Il y a deux écoles : ceux qui pensent que les bébés naissent sans mode d’emploi et qu’on est tous dans la même galère. Et il y a ceux qui disent au contraire que si, les bébés ont chacun leur mode d’emploi, et c’est à nous parents d’apprendre à le déchiffrer.
Et les pleurs sont des portes d’entrée verrouillées par des serrures à 10 chiffres aux multiples combinaisons possibles donc. De quoi s’arracher quelques cheveux avant de trouver le bon code 🤦🏻♀️😉.
Depuis la naissance de mon fils, je crois que la question que j’ai le plus posée c’est, « mais pourquoi il pleure ? », avec sa variante : « mais qu’est-ce qu’il a ? ». Savoir décrypter les pleurs de son bébé c’est notre job premier en tant que nouveaux parents. On le sait tous qu’on va devoir en passer par là, que c’est leur seul moyen d’expression pendant de longs mois, et qu’ils ne le font pas exprès, que leurs cris ne sont pas des moyens détournés de manipulation. Mais c’est vrai que par moment il est difficile de ne pas se dire qu’il aime nous faire tourner en bourrique. Quand tu viens de passer 45 minutes à l’endormir, que tu l’as posé 4 fois dans son lit avant qu’il accepte d’y rester vraiment, et qu’il se réveille 20 minutes plus tard, bon là tu te dis « il joue avec mes nerfs ce petit ! » Eh bien non ! Ce n’est pas de sa faute, c’est à nous parents de comprendre ce qu’il a, de trouver la cause de sa détresse et d’y remédier.
C’est là que les choses se corsent, parce que comprendre les pleurs d’un bébé c’est un travail de longue, de très longue haleine, et quand tu penses avoir pigé le truc, que tu t’es rédigé mentalement ton propre manuel explicatif, bam ! Il change radicalement son fonctionnement. Tout est alors à refaire, ou presque. Ne soyons pas si défaitistes, tout n’est pas à jeter non plus. Avec le temps on apprend de plus en plus et on retient les leçons de ce qui fonctionne ou pas. Disons qu’on fait souvent 3 pas en avant et 2 pas en arrière.
C’est frustrant et on notre confiance en nous, notre estime de soi, en prend chaque fois un coup, mais au bout d’un moment on passe outre. Plus d’égo, plus de crainte du jugement des autres, et parfois même, plus de culpabilité (oui enfin durant 10 secondes). On en a tellement marre qu’on finit par faire abstraction de tout. On lâche prise en fait, mais à force d’épuisement plus que par décision réfléchie. Mais restons positive 😄.
Tout ceci est bien beau, mais concrètement qu’est-ce qui fait pleurer un bébé ? À quoi dois-je penser lorsqu’il se met à hurler ? Comment ne pas paniquer au moindre doute ?
Il y a tellement de raisons qui peuvent expliquer les pleurs de bébé, et la liste est non exhaustive. Déjà chaque bébé est unique, et même si certains maux se retrouvent chez beaucoup d’entre eux, il n’en reste pas moins que chaque cas est différent et que l’avis du professionnel en qui on a confiance est primordial.
En premier lieu je dirai qu’il faut trouver son médecin référant pour son enfant. C’est une priorité je pense et ça permet de rassurer dans beaucoup de situations. Cela peut être un pédiatre ou un généraliste, sans oublier la ressource précieuse que sont les PMI.
Une fois cette première étape actée, tout va s’enchainer assez vite la première année. C’est l’année de toutes les premières fois, premières douleurs, premières maladies, premières dents, premières chutes…
Les rendez-vous médicaux tous les mois, avec les petits bonus que sont les vaccins, on aime on adore ces jours de vaccination où tu ne sais jamais comment ton bébé va réagir ; fièvre ou pas fièvre ? Petit suspens durant les 24 heures qui suivent, t’es en stand by, sur le qui vive au moindre signe de température, de ronchonnerie ou de grande fatigue (bon ça perso ça ne s’est produit que la première fois, l’effet de surprise sans doute 😉).
