L'accouchement, le choix physiologique

Le récit de mon accouchement, un choix naturel


La grande question, pourquoi vouloir accoucher dans la douleur alors que la médecine te donne une autre alternative? 

Déjà il n’y a aucune règle qui t’oblige à accoucher dans la douleur ou sous péridurale. C’est toi qui fais ton choix avant ou au dernier moment, bon il y a tout de même une limite, une fois que le bébé commence à sortir, la péri n’est plus possible. Tu peux opter pour un accouchement avec péridurale, et lors du travail finalement la refuser si tu sens que tout va bien. Inversement, tu peux opter pour l’accouchement naturel, et puis au dernier moment demander la péridurale parce que tu n’en peux plus. Il n’y a pas une méthode mieux qu’une autre, il faut juste s’écouter et faire ce qui nous semble le mieux pour nous à ce moment là. 

J’ai donc choisi d’accoucher sans anesthésie et j’ai pu le faire aussi grâce à ma bonne condition physique je pense, et à la confiance que j’avais en moi, en mon corps et en ses incroyables capacités. J’avais lu et fait quelques recherches sur le sujet. Je ne voulais tout simplement pas de piqure et je voulais laisser faire mon corps. Je savais qu’il en état parfaitement capable, il était conçu pour ça, je n’avais qu’à me laisser guider par mes sensations et mon instinct. C’est du lâcher prise total, dommage que je ne sois pas restée dans cet état d’esprit après. 
Je savais qu’en accouchant de cette façon je restais libre de mes mouvements pendant le travail. Je pouvais marcher, boire, manger au besoin. J’avais souvent entendu des mamans dire qu’elles avaient été passives durant leur accouchement, que la péridurale les avait privé de quelque chose, de force même et avait souvent tendance à ralentir le travail. Je ne voulais surtout pas vivre ça, je voulais être pleinement actrice de mon accouchement, je ne concevais pas de ne pas ressentir les choses. 

Et pour avoir senti, j’ai senti ! Mais je m’attendais à tellement pire que finalement je n’ai pas trouvé ça si difficile. C’est douloureux, un peu bien sûr, mais j’étais tellement connectée à mon corps, à mon bébé et à mes sensations, que les hormones ont parfaitement fait leur job. 


En rejetant la péridurale je n’ai pas fais le choix de la douleur, j’ai fait le choix de la force, de l’instinct. Je ne suis pas plus adepte de la douleur qu’une autre, mais pourtant j’ai préféré me passer de péridurale. 

Encore une fois, j’ai tout simplement fait confiance à mon corps, à ses capacités pour faire sortir ce petit être qu’il avait créé et protégé durant tous ces mois. Avec le recul j’ai compris pourquoi j’avais fait ce choix, plutôt instinctif à la base. J’ai compris que la douleur n’est pas l’ennemie; elle n’est pas là pour punir comme a voulu le faire croire la religion (« tu enfanteras dans la douleur »), mais bien pour aider. C’est une alliée qui aide notre corps à mettre au monde notre bébé. Les contractions ne sont pas là non plus pour faire joli, elles ont un vrai rôle dans le processus d’enfantement. Elles favorisent la progression du travail, l’accélèrent même, si on les accueille avec sérénité et confiance, en toute conscience. Le corps libère alors l’endorphine qui est notre morphine naturelle, et de fait on ressent moins la douleur. Si on est assez détendue et qu’on ne cherche pas à contrôler la douleur, elle passe très vite, et on ne la sent presque plus. On va même pouvoir s’endormir entre deux contractions, oui oui c’est possible ! Et c’est ce qui s’est passé pour moi, tellement bien que dans la salle c’était le silence absolu, personne ne me touchait, personne ne me parlait. Je voulais qu’on me laisse tranquille. Et la sage femme a été top parce qu’elle a vite compris que j’avais besoin de gérer ça à ma façon. Elle vérifiait régulièrement que tout se passait bien, puis elle repartait et je retournais dans ma bulle protectrice. 

A quoi j’ai pensé ? Est-ce que je rêvais même ? Je n’en ai pas la moindre idée. J’étais dans un autre monde. Je sentais les contractions venir, je respirais profondément, je les accueillais et ça passait. Au détour d’une vidéo des Maternelles, j’avais retenu la chose la plus rassurante du monde pour moi : une contraction ça dure 1 minute et c’est tout ! Je savais donc que j’avais 1 minute intense à vivre et ensuite la douleur redescendait. Un peu comme des vagues sur une mer calme. Et j’enchainais les vagues de cette façon, tout en somnolant, bercée par le rythme régulier du courant.

