Péri or not péri ?

Etre informée pour avoir le choix et ne pas subir son accouchement


Il y a plusieurs mois j’ai rédigé un article qui raconte mon accouchement et qui explique pourquoi j’avais fait le choix de ne pas prendre la péridurale (cf. L'accouchement, le choix physiologique).

Aujourd’hui je ne vais pas revenir là-dessus, mais je voudrai parler de la vision qu’ont les gens de l’accouchement en générale et de la douleur qu’il suscite.

 

 

Je voudrai avant tout dire que je ne parle que pour moi, que mon expérience n’est pas celle des autres femmes, que pour moi ça s’est passé ainsi mais chaque femme, chaque grossesse est unique donc il faut avant tout faire ce qui est bon pour soi et non suivre le conseil de sa soeur, d’une amie ou d’une youtubeuse qu’on aime bien. Faites ce qui vous va à vous, ce avec quoi vous êtes en accord et non ce qu’on vous impose ou ce qui est à la « mode », si tant est qu’on puisse parler de mode dans ce domaine là 😉.

 

 

Les rares fois où j’ai parlé de mon accouchement à des gens, qu’ils me soient proches ou non, j’ai eu la même réaction : « tu as accouché sans péridurale ? Ah ouais quand même ! Bravo, respect, je t’admire parce que moi j’aurais pas pu faire sans ».

Ce genre de remarques, valorisantes au demeurant, me met très mal à l’aise (les compliments de manière générale me mettent très mal à l’aise). Je ne sais pas quoi répondre à cela, si ce n’est tenter de minimiser la prouesse à la yeux. Oui je me dévalorise un peu, mais pas pour me rabaisser moi, plutôt pour ne pas qu’elles elles se sentent inférieures.

Je ne veux pas qu’il se crée un fossé entre les femmes qui accouchent sans péri et celles qui la prennent. On a bien assez de bâtons dans les roues comme ça en tant que femme et mère, ne nous en créons pas nous-même !

 

 

Faire le choix de prendre ou non la péridurale doit rester un choix, éclairé et assumé pour être bien vécu ; ce qui est difficile dans notre pays où la péridurale est presque imposée d’office tant la médicalisation de l’accouchement est généralisée.

Je milite non pas pour que toutes les femmes accouchent comme moi, pas du tout, je milite en revanche pour qu’elles aient le choix. Or pour pouvoir choisir, encore faut-il être informée, qu’on nous présente toutes les options possibles et qu’on nous explique les bénéfices et les risques de chacune d’elles. Puis qu’on nous accompagne réellement dans ce choix, qu’on nous donne des techniques et des tips. Mais c’est là que le bas blesse chez nous.

On nous a tellement vendu la péridurale comme une avancée médicale extraordinaire pour les femmes (pour une fois !), à l’instar de la pilule (sauf qu’aujourd’hui on en voit les limites et les effets plus que néfastes, mais ceci est un autre débat…) que plus personne n’ose remettre en cause la parole médicale. Et quand tu le fais, tu passes pour l’originale de service. « Ah bon tu ne veux pas de péridurale, mais pourquoi ? ».

Je me souviens que je ne voulais tellement pas entendre de remarque à ce sujet que je n’en avais pas parlé à mon gynécologue qui me suivait pour ma grossesse. Peur du jugement, peur de son avis, peur qu’il me fasse la leçon comme une gamine qui ne sait rien. Sauf que je suis un capricorne pur et dur, donc peut importe ce qu’on peut me dire, quand je décide un truc, personne ne peut me faire changer d’avis. Oui je suis têtue et j’en suis assez fière 😁.

Partant de là, pourquoi m’infliger des commentaires désobligeants dont je n’avais cure et qui n’auraient pas eu d’autre impact sur moi que de me mettre en colère ? Clairement je n’aurai pas douté de mon choix, juste de la compétence de mon médecin 😉.

 

 

Si j’ai fait ce choix c’est parce que j’ai été informée, disons plutôt que j’ai cherché l’information par moi-même. J’ai ensuite pris ma décision en mon âme et conscience, puis j’en ai informé mon conjoint afin qu’il soit de mon côté le jour J pour me soutenir au mieux.