Ces rendez-vous mensuels sont rassurants malgré tout, surtout si on a trouvé le bon praticien avec qui on peut échanger, discuter des différentes options, notamment en matière de diversification. C’est justement le moment où on peut parler des pleurs qu’on ne comprend pas toujours et qui nous angoisse par moment.
Même si un pédiatre n’est pas là pour s’occuper des parents, il peut aussi déceler des signes d’épuisement, des difficultés à mettre en place la relation avec son enfant, etc. C’est un professionnel et je pense qu’il ne faut pas hésiter à lui dire quand nous aussi on ne va pas bien ; quand la maternité est trop lourde à gérer ; quand on sent qu’on ne supporte les pleurs de son bébé. Il saura nous orienter vers les bonnes personnes. Petit aparté pour les mamans en difficulté ou en détresse : osez parler, n’ayez pas honte, parce que c’est dur de s’occuper d’un bébé. C’est dur d’être seule, de se sentir isolée pendant que le conjoint travaille. C’est dur de se sentir jugée, et dans ces cas là la dévalorisation s’installe très vite et tout s’enchaine dans un cercle vicieux. Ne restez pas seule et ne culpabilisez pas. Vous faites de votre mieux.
Je parle de la possible détresse des mères parce que c’est une conséquence possible des pleurs de bébé. Entendre des cris de nouveau né, et même d’enfant, à longueur de journée bah ça finit par taper sur le système. D’où l’intérêt de reconnaître rapidement les besoins de son petit, ça n’évite pas les dépressions post-partum qui n’ont rien à voir avec ça, mais ça peut limiter les burn out parentaux ou les syndromes du bébé secoué.
Le bébé quand il pleure c’est pour dire quelque chose, or les nouveaux nés ont un nombre restreint de revendications, leurs pleurs sont un peu plus facile à déchiffrer : la faim, la soif, la couche sale, trop chaud, trop froid, le mal de ventre (les fameuses coliques), les pleurs de décharge (cf. Article Nuits de la java…wtf ?) et les pics de croissance qui peuvent le rendre plus grognon. Pour chaque cas on va lui apporter la réponse adaptée, souvent après plusieurs tâtonnements.
Au bout de quelques semaines les douleurs dentaires font leur apparition, et là on sait aujourd’hui que ce sont les pires douleurs physiques que l’être humain va ressentir au cours de sa vie, donc on imagine bien que le pauvre petit chat qui hurle en bavant tout ce qu’il peut ce n’est pas pour tester nos limites. Là pour le coup j’ai peu de solutions. On a tout essayé pour notre petit plumeau et à part le Doliprane, rien ne le soulageait, et encore même ça en pleine crise ça ne fait plus effet au bout de 3 heures. Les anneaux dentaires et les gels de massage des gencives peuvent un peu aider sur le moment. Chez nous l’homéopathie, sous quelque forme que ce soit, n’a rien fait. A partir de là on s’arme de patience et on lui met des bandanas-bavoirs histoire qu’il ne soit pas entièrement trempé. Pour ces douleurs là il ne faut pas s’étonner si elles commencent tôt, notre fils a eu ses premières poussées dentaires vers 2 mois et demi et ses premières dents (3 d’un coup) pour ses 4 mois. Donc les pleurs liés aux dents peuvent être précoces, cela peut être une piste à explorer en cas de pleurs incompréhensibles ou nouveaux.