Tout ce calme, cette relaxation libère l’ocytocine, l’hormone de l’amour, du plaisir de l’attachement et de la naissance. C’est cette hormone qui aide le bébé à sortir, et au passage il se prend un shoot de tout ce beau mélange, ce qui est plus que bénéfique pour lui ! 

Tout ça participe à la réalisation de la naissance, ce n’est pas là pour rien ; la nature ne fait pas les choses dans le vide, tout à une raison d’être et les contractions ne doivent pas effrayer les femmes. Il faut dédramatiser l’accouchement, il faut le voir comme un merveilleux rite de passage, comme une étape incroyable sur le long chemin de la maternité, et plus encore de la parentalité. N’ayez pas peur d’accoucher. Les contractions et la douleur qui les accompagne seront votre force pour mettre au monde votre bébé. Croyez en vous, faites confiance à votre corps. Il peut. Il sait. Il tiendra. 
Vous avez toutes les ressources nécessaires en vous pour accoucher. Vous avez la puissance nécessaire. Connectez vous à la force de toutes ces femmes créatrices de vie. Être enceinte et mettre au monde un enfant nous relie à cette force vitale, nous relie à ces femmes à travers les âges qui ont enfanté. C’est assez indescriptible, mais on se sent appartenir à la source originelle. On se sent forte et puissante, comme les détentrices d’un secret universel.


Comment y parvenir ? comment se connecter à cette force intérieur dans une société qui a dépossédé les femmes de ce moment en le surmédicalisant ? Il faut entretenir sa confiance, bien se connaître et savoir écouter son corps et son intuition. Pour ma part être enceinte m’a donné confiance. Ça a tout changé, j’ai alors juste décidé d’être totalement libre d’être qui je suis. J’étais heureuse et je voulais me faire confiance. J’ai décidé de m’accepter pour la première fois, j’ai arrêté de résister. J’ai pris la bienveillance qu’on me donnait; j’ai pris l’amour qu’on me témoignait; j’ai pris tout le positif qu’on me renvoyait et j’en ai nourri ma force. Je fais confiance à mon instinct depuis très longtemps, j’ai aussi appris à m’écouter, à ressentir mon corps grâce au sport. Tout ça m’a aidé. Durant ma grossesse j’ai décidé de vivre plus en conscience. J’ai laissé faire ce qui me semblait bon pour moi, et si c’était bon pour moi ça l’était aussi pour mon bébé. Lui et moi étions tellement connectés que que j’ai même pu négocier sa naissance. Je m’explique: il y a eu deux épisodes de canicule ce mois là, je lui ai donc demandé d’attendre la fin du 2e pour naitre, et c’est exactement ce qu’il a fait. Bon la canicule finissait le 25 au soir, la nuit même, le travail commençait 😁.


D’autres petites choses qui participent à se sentir sereine et confiante: se dire et s’entendre dire qu’on est belle, malgré le gros ventre ou les vergetures. Toucher son corps aussi, l’accepter, caresser son beau ventre rond, et parler parler parler à son bébé, lui dire qu’on l’attend avec amour et impatience, qu’on fera de notre mieux pour lui, qu’on sera là quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse, qui qu’il soit. S’autoriser à être soi, peut être pour la première fois, ça libère, ça donne la force et la confiance nécessaire. 

 

La douleur, mon récit:

Comment reconnaitrai-je les contractions ? La question à 1 million d’euros, qu’on se pose toute la première fois qu’on va accoucher. Quand sait-on que c’est le bon moment ? Comment saurai-je que le travail a commencé? Est-ce que ça fait mal? Autant de questions auxquelles il est difficile d’avoir une réponse claire tant elle varie d’une femme à l’autre.

Ce qu’on m’a beaucoup dit : « si tu te poses la question c’est que ce n’est pas ça ». Ok mais encore ? 

Il y a plusieurs années j’ai eu des calculs rénaux et les médecins m’ont dit que c’était une douleur similaire à celle d’un accouchement. Pour avoir vécu les deux, je peux dire maintenant que non, ce n’est pas du tout pareil. Les calculs m’ont fait vachement plus mal et en plus j’avais des calmants, alors que durant l’accouchement je n’avais rien.

