter notre interlocuteur, de le choquer. Je me souviens lorsqu’on me posait la question, je disais que j’allais « essayer » de l’allaiter, qu’on verrait bien. Pourquoi de telles précautions de langage ? Pourquoi ne pas assumer pleinement mon choix ? Je ne sais toujours pas, peut-être que je savais que ce n’était pas quelque chose de facile, que l’allaitement a beau être naturel, il n’en est pas pour autant évident pour toute.

Je pensais aussi que ce choix pouvait être perçu comme prétentieux, comme donneur de leçon, puisque c’est en quelque sorte remettre en cause le modèle de la femme du 21e siècle qui donne le biberon, voire qui délègue cette tâche à l’autre parent.

 

Pour comprendre cette attitude, il faut aussi comprendre pourquoi on choisit au final d’allaiter.

Il y a l’aspect purement pratique : toujours prêt, à la bonne température, en quantité suffisante. On n’a rien à laver ou à stériliser. L’installation est rapide et minimale, ça peut se faire partout et à tout moment. On n’a pas besoin de calculer les quantités ni de compter les heures entre chaque têtée, c’est le bébé qui fixe les règles puisque c’est à la demande. Bon tout ça j’y reviendrai dans le prochain article, parce qu’on verra qu’entre la théorie et la pratique il y a eu un gouffre pour moi.

 

Et puis il y a le côté économique : aucun matériel à prévoir, sauf si on veut utiliser un tire-lait, mais ce n’est pas obligé et en plus en France on a la chance de pouvoir louer son matériel en pharmacie, sur prescription, ce qui fait qu’on ne paye que les téterelles et les sachets de conservation (et selon les mutuelles c’est presque intégralement pris en charge).

 

Outre ces points très positifs, l’aspect santé a vite pris le dessus pour moi. Les laits artificiels sont très bons, mais les scientifiques sont unanimes sur la question, le lait maternel reste la meilleure source d’alimentation d’un bébé. Les recommandations de l’OMS vont dans ce sens puisqu’ils préconisent l’allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois. Sachant cela, je voulais au moins me donner la possibilité d’essayer, mais je ne voulais pas qu’on croit que je me pensais meilleure mère que les autres ou supérieure. Du coup je le disais à peine, même si en mon for intérieur j’étais convaincue de mon choix, ce qui s’est avéré essentiel pour la suite des événements (vous le verrez dans le prochain épisode 😉).

 

 

Pour mener à bien mon projet, j’ai donc décidé de m’entourer des bonnes personnes, le papa était mon premier supporter comme on l’aura compris 😀, mais je voulais une professionnelle capable de m’aider techniquement le moment venu.

Comme je l’ai déjà raconté dans un précédent article (cf. Comment choisir sa sage-femme) j’ai choisi une sage-femme consultante en lactation pour mon suivi de grossesse et ainsi me préparer au mieux.

Pour le reste, je savais que je n’étais pas hyper soutenue par mon entourage, mais pas non plus découragée. Ils étaient neutres, même si tous ne comprenaient pas ma démarche, en tout cas ils ont eu la délicatesse de ne pas m’en faire part, dans un premier temps 🤫.

 

 

Une fois le choix fait, la logistique mise en place, il ne me restait plus qu’à me projeter.

Et là on peut dire que je me suis bien projetée, trop peut-être. Sans m’en apercevoir je me suis en effet mise à idéaliser et fantasmer cet allaitement. Grave erreur, mais qui ne le fait pas ?

 

Je m’imaginais en maman épanouie, qui porte son petit en écharpe tout le temps et partout, qui est à l’aise avec son allaitement, prête à dégainer ses seins à tout moment et en tout lieu. Je ne suis pas une exhibitionniste, entendons nous bien, je parle juste de donner à manger à mon fils dès qu’il le demande, donc potentiellement lors d’un repas de famille, au resto, lors d’une promenade estivale.

J’avais prévu un allaitement long, 6 mois minimum, mais l’objectif secret c’était un an. Je me disais que la pudeur n’aurait pas raison de moi, que les besoins de mon fils passeraient en priorité et que le reste du monde n’aurait qu’à s’y faire !

 

J’admire les mamans qui allaitent quelque soit le lieu ou les regards ; elles sont libres, elles assument leur choix, leur maternité et leur corps. Ceci ne devrait pas être sujet à la polémique, aux regards pervers ou jugeants. Ce ne sont que des mères qui nourrissent leur enfant, la façon dont elles le font ne regardent personne ! On devrait toutes se sentir libre de donner le sein à notre bébé où on veut et quand on veut, mais dans les faits ce n’est pas encore le cas.

Pour moi en tout cas cela ne l’a pas été. J’anticipe un peu la suite de ma trilogie, mais pour résumer j’ai très peu allaité en dehors de chez moi. Et si je le faisais je me cachais presque. Pas parce qu’on me le demandait (là me connaissant j’aurais dégrafé ouvertement mon soutif et j’aurais fait téter mon fils devant tout le monde 😜), mais parce que je ne me sentais pas à l’aise de le faire dans une salle pleine de monde ou devant mes propres parents. J’avais l’impression de gêner plus qu’autre chose avec mon histoire d’allaitement.

 

On entrevoit déjà la réalité qui fut la mienne durant mon allaitement…loin de l’idéalisation et du fantasme de la mère sereine, bien dans ses baskets et à l’aise avec le regard de la société sur ses choix et son corps.

 

Néanmoins j’avais hâte de vivre cette expérience.

J’étais totalement novice puisque dans mon entourage seule deux femmes ont allaité, et encore j’étais petite, je n’avais que peu de souvenirs.

J’étais pleine d’espoir sur mes capacités, sur la façon naturelle dont tout cela allait se passer, sur le lien qui allait se renforcer entre mon bébé et moi.

Je me disais que c’était bon pour lui, que ça préserverait sa santé et que je serai sa figure d’attachement. Il parait qu’en plus c’est bon pour la santé de la maman, que ça facilite la perte de poids. Bon pour l’aspect médical je ne sais pas, mais pour la perte de poids post-partum c’est bidon ! Ce qui a marché pour moi c'est l'absence quasi totale de sommeil durant 14 mois, mais ça j'y reviendrai dans un article dédié au sommeil 😉. L’allaitement lui me donnait tout le temps faim et soif, autant dire que remettre mes vêtements d’avant grossesse n’était pas au programme 🤨. Mais peut-être que pour certaines ça fonctionne…

 

 

Dans la liste de mes attentes, il y avait la relation du papa avec bébé.

Je n’ai jamais eu peur que le lien ne se fasse pas entre eux. Je savais qu’ils auraient plein d’autres moments rien que pour eux : le bain, le peau à peau, les bercements, etc. Mais c’était une question récurrente qu’on me posait. Je savais que ce choix ferait de moi la figure d’attachement de notre fils, mais que mon chéri aurait toute sa place dans notre organisation ; il pourrait par exemple se lever la nuit pour m’apporter plumeau, pour le changer ou lui faire faire son rot. Pas besoin de lui donner à manger pour créer le lien, heureusement, car cela passe par plein de gestes, d’attentions, de moments. La complicité serait différente, mais tout aussi belle. C’était mon état d’esprit d’alors, et petit disclaimer, la suite m’a donnée raison 🙂.

 

 

Je n’étais pas assez naïve tout de même pour croire que tout serait parfait, que je n’aurais aucune douleur, mais j’étais loin d’imaginer ce que l’avenir me réservait…suite au prochain épisode 😉.