Je suis du genre à pas mal encaisser, à aller au bout de mes limites, voire au delà, avant de tirer la sonnette d’alarme ou d’exprimer mon ras le bol. A la base je ne pensais pas écrire cet article, et puis j’ai écouté le dernier épisode du podcast de la Matrescence, et ça m’a libérée d’un poids de savoir que je n’étais pas seule dans cette galère ; que je n’étais pas la méchante épouse qui fait des reproches injustifiés à son mec.
Il se trouve que ce week end restera comme celui où j’ai explosé, j’ai pété un plomb après mon conjoint pour la première fois de notre relation.
Il faut dire qu’il y avait de quoi ! Cela fait plusieurs jours que je suis malade, mais bien malade, au point de devoir rester alitée les 3/4 de mes journées, le dernier quart étant l’accomplissement de toutes les tâches non déplaçables dans mon agenda, par exemple des entretiens d’embauche.
Je me suis donc rendue à 2 entretiens en étant malade comme un chien, mais en devant faire genre que tout va bien, que mon cerveau suit ce qu’on lui dit et que mon corps n’a pas envie de se rouler en boule dans un coin pour qu’on l’oublie. J’ai assuré, en tout cas j’ai fait semblant, on verra bien ce que ça donne.
En plus de cet état de santé précaire, j’ai assuré l’intendance de la maison, j’ai géré des rendez-vous médicaux, j’ai assuré mes obligations bénévoles comme à l’accoutumée et j’ai évité le plus possible de perturber la routine du coucher de notre fils (quand tout ce que je voulais c’était de me coucher moi-même à 19h30 !).
Je pense avoir tout donné, du coup je le paye assez cher vu que je n’ai pas réellement pris le temps de me reposer et de récupérer. Résultat mon état n’est pas mieux, cela fait 4 jours que traine ça et mon emploi du temps ne me permet pas de prendre ce temps nécessaire pour me reposer totalement.
Toutes les personnes qui ont pris des nouvelles de moi, n’avaient que ce mot « repos total », la blague !!!
Bien sûr que leur conseil est bon, mais encore faut-il pouvoir se reposer. J’ai un bébé de 24 mois qui déteste dormir et qui à la moindre tension ou contrariété de ma part, se colle à moi et me sur sollicite, quand je ne rêve que de l’inverse 🤦♀️.
Quid du papa ? Pourquoi suis-je dans cet état à l’issu du week end alors qu’il était dispo pour gérer la maison, son fils, les courses…
Je me suis rendue compte durant ce week end que nos tâches n’étaient pas du tout réparties équitablement. Que je gérais TOUT et que lui avait souvent le fun et les tâches subsidiaires et occasionnelles.
C’est facile de se laisser piéger dans ce schéma de couple et de vie de famille. Je suis à la maison actuellement pour des raisons de chômage et du coup je surcompense mon inutilité envers la société par un surinvestissement dans la sphère domestique. J’ai déjà écrit un article sur ce sujet (cf. La culpabilité maternelle)
Mais surtout je n’arrive pas à me défaire de cette vision qui veut que la mère doit être une wonder Woman. Elle doit savoir tout gérer chez elle, si jamais il manque le lait du petit, mais qu’est-ce que t’as foutu, tu n’avais que ça à penser, t’es toute la journée à la maison/tu ne travaille pas ?
Perso je ne l’ai pas entendu cette phrase, sinon il aurait été bien reçu, je vous le dis !
Par contre ce que j’ai entendu et vécu ce week end, c’est un abandon de poste pur et simple.
J’étais très mal, fiévreuse, faible, nauséeuse, et mon mec avait une sortie de prévue le samedi midi avec des amis.
Jusqu’au dernier moment il s’est posé la question de savoir s’il devait y aller et me laisser dans cet état avec notre fils. Cela m’a tellement énervée, en plus il a eu le culot de me faire culpabiliser en me disant que cela faisait un mois qu’il ne les avait pas vu. Moi, refusant de passer pour la chieuse de service, celle qui empêche son mari de voir ses potes, la mégère qui régente la vie de tous, j’ai dit vas-y je gère ! Mais je l’ai dit très violemment, en lui donnant plutôt l’ordre de partir sinon ça n’allait pas le faire.
J’étais très en colère, ça m’arrive extrêmement rarement. Mais là j’ai vu rouge parce que le mec a le culot de me sortir ça comme excuse alors que je crache littéralement mes poumons toutes les 5 minutes, que mon cerveau joue au rouleau compresseur dans ma tête et que mon fils refuse de faire sa sieste ! Moi qui n’ai pas vu mes amies durant 1 an et demi à cause de la crise sanitaire !