On m’a dit aussi que ça ressemblait à des douleurs de règle, mais puissance exponentielle bien sûr. Super les gars, sauf que je n’ai jamais eu de douleurs lors de mes règles, donc là non plus pas moyen de savoir.

Et ce qui est revenu aussi c’est « quand ce sera le moment, tu le sauras ». Merci pour la précision, et pour les détails on repassera du coup ! Et sinon on fait comment ? On se dém*** Oui c’est à peu près l’idée générale.

 

Pour ma part, je n’ai pas tout de suite reconnu les contractions et pourtant elles ont tout de suite été au taquet, pas de faux travail avant, pas de fausse alerte, pas de travail qui s’étire en longueur, non je suis du genre expéditive, en 6 heures c’était plié, mon bébé été né ! 


Reprenons dans l’ordre. À 01h06 du matin je me réveille pour aller aux toilettes pour la 14e fois de  la nuit comme toutes les nuits, et je sens juste que j’ai mal au ventre comme quand j’ai envie d’aller aux toilettes, rien d’original. Puis ça passe aussitôt, je me recouche et me réveille de nouveau 5 minutes plus tard pour retourner aux toilettes. Jusqu’ici rien d’anormal, ça me fait souvent ça, le transit difficile de la femme enceinte tout ça tout ça. Et au bout de la 5e fois, je me dis que tout de même ce petit manège n’est peut-être pas lié à mon mauvais transit, mais bien à un début de travail. Je me mets donc à chronométrer les choses, et le verdict tombe, la douleur (qui est de l’ordre du spam léger) dure 1 minute et revient toutes les 5 minutes. Je comprends que le travail a commencé et que je dois attendre encore 1h30 avant de partir pour la mater.

Je réveille mon chéri qui dort profondément (pour la dernière fois de sa vie) et je lui dis ce qui se passe. Au bout d’une heure on se prépare tranquillement. J’aurais pu prendre un bain à ce moment là, mais je n’en ressentais tout bonnement pas le besoin. J’étais tranquille, je gérais mes contractions en respirant calmement. Mon mec avait appris à me faire quelques points de pression pour me soulager, on a donc fait quelques exercices mais je n’en avais pas vraiment besoin non plus.

Vers 3h ça s’intensifie un peu et on décide de partir à la mater. Là tout de même me mouvoir est un peu compliqué parce que les contractions me bloquent sur place, on dirait une petite vieille toute voutée qui tente désespérément d’avancer. Je me souviens du ciel cette nuit là, un orage se profilait au loin et quelques éclairs ont illuminées notre route. Très vite on arrive et on m’installe, on m’ausculte et je suis dilatée à 5.

A ce moment on me demande d’évaluer ma douleur sur une échelle de 1 à 10. J’ai du avoir un regard interloqué : comment évaluer une telle chose ne sachant pas ce qui t’attend ensuite ? Je mise alors sur une douleur de niveau 6 ou 7, encore totalement gérable.

Au cours des 2 heures qui suivent je n’ai que peu de souvenirs, la seule chose que je voulais c’était dormir et j’y parvenais. On m’a transféré en salle de travail, j’ai vomi à cause de l’effort que ça avait été de marcher jusque là bas. Et une fois en tenue d’Eve avec une blouse, je me suis semi-allongée pour ne plus bouger de cette position jusqu’à la fin presque.

La douleur a progressivement monté d’un cran ; les contractions étaient à 8. Je me suis alors levée pour m’asseoir sur le ballon et ainsi tenter de percer la poche des eaux, mais à peine debout elle s’est rompue et là j’ai eu mal !! Là, sur l’échelle, j’étais à 12 et je ne suis pas du genre douillette. Il faut dire qu’en une seconde j’étais passée d'une dilatation de 6 à 10, ça pique un peu.

Le bébé était là, je l’ai senti descendre d’un coup dans mon bassin et il fallait qu’il sorte. J'ai ressenti une pression énorme, c'était la fin, je le savais, mon bébé serait très vite dans mes bras.

L’expulsion, la phase finale, a duré 25/30 minutes, selon les témoins, parce que pour moi elle a à la fois duré 5 minutes et 3 heures. C’était interminable et en même temps je n’ai pas vu le temps passer, il faut dire que j’étais légèrement concentrée. Finalement, 6h après ma toute première contraction j’attrapais mon bébé et le posais sur moi. Je n’ai pas l’impression que c’est allé si vite, mais quand j’entend le récit d’autres mères, je comprends que je suis assez chanceuse quand même 😊.


