Même si je suis totalement pro diversification autonome, il y a quand même des choses qui me dérangent quand je lis les commentaires des gens sur les réseaux sociaux.
Je suis en effet différents groupes sur la parentalité, et celui sur la DME n’est pas exempt de jugements ou d’injonctions.
Je ne suis pas très à l’aise avec la notion d’autorisation ou d’interdit en DME.
Sinon quoi ? La police de la DME va dépêcher une brigade spéciale qui va venir chez moi me coller une amende pour non respect du code de diversification alimentaire ?
En soi on fait bien ce qu’on veut. Si on ne veut pas suivre le protocole à la lettre c’est bien nous que ça regarde et personne d’autre.
A mon sens il ne faut pas se dire « c’est autorisé » ou « ce n’est pas autorisé » sinon on se met une pression supplémentaire totalement inutile. C’est pas comme si on n’en avait pas déjà des quantités astronomiques à gérer au quotidien 😉.
Je me suis longtemps mis la pression avec ça, mais j’ai fini par comprendre que c’était contre productif. Bien sûr en DME il y a des règles de sécurité essentielles qu’il faut suivre (voir mon précédent article sur le sujet) mais pour les autres, c’est à chaque parent de prendre ce qui lui convient et de faire « à sa sauce » je dirai.
Je pense qu’il vaut mieux voir les prescriptions comme des conseils, des recommandations dans l’intérêt du développement psychomoteur de l’enfant et non des interdits drastiques qu’il ne faudrait pas enfreindre sous peine de sanction.
En fait la DME c’est du bon sens tout simplement, et si on voit que son bébé galère à prendre en main un aliment, qu’il n’arrive pas encore à bien pincer les petits morceaux ou qu’il n’a pas encore le réflexe de pousser avec son autre main, on peut l’aider ou le regarder s’énerver et tout envoyer voler à travers la pièce. Personnellement je n’ai pas envie de passer mon temps à nettoyer mes meubles ni à repeindre mes murs, donc je lui donne un petit coup de pouce par moment. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y arrivera jamais seul, au contraire il a très vite compris comment faire lorsque je l’ai aidé et la fois d’après il se débrouillait seul.
Je parle uniquement de l’aider à saisir un aliment, à lui tenir parfois la cuillère ou le verre/biberon ; parce que oui je ne lui donne pas de l’eau systématiquement au verre, oui il « faudrait » (encore une injonction 😜) mais parfois la flemme en fait, parfois il faut que ce soit facile et rapide, parfois il faut limiter les dégâts donc on donne à boire au biberon et on le lui tient (bouhh, shame on me !! 😝).
Pareil pour le fait de manger en même temps que bébé.
Le rythme choisi par notre fils pour ses repas n’est pas le notre et je ne peux pas me forcer à manger si je n’ai pas faim, c’est précisément ce que la DME apprend aux enfants, alors ce n’est pas pour aller à l’encontre de ce principe pour moi 😉. Du coup on peut prendre parfois le petit déjeuner avec lui, ou l’apéro pendant qu’il mange son dîner, mais pas systématiquement de repas complet, d’autant que notre fils a son propre rythme pour manger. Au début cela ne durait pas plus de 15 minutes, puis il a progressivement doublé ce temps, mais ça reste au bon vouloir de ce petit bonhomme. Alors à toutes celles et ceux qui disent qu’il faut manger avec bébé pour qu’il apprenne, que c’est un moment convivial en famille, je dis très bien, c’est une très jolie théorie, mais dans la pratique pas toujours réalisable 🙂.
Ce n’est pas pour autant que mon fils ne sait pas manger seul, il a très vite pigé comment faire, sûrement aussi parce qu’il nous a vu manger depuis sa naissance. Il nous observe et au fil des mois il a du intégrer un bon nombre de comportements sociaux et d’informations en tout genre. Comme je le disais dans mon précédent article (cf. La Diversification Menée par l’Enfant) ,dès son premier repas il a porté les aliments à sa bouche et a très bien mâché sans que j’ai besoin de lui montrer.
Pour boire au verre et seul c’est une autre affaire, vous l’aurez compris 😉 ; ça demande un apprentissage plus long et d’avoir une piscine ou un récupérateur d’eau sous la chaise haute 😂.
Mais sinon j’ai vu sa dextérité et sa motricité fine s’améliorer très vite, au bout d’un mois il était capable de tenir en pince de touts petits morceaux, de pousser avec son autre main pour faire remonter un aliment bloqué dans sa paume. Son apprentissage se déroule très bien et si d’autres enfants savent mieux faire à son âge eh bien tant mieux pour eux, moi je ne vais pas changer ma façon de faire pour autant, ni mettre la pression à mon bébé pour qu’il rattrape un pseudo retard.