Je reconnais, j’ai tenu des propos durs et blessants, mais moi je me suis sentie abandonnée en fait. J’avais réellement besoin de lui, qu’il gère tout, pour UNE fois, et lui préfère voir ses amis. Alors je comprends, moi aussi j’aurais préféré voir mes amis plutôt que de rester à m’occuper de mon fils grognon, de ma femme malade et de toute l’intendance de la maison. Le pire c’est que je ne lui en demandais pas tant, juste de prendre notre fils avec lui, le temps qu’il était chez ses amis.
Je m’en veux beaucoup d’avoir laissé la situation dégénérer jusqu’à ce point. Le pire c’est que je lui dis depuis des mois que notre couple est déséquilibré en terme de charge mentale.
A ce moment j’ai eu envie de partir, de fuir sans me retourner. Seule.
Mon fils n’y est pour rien, par contre notre parentalité est à revoir.
Pendant longtemps je devais lui rappeler de donner la vitamine D, parce que plusieurs matins il ne l’avait pas eu, donc oui c’est relou de devoir penser à demander à son conjoint de bien s’occuper de notre enfant commun. Je ne devrais pas avoir à le faire en fait. Ça se rajoute à une to do liste déjà bien trop longue.
Selon moi il n’est pas là pour m’aider, mais pour être co-parent, à égalité avec moi, pour faire sa part autant que moi. On vit dans ce foyer à 2, on a fait ce bébé à 2, on l’élève à 2 !
Oui c’est pénible de devoir annuler un barbecue avec des potes à la dernière minute (la aussi y’a débat, parce que si ça avait été moi, la décision aurait été prise tôt le matin, c’était plié et je n’aurai pas fait porter cette responsabilité sur mon mari), mais crois moi c’est encore plus pénible de constater que son cerveau est aux abonnés absents et que son corps n’a plus la moindre faculté motrice ! Oui on en été là tout de même, avec un enfant de 2 ans je le rappelle, qui n’avait pas fait de sieste et qui est en plein terrible two (ça aussi on en reparlera 😉).
Résultat au retour de mon mari, l’état de la maison était assez indescriptible, le bébé allait bien et était en un seul morceau, j’avais assuré le minimum syndical, le reste c’était pour lui.
Bien sûr que je m’en voulais d’avoir laissé la situation m’échapper, je n’avais pas assuré comme une wonder maman devrait le faire, mais fuck en fait !!! J’étais littéralement au bout du rouleau physique et émotionnel, j’avais besoin d’aide et la seule personne qui aurait du me l’apporter d’office sans émettre la moindre hésitation c’était bien mon mari (pour le meilleur et pour le pire, dans la santé comme dans la maladie il parait 🤔).
Attention dans cette histoire j’ai mes torts aussi, j’ai tenu des propos vraiment durs, mais ils étaient à la hauteur de mon mal être à ce moment, de mon ras le bol total et de l’injustice que je vivais.
Lui aussi m’a trouvé injuste et nous avons pu en reparler calmement le soir. Je lui ai dit tout ça, je lui ai expliqué ma réalité, mon ressenti, ma détresse.
Heureusement il est presque parfait, il a donc compris et entendu ce que je disais, mais c’est vrai que notre fatigue de parent est telle que la moindre étincelle fait tout partir en live.
C’est pas facile pour moi de ne plus culpabiliser de devoir me reposer et le laisser gérer seul. Lui aussi est très fatigué. Je me dis qu’il travaille dur toute la semaine, il se lève tôt tous les matins parce que notre fils a décidé qu’il se levait en même temps que le jour, en ce moment on est sur du 5h45/6h30. Moi je n’y arrive plus, j’ai tenu 20 mois, mais depuis je craque physiquement, mon corps ne tient plus un tel rythme, si en plus dans la journée il ne dort pas j’ai besoin de soutien, de répit tout simplement.
Et ça dans notre société on ne veut pas l’entendre ce cri des mères, ce besoin, primaire pour ma part, de souffler ne serait-ce qu’une heure par jour ou un jour dans la semaine. Non, tu es la mère donc tu doit pouvoir assurer tout le temps, sur tous les fronts et en tout lieux.
C’est lourd, c’est usant et avec le temps la relation qu’on entretien avec son enfant en pâtit.
Je rêve d’une charge mentale légère, de me dire que si moi j’assure pas c’est pas grave, mon mec est là, il SAIT aussi. J’aimerai avoir le droit de ne pas tout savoir ou tout prévoir ou tout gérer. J’ai le droit moi aussi d’être le papa un peu con des films comiques/bidons qui présentent la paternité de façon maladroite, catastrophique par moment, mais c’est pas grave on lui pardonne parce que ce n’est qu’un homme, ce n’est pas naturel pour lui, ce n’est pas une femme.
Guess what ? Ce n’est pas naturel pour moi non plus !!!
Je crois que c’est ce dont je rêve le plus en ce moment, de légèreté…