En gros TOUT. Peut-on répondre autre chose ? Existe-il des mères pour qui la maternité n’a pas TOUT changé ?
Ma vie a changé, mon quotidien, mon emploi du temps, mon sommeil (ou son absence), mes peurs, mon niveau de stress, ma vision du monde, mes priorités.
La listes est longue et non exhaustive à mon sens. Devenir mère change à peu près tout dans une vie de femme. Bien sûr il doit en être de même pour les pères, mais ici je vais me focaliser sur ce que je connais bien, mon ressenti à moi, et libre aux hommes de s’exprimer sur le sujet de leur côté 😉.
Je crois que le plus gros changement que ma maternité a induit, c’est un taux élevé d’angoisse et de stress. Je ne l’étais pas vraiment (en tout cas je n’en avais pas conscience) avant ce jour de juillet où mon bébé a vu le jour, et en une fraction de seconde le poids des responsabilités m’est tombé dessus avec son lot de peurs irrationnelles et de doutes permanent.
Il y a la peur pour son tout petit, peur de mal faire quelque chose, peur qu’il lui arrive quelque chose, ça ça me semblait inévitable, mais j’ai découvert la peur pour moi aussi. Depuis la naissance de mon fils j’ai développé des angoisses que je n’avais pas avant, à savoir mourir tout bêtement. J’ai toujours eu un rapport serein face à la mort, elle fait partie de la vie, c’est ainsi et je ne la crains pas, même si je préfèrerai qu’elle survienne le plus tard possible. Mais depuis un an je me rends compte que tout ce sur quoi je n’ai pas de prise me fait potentiellement peur et m’angoisse beaucoup. Par exemple prendre l’avion. Avant c’était un kiffe total, j’adorais ça, surtout le décollage, on aurait dit une gamine qui sautillait sur son siège. Maintenant je tremble à l’idée de remonter dans un avion. Je suis crispée tout le long du vol et j’ai une boule énorme au ventre qui ne se dissipe qu’une fois à terre. Vraiment cette angoisse m’a prise par surprise et c’était violent pour moi qui aimais vraiment ça.
En devenant mère je me suis donc révélée comme maman anxieuse, et je dois me faire violence pour ne pas transmettre ces peurs à mon fils, pour le laisser vivre ses expériences et ne pas le surprotéger.
Avec le temps je me détends un peu sur certaines choses, mais au début c’était puissant ce sentiment lourd d’angoisse. La prise de conscience de toutes les responsabilités qui m’attendaient était brutale et trop suffocante. Je me sentais submergée et sans visibilité à court terme. Le brouillard total, mêlé à la peur, le combo gagnant pour faire de moi une maman déprimée. Je n’ai échappé à la dépression post-partum que grâce au confinement je pense. Cette chose qui a littéralement stoppé le monde, moi m’a allégée d’un poids, et je n’ose penser à ce qui se serait passé sans ça.
Parce que ce que je n'avais pas prévu, c'était à quel point mon temps ne m'appartiendrait plus jamais. Moi la solitaire, celle pour qui la solitude n'est pas une envie mais un besoin vital, soudain je n'avais plus une seconde pour moi. Mon fils étant très demandeur (cf. article Mon bébé est un BABI, comment je survis ?), j'ai du apprendre à me consacrer entièrement à ce tout petit être au détriment de mes propres besoins. Pas facile de réaliser comme on était égoïste avant, comment notre vie était très auto-centrée, et lâcher ça a vraiment était dur pour moi.
J’ai compris aussi à quel point j’avais besoin de mon conjoint pour m’occuper de notre fils. A quel point j’étais dépendante de lui dans les décisions à prendre ; parce qu’après les 9 mois de grossesse où j’étais seule responsable de la sécurité et du bon développement de notre bébé, je ne voulais plus porter ce poids toute seule. Je le vivais comme un fardeau et je ne voulais pas le supporter seule. Je suis donc devenue vite dépendante de lui, et en même temps ce n’était pas si mal puisqu’il s’est tout de suite pleinement investi dans son rôle de père. Je ne voulais pas prendre toute la place et lui laisser les miettes, il devait s’impliquer au même niveau que moi et le laisser décider a été pour moi (inconsciemment) ma façon de m’effacer et de le laisser créer sa relation avec son fils 😊.
Mais il n’y a pas que des changements négatifs dans ma maternité. Elle m’a permis de revoir mes priorités, surtout en matière professionnelle. J’ai enfin trouver ma voie grâce à elle.
J’avais des projets avant de tomber enceinte et surtout avant d’accoucher, je venais de quitter mon emploi pour me lancer dans une aventure en solo. Seulement devenir mère m’a révélé une toute autre passion, celle qui est plus en lien avec qui je suis, celle que je cherchais depuis tant d’année. Ma maternité m’a fait découvrir de tout nouveaux horizons, et créer ce blog en est la première étape. Je sais maintenant vers quoi je veux me diriger, mais aussi j’ai décidé que je n’avais pas à me cantonner dans une seule activité, un seul domaine.