 

Très clairement, s’il m’avait dit qu’il ne le sentait pas, qu'il pensait que c’était mieux de la prendre, je l’aurais cordialement envoyé se faire *****. Ma devise est : « pas d’utérus, pas d’avis ! »

Tant mieux pour, moi il était pleinement d’accord avec mon choix, ça l’arrangeait même vu tout ce qu’il avait appris sur le sujet (par lui même et non sous ma contrainte 😉).

 

On a encore trop de cliché sur l’accouchement, trop d’image qui montrent une douleur atroce, qui montrent des techniques totalement obsolètes, voire fantasmes. Faire le petit chien c’est plus du tout d’actualité, si tant est que ça l’ai été un jour !

 

Un accouchement je le définis comme une rencontre, entre soi et son bébé bien sûr, mais aussi entre soi et son corps. C’est le moment où se découvre une toute nouvelle force, une puissance inouïe, peu importe qu’on soit anesthésié ou non. On a la capacité d’ouvrir notre corps pour laisser sortir la vie de nous. Notre corps s’ouvre littéralement et pour cela on est toutes des Warriors.

Alors oui quand on me dit que je suis courageuse parce que j’ai accouché sans péri, je mésestime cet exploit, parce que pour moi on est toute courageuses. Je me justifie en disant que j’ai eu de la chance parce que le travail n’a pas été long ni douloureux. Mais la vérité c’est que je suis une badasse au même titre que toutes les femmes du monde et de l’histoire de l’humanité qui ont enfanté, peu importe comment.

 

Ne vous sous-estimez pas parce que vous avez pris la péridurale, ne vous sous-estimez pas parce que avez « craqué » et avez supplié l’anesthésiste de vous administrer une dose de cheval !

On fait toute ce qu’on peut avec les moyens qu’on a.

Non, prendre la péridurale ne veut pas dire que vous êtes incapable de le faire ou de supporter la douleur, cela veut juste dire que vous n’avez pas eu le bon accompagnement, la bonne information ou tout simplement qu’à ce moment là vous n’en aviez pas envie.

 

 

Ce qui a tendance à m’énerver c’est la vision que les gens ont de la douleur, et donc nous disent : « mais pourquoi s’en passer quand tu peux vivre la même chose sans souffrir ? »

A cela je répond qu’avec ou sans ce n’est tout de même pas exactement la même chose en terme de sensation, de force et de temps de travail. Et surtout personnellement, et pour avoir lu beaucoup d’autres témoignages sur le sujet, je n’ai ressenti quasiment aucune douleur. Mon travail a été tellement efficace que les contractions/vagues m’ont surtout bercée au point de m’endormir. Cela se produit quand le corps est tellement détendu et en harmonie qu’il sécrète des endorphines et donc m’anesthésie naturellement.

 

Quand on le laisse faire et qu’on lui fait confiance, le corps fait son job. Il sait faire pour limiter au maximum la souffrance. Et quand tu sais à quoi servent les contractions tu ne vois plus l’accouchement de la même façon.

C’est un travail à 2, avec son bébé qui va aboutir à la plus incroyable des rencontres. La contraction est ce qui accompagne cette rencontre, elle est là non pour te faire souffrir mais pour aider ton corps à faire sortir ton bébé. Les contractions ne sont pas une punition divine mais une aide physiologique et naturelle dans le processus de la naissance. Tu enfanteras dans la douleur n’est pas une obligation, on peut donner la vie sans avoir mal et ce, même sans péridurale.

Cela choque parce qu’aujourd’hui on est habitué à cette vision médicale et douloureuse de la naissance, sauf que c’est bidon ! Ce n’est qu’une version, et encore, assez déformée, de la réalité.

 

 

A toutes celles qui vont accoucher : faites ce qui est juste pour vous. Tentez de ne rien vous laisser imposer sous prétexte qu’ils savent mieux que vous parce qu’ils ont fait de longues études. Bah non en fait, personne ne saura jamais mieux que nous ce qu’on ressent, ce qui est bon pour nous.

Restez connectées à votre corps, et renseignez-vous. J’ai envie de dire que souffrir en accouchant ce n’est pas normal. Il y a des techniques pour vous soulager, qu’elles soient chimiques ou naturelles, mentales ou médicales. Posez des questions au corps médical, faites-leur confiance bien sûr mais surtout, surtout, faites VOUS confiance !