Voilà un sujet déjà longuement traité par d’autre, de nombreuses femmes témoignent souvent de leur tiraillement entre vie pro/vie perso. Il fallait bien qu’un jour j’apporte ma pierre à l’édifice de cet immense questionnement.
Il parait que tout est une question d’équilibre et qu’on ne peut pas séparer les deux. J’irai plus loin, je dirai qu’une mère est meilleure professionnelle qu’avant. Je ne dis pas qu’une mère est meilleure professionnelle qu’une femme qui n’a pas d’enfant, je dis juste qu’elle est une meilleure version d’elle même, elle est montée en compétence, terme à la mode dans le monde du travail 😉.
Les connaissances acquises en devenant maman ne sont pas seulement d’ordre technique, certes on sait changer une couche plus vite que notre ombre et faire une pipette en mode clé de bras, mais surtout on en apprend tellement sur nous même.
C’est en cela que nos compétences montent en grade, nos savoirs être se sont décuplés et c’est là-dessus qu’il faut s’appuyer lorsqu’on recherche un travail post bébé.
La recherche d’un emploi c’est tout une aventure, j’en ai déjà parlé dans un précédent article (cf. Recherche d'emploi et maternité) je n’y reviendrai donc pas, en revanche que se passe-t-il une fois que maman retourne travailler ?
Personnellement j’avais hâte parce que la vie de mère au foyer ce n’est pas DU TOUT fait pour moi ! Mais en pensant ça, je culpabilisais un peu, je me disais que ce n’était pas normal de vouloir autant travailler, donc être séparée de son enfant. J’entendais tellement de femmes dire à quel point c’était douloureux pour elles de laisser leur bébé à la crèche ou à une nounou, que je me disais que je ne devais pas aimer autant que ça mon bébé, puisque je me suis sentie presque soulagée lorsqu’il a commencé son adaptation en crèche.
J’ai surtout compris à ce moment là à quel point le travail était essentiel à ma vie, à quel point mon équilibre mental en dépendait.
J’aimerais dire que l’année et demi que j’ai passé sans emploi m’a plu, qu’elle m’a permis de profiter à fond de mon bébé, d’être présente pour lui et de répondre à tous ses besoins dans ces mois si cruciaux, mais en fait je peux pas.
Je lui ai donné tout ce que je pouvais, je sais que je devrais être reconnaissante (envers qui, je ne sais pas 🤷♀️) d’avoir eu la chance de profiter de lui pendant que je développais mon projet professionnel ; ma raison en a pleinement conscience, mais malgré tout non. Je n’ai pas été heureuse durant ces mois de mère au foyer. Tout simplement parce que ce n’est pas moi.
Je me suis oubliée au profit de mon enfant, croyant faussement qu’une bonne mère c’est une mère présente physiquement H24 ou presque. J’ai vite réalisé que non, pas dans mon cas en tout cas, pas comme ça, pas à ce moment de ma vie (et sans doute jamais). La seule façon pour moi d'être une bonne mère, c'est d'avoir un travail, de sortir de chez moi, d'avoir une ambition professionnelle. J'aime les défis, les challenges, je n'aime pas stagner. Je suis ambitieuse et ne m'en suis jamais cachée, je le revendique fièrement.
J’aime travailler, j’ai besoin de travailler et j’ai besoin de cette énergie pour aller bien mentalement et m’épanouir en tant que femme.
Je ne regrette cependant pas ma décision. Je sais qu’un jour avec le recul, je me dirai que j’ai bien fait, que ça passe trop vite l’enfance, et que j’ai été là pour le soutenir et le guider dans ces 2 premières années si fondatrices.
Si je n’ai pas été heureuse, je n’ai pas non plus été malheureuse. Je n’étais juste pas totalement à ma place, il me manquait quelque chose, un élément fondamental pour mon équilibre à moi, le TRAVAIL.
Là où pour d’autre c’est le déchirement chaque matin de laisser son petit, pour moi c’est la perspective d’une autre aventure, de pouvoir être utile, d’accomplir une tâche qui apporte une contribution à la société. Non pas qu’élever un enfant ne soit pas utile ou que ce n’est pas une contribution. Au contraire, c’est sûrement la tâche la plus utile du monde, parce qu’on façonne les adultes de demain, qui composeront la société de demain et donc les mentalités qui vont avec. A mon sens il n’y a rien de plus important que l’éducation pour faire évoluer une société et la rendre meilleure, donc bien sûr qu’être mère au foyer, et parent de manière générale, c’est utile à la société. Mais encore une fois, chacun sa façon de contribuer, pour moi cela passe par un emploi en dehors de la maison, sans mon fils.