Sur le moment et encore aujourd’hui quand j’y pense, je n’ai pas l’impression d’avoir eu si mal. J’ai eu mal uniquement sur la toute fin, mais je m’attendais à une douleur tellement insoutenable qu’en fait j’ai été agréablement surprise de voir que non. Sans péri ça l’a très bien fait, j’en garde un bon souvenir, sérieusement.

Par contre le moment que j’associe à une très grande douleur, c’est quand il a fallu me faire des points de suture avec une anesthésie locale qui ne faisait pas du tout effet. Et oui, périnée trop tonique, bébé bloqué qui force le passage, ça donne une belle déchirure, mais pas d’épisio, là dessus j’étais contente. Mais à ce moment là j’ai sérieusement eu mal. Pour le coup je retenais mes cris. Mon bébé était sur ma poitrine, je le tenais d’une main et me cramponnais à la barre du lit de l’autre. Là j’ai serré les dents, les fesses, tout ce que je pouvais, j’ai même du supplier d’arrêter je crois. J’étais tellement crispée à cause de cette phase de couture que j’ai eu mal aux fesses et au coccyx durant des semaines, sans exagérer. Les premières heures je pouvais à peine me lever, aller aux toilettes était une torture. Avec le temps la douleur est devenue plus supportable, mais vraiment elle n’est partie qu’au bout d’un mois, après ma visite chez mon ostéo.

 

Accouchement, on casse le mythe/les clichés:

On va rentrer tout de suite dans le vif du sujet, la technique du p’tit chien c’est bidon !

Quant à la méthode de la respiration calme et en douceur ça n’est valable que pour les contractions, et encore, moi le jour J j’avais tout oublié, j’étais dans ma bulle, j’ai géré comme j’ai pu, comme mon corps a voulu. 

Par contre pour l’expulsion c’est un autre délire. On te parle de respiration par le bas, sauf que quand t’es en train de tout donner et de sentir tes entrailles se déchirer, bah respirer par le bas tu visualises pas du tout. D’ailleurs je n’ai toujours pas compris. 

Je devais surtout bloquer ma respiration pendant que je poussais, donc les nanas qu’on voit dans les films qui crient ou soufflent à ce moment là, bah c’est pas vrai, c’est pas comme ça du tout que ça se passe. Déjà on ne crie pas, en tout cas moi non et je n’ai pas non plus broyé la main du papa, même si c’était une plaisanterie entre nous avant l’accouchement. Je n’étais pas non plus en sueur, complètement essoufflée ou au bout de ma vie. Bon je n’irai tout de même pas jusqu’à dire que j’étais toute fraîche, mais franchement pas plus fatiguée que ça. C’est plus le fait d’avoir passé une nuit blanche qui me donnait une sale tête que le fait d’avoir mis au monde un bébé.

Au même titre qu’il n’y a pas eu d’agitation autour de moi pendant la phase de travail, il n’y en a pas eu pendant la phase d’expulsion. C’était calme dans la pièce, bon on était tous concentré, mais je me souviens qu’entre deux poussées je reprenais pleinement mon souffle, j’avais le temps de reprendre conscience de ce qui m’entourait et d’essayer de comprendre ce qu’elles m’expliquaient sur ma respiration et ma façon de pousser. Personne ne me disait « pousse, pousse ». Non, tranquille, tout le monde (mon mec, la sage-femme et l’aide soignante) m’accompagnait calmement. Puis je sentais que la contraction revenait, j’avais le temps de me préparer et mon corps s’en servait pour faire son taf. Parce que comme je l’ai expliqué plus haut, les contractions ne me faisaient pas mal, elles aidaient mon bébé à sortir et moi à gérer mon effort. 

Désolé aussi de le dire, mais je n’ai pas pleuré en voyant mon bébé. J’étais soulagée que ça s’arrête, heureuse de le rencontrer enfin, mais pas encore submergée par la vague d’émotions. J’étais encore trop dans la partie technique du processus. L’adrénaline me tenait à bloque et j’aurais pu remettre ça une deuxième fois, ou pas 😜.

 

Voici mon récit, ma vision de la naissance. Je ne peux parler que pour moi, d’autres femmes le vivent différemment, font d’autres choix et cela n’enlève en rien la valeur de leur expérience. 

Il ne représente que mon point de vue et pas celui du papa volontairement, ceci fera l’objet d’un autre article 😉.