Dans le registre des douleurs, moins violentes celles-ci, mais les plaques d’eczéma peuvent être une piste à envisager si votre bébé présente des rougeurs récurrentes. Les peaux atopiques sont difficiles à traiter, il existe peu de bons produits efficaces, et quand on veut prendre soin au quotidien de façon naturelle de la peau de son enfant ce n’est pas évident. Les bains d’avoine sont une bonne aide, mais rien de révolutionnaire (sauf pour le cuir chevelu de notre fils) et des produits bio, mais là encore en cas de crise il n’y a pas grand chose d’efficace si ce n’est sur prescription médicale, mais avec une compo chimique pas terrible. Seulement quand ton enfant est couvert de plaque, qu’il se gratte et qu’il n’en peut plus, bah tu prends tout ce qui peut le soulager. C’est d’ailleurs vrai pour toutes les situations je pense. Les principes et les idéaux c’est très bien, j’en ai plein, mais face à la réalité d’un enfant, on s’adapte disons 😊).
En grandissant le bébé développe de nouvelles aptitudes. Il découvre son monde et de nouvelles possibilités de frustration apparaissent pour lui, notamment dans la motricité. Il n’arrive pas toujours à se mettre dans la position qu’il souhaite ou à s’en défaire. Les nouveaux visages peuvent être une source d’angoisse et de stress pour lui. A l’inverse l’angoisse de la séparation d’avec ses figures d’attachement provoque des crises de larmes incontrôlées.
Et puis on arrive doucement dans la période des premières colères. Pour ça aussi le notre n’est pas en retard, il a commencé le lendemain de son premier anniversaire. Apparemment ça survient plutôt vers 18-24 mois. Là encore il faut s’adapter parce que le voir réagir si violemment face à un refus de notre part c’est déstabilisant. On le rassure tout en lui expliquant les raisons de ce non. Résultat, il se met à dire non à tout ! À un an 🤦🏻♀️, ça promet…
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai paniqué en voyant que ses pleurs étaient inconsolables. Le nombre de fois où je me suis tournée vers mon chéri en disant « mais qu’est-ce qu’il a ? », « qu’est-ce qu’on fait ? », « tu crois que c’est ça ? ». Et encore aujourd’hui qu’il ne dort toujours pas, lorsqu’il nous fait des réveils de 3 heures en plein milieu de la nuit, les questionnements sont nombreux et une fois les besoins vitaux checkés, que reste-il comme option ? Euh…la patience. Mais à 4 heure du matin, autant dire que trouver en soi les ressources de patience et de force pour rendormir son bébé qui lutte depuis 2 heures, c’est un vrai challenge ! Une fois que toutes les pistes organiques ont été vérifiées avec le médecin, qu’on sait qu’il va bien, que tout est normal, bah on n’a pas grande solution comme j’en parle dans l’article sur les BABI.
Un bébé qui pleure c’est normal, tout le temps c’est questionnant et ça nous met nous en échec. Et personnellement l’échec j’aime pas bien ça, alors je cherche des réponses par tous les moyens. Je vois et j’entends souvent les autres parents dire, pour nous rassurer, c’est normal, c’est difficile, mais ça passe. Alors oui, et je suis la première à dire que tout finit par passer, mais quand tu es dans le dur c’est à la fois rassurant et à la fois frustrant, parce que sur le coup c’est pas ça que tu veux entendre. Toi ce que tu veux c’est une solution, là, maintenant ! Malheureusement il n’en existe aucune de miraculeuse, sinon ça se saurait depuis le temps 😉. Le portage pour les tout petits est une piste, la suce ou le doudou pour d’autre. A chacun de trouver ce qui aide et soulage un peu son bébé. Mais le maternage, c’est-à-dire l’amour, la tendresse, les bisous, les câlins, le portage proximal, le cododo, les massages, la voix de la figure d’attachement, sera toujours une bonne chose. Prendre soin de son bébé, ne pas le laisser pleurer sciemment. Ne pas répondre à ses appels sous prétexte qu’il doit apprendre à se débrouiller seul à 4 mois ou 9 ou même 36, c’est une aberration totale, un non sens absolu, une erreur que les générations précédentes ont commises, en pensant bien faire je le sais, mais qu’on se doit de réparer pour la sécurité affective et le bon développement cognitif des générations en devenir.