On aura compris que dans ces circonstances, la reprise du travail n’a pas du tout été mal vécue pour moi 😁. Je l’appréhendais pour des raisons de confiance en moi, est-ce que je vais encore savoir faire, est-ce que je vais bien m’intégrer à cette nouvelle équipe, est-ce que j’ai encore la capacité de me réadapter et d’apprendre un nouveau métier ? Mais à aucun moment je ne me suis demandée si j’allais supporter la séparation, si j’allais bien la vivre ou si j’allais culpabiliser. Peut-être aussi que c’est parce que mon fils a 2 ans et non 10 semaines. Je ne sais pas si j’aurais tenu le même discours à la fin de mon congé mat.
En tout les cas j’avais hâte et j’étais contente de reprendre un travail et un rythme « professionnel ».
Il n’empêche qu’il faut un temps d’adaptation, pour moi et ma famille.
Là où avant je gérais tout pour des raisons de disponibilité, aujourd’hui la répartition des tâches domestiques et ménagères doit se revoir. Tout doit se repenser, s’anticiper autrement, prioriser des choses et admettre qu’on ne pourra pas tout faire. Tant pis si la maison reste une semaine sans être nettoyée, tant pis si le linge à repasser s’entasse. J’ai lâché prise là dessus sans aucune problème bizarrement 😉.
Même si je ne ressens pas de culpabilité à l’idée de ne pas m’occuper tout le temps de mon fils, de le laisser à d’autres la journée, je ressens tout de même une certaine tristesse, celle de ne pas lui consacrer assez de temps. Je ne m’en veux pas, je suis juste triste de moins le voir, de ne pas être celle qui le récupère le soir à la crèche, de rentrer tard et d’être fatiguée et donc d’être irritable facilement.
Parfois je me dis que le jeu n’en vaut pas la chandelle, tout ce temps consacré à ce travail qui ne présente aucun avantage (clairement je perds presque de l’argent à aller travailler), je pourrais le dédier à mon fils, à son bien être à lui…mais non en fait. J’ai besoin de ce travail pour vivre, dans tous les sens du terme, parce que je vois à quel point je me sens mieux depuis que j’ai repris une activité professionnelle. Alors oui ce n’est pas le job idéal, ce n’est pas vraiment lucratif, mais finalement ce n’est pas toujours le plus important, pas pour moi, et pourtant financièrement j’aurais bien besoin d’un travail qui paye bien !
En attendant de trouver mieux, je suis bien contente de me remettre dans le bain avec cet emploi.
Je comprends à quel point ça m’est vital pour mon équilibre. Au final, je ne cherche pas un équilibre vie pro/vie perso, puisque le travail est mon équilibre à moi.
Toutefois, si moi je vis plutôt bien cette nouvelle organisation, il y en a un qui n’est pas du tout de cet avis, le plumeau !
Autant dire que la reprise de la crèche, couplé à mon absence ou disons à ma faible présence le soir, il nous le fait chèrement payer, à sa façon, c’est-à-dire qu’il régresse au niveau du sommeil. On avait fait de tels progrès, il dormait presque toutes les nuits sans réveil, il faisait des siestes à peu près correctes, il s’endormait en 3 secondes. Et puis la crèche a fermé pour les vacances et là ce fut le drame !!!! Depuis il ne veut plus s’endormir, il ne veut plus nous lâcher surtout, il veut dormir coller à moi.
Le retour à la crèche aide un peu à retrouver un semblant de routine et de stabilité, mais clairement les nuits sont chaotiques, quand en plus on commence un nouveau taf, dans un domaine qu’on ne connait pas, où on attend des résultats probants de vous, c’est vraiment pas facile. On gère comme on peut, mais je ne culpabilise pas pour autant. J’explique à mon fils que c’est ainsi, qu’il n’a pas choisi cette situation, que ce n’est pas juste pour lui et donc que je comprends sa frustration et son manque, mais que moi j’ai besoin de ce travail pour être bien, que j’aime ça et que ça ne changera pas.
Il a compris et accepte mieux, en tout cas s’endort mieux depuis cette explication, mais les réveils nocturnes sont systématiques et pas la force de lutter pour le rendormir dans son lit. C’est peut-être notre tort, mais sinon on ne tient pas debout le lendemain.
Cette reprise de vie professionnelle n’est pas toujours évidente, mais elle me fait clairement du bien, malgré la fatigue, malgré le manque de mon fils, malgré le manque de temps pour moi, je vois à quel point la vie sociale est importante. L'être humain est un être social, qui a besoin des autres, je ne m'en rendais pas compte avant cette pause professionnelle.