Mon corps, ce héros !

Le corps en post-partum, la réalité sans filtre Instagram

Publié il y a 3 ans

On ne va pas se mentir, une grossesse, un accouchement et un allaitement, clairement notre corps prend cher !

On n’en ressort pas indemne, même si on peut retrouver sa ligne, son maintien abdominal et périnéal, mais rien n’est plus comme avant. Il faut y être préparée ; il faut le savoir, ça aide à mieux l’accepter le moment venu.

 

On ne sera plus jamais la même femme, déjà parce que devenir mère (j’en ai assez parlé dans mes articles dédiés, cf. Dossier devenir mère) ça nous change totalement et irrémédiablement, mais aussi parce que notre corps en gardera toujours la trace, qu’elle soit visible ou non (coucou la rééducation essentielle du périnée qui ne sert pas que pour le vagin, mais bien pour retenir tous nos organes !).

 

 

On sait que notre corps va se modifier avec la grossesse, ça c’est bon c’est acquis. Mais l’après alors ?

On sait aussi qu’on ne va pas forcément remettre ses jeans d’avant grossesse en sortant de la mater (sauf si vous êtes foutus comme ma mère, mais là clairement ça a sauté une génération chez moi 😩). Mais que porte-t-on dans ce cas ?

 

Alors très naïvement (comme tout dans cette grossesse) je n’y avais pas du tout pensé avant de me retrouver moi-même confrontée à la question. Et la réponse est : tes fringues de grossesse pardi ! Tu sais, ceux que tu ne peux plus voir en peinture tellement tu les as porté.

Certes aujourd’hui ces vêtements sont plus sympas, il y a de vrais marques dédiées, mais quand ça fait 6 mois que tu ne portes plus que des pantalons à élastique ventral, ou des robes sans forme tellement ton ventre les a déformées, tu veux passer à autre chose. Et innocemment tu penses qu’une fois le bébé sorti de ton ventre tu vas pouvoir passer à autre chose, remettre d’autres vêtements, mais pas forcément refaire ta garde robe en 42 parce que tout le reste est trop serré 🤦‍♀️.

 

C’est donc ainsi que je suis sortie de la maternité, avec la même robe qu’en y arrivant 3 jours plus tôt. Parce que oui, en quittant la maternité, j’avais toujours un bon ventre de femme enceinte de 5 mois je dirai.

Mais c’est désagréable parce que ton ventre est tout vide, ta peau est toute relâchée, tu sens tes abdo…euh non, en fait tu ne sens plus tes abdos car tes années d’effort de gainage ont été réduit à néant ces 9 derniers mois 😱.

 

 

Ton corps de manière général est à l’opposé du glamour et du confortable. Ça tiraille de partout, avec ou sans épisio/déchirure/césarienne ; ça dégouline de partout : utérus avec le sang (lochie), seins avec le lait, yeux avec les larmes, TOUT y passe ! Tu ruisselles sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Ton corps est un champ de ruine ! C’était mon ressenti.

 

Dans un premier temps il va falloir se le réapproprier ce corps.

Et on se rend compte à ce moment à quel point on ne sait rien de notre anatomie.

On entend parler de périnée depuis la grossesse ; on doit le masser, le muscler (pas trop sinon comme moi vous aurez un périnée trop tonique qui empêchera bébé de sortir 🤦‍♀️), le rééduquer, mais où est-il et à quoi ressemble-t-il exactement ?

 

Ma grossesse, et surtout mon post-partum, m’ont fait prendre conscience de tout ce que je ne savais pas sur mon corps. Et là j’ai pris une claque !

 

Je me croyais informée, éduquée sur ce sujet. Je pensais être suffisamment féministe pour être à l’aise avec mon corps, ma sexualité, mon rapport à mon plaisir personnel…Est-ce que le féminisme est lié au fond, je ne sais pas, mais en tout cas, je pensais être un peu plus au faîte de tout ceci.

Il s’est avéré que non. J’étais très ignorante en vérité.

Là j’ai compris que mon féminisme et ma féminité n’étaient pas en harmonie. Ce que je prenais pour l’un était en réalité le second.

 

De ce constat est née l’envie d’informer, de partager, d’échanger. Je souhaite que les jeunes filles sachent tout ça, qu’elles sachent à quoi ressemble un clitoris, un vagin, un périnée…qu’elles sachent en prendre soin, en parler sans tabou, sans honte, sans peur du jugement.

Mon combat à moi sera de libérer la parole et la connaissance sur le sujet auprès de toutes les personnes se reconnaissant comme des femmes. Mais il sera bon aussi d’éduquer les garçons à ces questions là, à commencer par mon fils.