Rien n’est pas fixé dans le marbre, on s’adapte à lui ; si il est trop agité ou trop fatigué ou pas très en forme, bah il a juste un biberon et c’est très bien. Jusqu’à 1 an le lait reste la principale source d’alimentation d’un bébé, donc tant qu’il a ce qui lui faut à ce niveau là je ne m’inquiète pas pour le reste. Il grandit très bien, sa courbe est bonne donc tout va bien 😊. Passé un an, le lait reste encore très important, et si un jour il a moins d’appétit c’est ok aussi, comme pour nous. Bien sûr il faut s’assurer que ça ne dure pas, que ce n’est pas un symptôme d’une potentielle maladie.
Avec la pédiatre:
Je vais faire court à ce sujet, notre pédiatre n’est ni pour ni contre, elle demande comment ça se passe, ce qu’il mange et la quantité de lait qu’il prend encore et puis c’est tout.
Nous lui avons très vite parlé de DME, lorsqu’elle nous a elle-même parlé de diversification avant son 4e mois. J’appréhendais un peu qu’elle m’en dissuade, qu’elle critique la méthode, mais en fait pas du tout. Elle m’a expliqué en quoi consistait la DME, que c’était une méthode tout aussi valable que la diversification classique et qu’il fallait faire comme nous on le sentait.
Elle ne juge jamais nos choix et ne les remet pas non plus en question, elle est très disponible et à l’écoute, donc là-dessus je ne vais pas pouvoir dire grand chose. Elle est top 👍, mais je sais que d’autres médecins ne sont pas du tout comme ça, qu’ils ne jurent que par la diversification classique, instaurée selon un planning très précis dans lequel l’introduction de chaque aliment répond à un timing bien défini.
J’avoue que lorsque j’ai commencé la DME j’étais un peu perdue parce que justement je n’avais pas de planning. Il a fallu que je me lance en fonction de ce que j’avais sous la main et non d’un programme à suivre à la lettre. Au début c’est déstabilisant, surtout quand comme moi on aime savoir où on va, on aime que les choses soient cadrées, là clairement c’est free style tous les jours et j’ai appris à aimer ça 🙂. Quand je vois les tableaux d’introduction des aliments de certains pédiatres, enfin de certaines marques lobbyistes, je me dis que le côté psycho rigide de la chose ne m’aurait pas plu du tout. Au final je me demande si ce sont les professionnels de la petite enfance ou les industriels qui fixent les règles…
La plus grande remarque des pédiatres c’est l’introduction des allergènes.
Les recherches ont montré qu’il fallait les proposer assez tôt à bébé pour limiter les risques d’allergie, mais dans le cadre d’une DME, comme on commence plus tard, passé 6 mois, on retarde l’introduction de ces fameux allergènes.
En pratique ce n’est pas si décalé que ça, en moins de 2 mois j’avais passé tous les allergènes, excepté le chocolat et les fruits de mer, mais ça visiblement ce n’est pas avant 2 ans (enfin le notre a gouté aux moules à 13 mois et il va très bien 😉).
Quid de la diversification en collectivité ?
En fait mon fils n’est entré en crèche qu’à 13 mois, la DME était donc bien installée. Cependant lorsque j’ai évoqué sa façon de manger avec les auxiliaires, elles ne connaissaient pas. Ceci dit elles ont compris qu’il mangeait comme un grand de 2 ou 3 ans. J’avoue que je n’ai pas creusé davantage la question parce que pour moi le plus important était qu’il aille en crèche.
J’avais trop besoin de ces journées pour moi, pour le travail, donc peu m’importait comment il mangerait là bas. Jugez moi si vous voulez, je suis parfaitement ok avec cette décision.
De fait je ne sais toujours pas comment elles le font manger, mais il mange bien, sa croissance est toujours excellente, je n’ai pas besoin d’en savoir davantage (oui parfois j’aime ne voir que ce qui m’arrange 😀).
Encore une fois l’essentiel est d’être à l’aise avec la démarche, quelle qu’elle soit. Si on est plus à l’aise avec des petits pots alors il ne faut pas hésiter, et si on est plus à l’aise avec les morceaux il faut se lancer. L’important est de se faire confiance, de se renseigner et de ne pas trop tenir compte des remarques et autres jugements.
Ne vous mettez pas la pression pour faire la DME si vous ne vous sentez pas sereine, même si vous avez lu et entendu que c’était génial, que c’est très bon pour son développement psychomoteur et que ça simplifie la préparation des repas (là-dessus je ne suis pas aussi catégorique). Oui pratiquer la DME a de nombreux bienfaits, mais je suis sûre que la diversification classique aussi. Alors décidez selon votre ressenti, vos capacités, de vous quoi. Mieux vaut une diversification classique avec des parents détendus plutôt qu’une DME crispée. Votre bébé sentira votre angoisse et il ne sera pas à l’aise, il se méfiera de ce que vous êtes en train de lui faire faire et il ne sera plus réceptif. Enfin ce n’est que mon opinion, mais comme dit plus haut, c’est avant tout une question de bon sens 😁.