Vaste programme, un brin militant 😁, mais selon moi, seul le savoir pourra libérer les femmes de toutes les injonctions et autres pressions sociales.

 

 

Parenthèse militante refermée, revenons au corps post-partum et à sa (re)découverte.

 

Le reflet dans le miroir peut faire mal, d’autant que si on allaite, on garde un volume mammaire assez conséquent durant de longs mois.

 

L’image est importante, je ne vais pas prétendre le contraire. Qui ne veut pas paraître sous son meilleur jour ? Qui ne veut pas se sentir jolie et bien dans son corps ? Or en post-partum ce sont des notions aux antipodes de nos préoccupations premières pourtant très présente en terme de pression sociale et d’injonction.

Et ce qui fait qu’on finit par se mettre la pression, on finit par ne plus voir que ce fichu ventre qui ne veut pas dégonfler, ces vergetures qui zèbrent nos cuisses et/ou nos seins, et ce visage bouffi de fatigue.

 

Après avoir préparé son corps à vivre l’expérience la plus intense, la plus puissante et la plus importante de sa vie, on se retrouve 6 semaines plus tard avec une estime de soi à -8000.

Le reflet dans le miroir compte, quoi qu’on en dise et quoi qu’on veuille. Il compte parce que c’est dur de s’en détacher, c’est dur d’accepter son nouveau corps, c’est dur d’avoir encore tout le travail à faire, tout le chemin à remonter alors qu’on avait fini par apprécier ce qu’on était (avant la grossesse).

 

 

Et puis ce corps post-partum n’est pas non plus la version définitive, c’est encore un corps en transition. On sait que ça ne va pas rester comme ça, mais c’est plus ou moins long.

Et on a le droit de ne pas aimer ce corps, on le droit de vouloir le modifier, de vouloir qu’il retrouve sa fermeté et son galbe d’autant 😉.

 

Oui notre corps a porté et donné la vie, il est incroyable et beau pour cela, mais on a le droit de ne pas voir les choses ainsi. On a le droit de ne pas se sentir toute puissante en se regardant dans la glace.

 

Souvent je me sentais moche, grosse, sans connexion avec ce corps vide. Je voulais reprendre possession de lui, me retrouver avec moi-même, mais c’était bien plus complexe que ce que je croyais. Il y avait l'allaitement, cette espèce de don de soi physique et mental où tu es totalement dédié à ton bébé. Il y avait le manque de temps pour soi, ne serait-ce que pour se laver. Il y avait comme une négation totale de mon corps, de ce qu'il avait vécu et de ce qu'il vivait à ce moment là, parce que la priorité c'était mon tout petit, ses besoins à lui.

Les hormones et les transformations physiologiques profondes prennent du temps à se réguler, à s’apprivoiser. J’ai du composer avec durant plusieurs mois. Je ne voulais même pas que mon mec me touche, tant je me sentais repoussante, je ne voyais pas ce qu’il pouvait trouver de beau et de désirable chez moi.

 

Ça a pris du temps, mais j’ai fini par trouver la paix. Grâce au sport, qui me permettait d’évacuer mon stress, pas forcément mes kilos. Grâce à la fatigue. Oui, quand ton cerveau en arrive à ce point d’épuisement il fait un choix dans les priorités, et mon corps n’était plus une priorité. Cette lutte interne devenait trop fatigante, j’ai donc lâché le combat, inconsciemment. Et bizarrement c’est à ce moment que je me suis acceptée.

J’avais toujours mes kilos de grossesse, je ne rentrais toujours pas dans mes vêtements d’avant, même à 6 mois de post-partum, mais je m’en fichais. C’était une réconciliation plus profonde avec mon corps qui était en train de s’opérer, et j’avais besoin de temps pour ça.

 

 

Le regard que l’on a sur soi est important, mais il y a aussi le regard des autres qui nous met une pression supplémentaire.

 

J’ai pu constater que passer un certain délai, la société se permettait de juger « acceptable » ou non ton corps post-partum.

 

Chez moi ça s’est traduit par des remarques, plutôt positives, lorsque j’ai commencé à remettre mes vêtements d’avant grossesse et que mon corps s’est affiné. On me disait que j’avais perdu du poids, mais c’était toujours accompagné de la question : « ça fait combien de temps déjà que tu as eu ton bébé ? 12 mois ? ah oui, donc c’est bien ! » Le c’est bien ne me plait pas du tout, sous entendu c’est normal quand même qu’au bout d’un an tu retrouves enfin une taille acceptable. Acceptable pour qui d’ailleurs ? La seule personne qui doit accepter ce corps c’est moi ! Le regard et l’avis des autres je m’en moque, du moins j’essaie 😊.