La maternité m’a libérée et soulagée de beaucoup d’à priori que j’avais sur le travail. On peut faire plusieurs choses à la fois ; nous les femmes on le sait depuis longtemps, mais souvent on se met des barrières en se disant qu’on ne peut pas tout avoir ou tout faire.
En m’occupant au quotidien de mon fils j’ai réalisé à quel point j’avais besoin de travailler, à quel point le travail était essentiel pour moi et que je ne pourrais jamais rester à la maison à m’occuper uniquement de ma famille. Pour celles et ceux qui le font et s’y épanouissent pleinement c’est génial, à chacune et chacun de trouver ce qui le fait vibrer et clairement pour moi ce n’est pas être mère au foyer. Ce n’est pas lié à l’image véhiculée par la société, parce que je défends tous les parents qui souhaitent le faire et j’aimerais que ce statut soit reconnu pour qu’ils aient un salaire. C’est juste que pour moi mon équilibre et mon bien être passent par le travail, c’est une valeur importante dans ma vie.
Dans le même genre, un des aspects positifs de ma nouvelle maternité, ça a été mon changement de rapport à mon corps et plus généralement à ma féminité.
Jusqu’à ma grossesse j’étais du genre très féminine, mais en voie de transformation et d’acceptation de moi. Je ne me déplaçais qu’en talon de 12, très souvent en jupe ou robe, attentive au moindre détail dans ma tenue, sans maquillage (ou presque) ni fanfreluche.
Bon j’aime toujours m’habiller de la sorte, mais les talons ont fait place aux tennis ou aux bottines plates, et cette fois le maquillage a totalement disparu de ma routine quotidienne (ai-je encore une routine quotidienne ? 🤔). Je ne m’en sens pas moins femme pour autant. Au contraire. J’ai lâché des restes de clichés que j’avais pour me concentrer sur l’essentiel et m’accepter pleinement comme je suis. D’où l’impact sur mon rapport au corps qui jusque là était catastrophique.
Je détestais mon corps. Il n’était jamais assez : jamais assez mince, jamais assez musclé, jamais assez ferme, jamais assez beau, jamais assez doux. Bref on l’a compris, je n’aimais pas ce que je voyais dans le miroir. Je faisais tout pour briser ce corps, pour le pétrir et le façonner à mon idée qui ne tenait pas compte des réalités.
Or avec la grossesse, bah c’est juste devenu impossible de tout contrôler pour moi, et même j’ai décidé de ne plus rien contrôler. J’ai décidé d’apprécier ces mois, de laisser mon corps se préparer tranquillement à donner la vie et de lui foutre la paix ! J’ai continué le sport, mais à un rythme moins intense, ma priorité n’était plus mon poids ou ma ligne, mais mon bébé et son bien être. Le but n’était pas de prendre 30 kg non plus, mais juste de savourer cette expérience unique. Je ne voulais plus me prendre la tête pour quelques grammes de sucre. Ce n’était plus possible pour moi et j’ai choisi de faire de la place dans mon cerveau en me libérant l’espace mental que je consacrais à cette maîtrise permanente sur mon corps. Quelle libération !!!
Depuis mon accouchement je suis toujours dans cet état d’esprit, malgré les quelques kilos qui me restent autour du ventre. Mais je m’en fiche en fait. Si je les perds tant mieux, sinon ce n’est pas grave.
J’ai mis du temps à perdre mes kilos de grossesse, mais avec la reprise du sport (quelques heures par ci par là) et surtout le fait de ne plus me mettre de pression, j’ai fini par remettre à nouveau mes vêtements d’avant grossesse. Aujourd’hui mon corps n’est pas parfait, mais je suis ok avec ça parce que je suis fière de ce corps qui a porté et donné la vie. Je suis fière de ce qu’il a réussi à faire le jour de l’accouchement. Je suis fière d’être débarrassée de toutes mes croyances limitantes à ce sujet et de m’être réconciliée avec moi-même 🙂.
Et ce changement d’estime de soi n’a pu se faire que par un réel lâcher prise de ma part. J’ai fini par accepter que je ne pouvais pas tout contrôler et que ce n’était pas grave. J’ai accepté mon impossible perfection et j’ai commencé à aimer ce qui était, tel quel, sans fioriture ni pression.
Mais si j’ai lâché prise facilement sur mon corps, il n’en a pas été de même pour ma maternité. Là j’ai lutté durant les 6 premiers mois.
Au début on est plein d’énergie, pétri de bonne volonté pour notre bébé ; on veut tout bien faire, on a peur de mal faire constamment et on se donne à fond. Mais voilà la pression et la fatigue finissent par nous rattraper passé 6/7 mois, et alors on comprend qu’on ne va pas pourvoir continuer ainsi. On abandonne progressivement nos beaux principes, on les troque contre une réalité très pragmatique et on se rend compte que le monde ne s’est pas écroulé pour autant. Notre bébé ne s’en porte pas mal, même si nous ne lui donnons pas à manger que des choses bio et faites maison par exemple.
Et au fil des mois on accepte de ne rien savoir et d’être en apprentissage permanent dans le domaine de la parentalité. Les doutes font partis du quotidien et on essaye juste de faire de notre mieux. Je ne sais pas si c’est du lâcher prise ou juste de l’acceptation, mais que les mamans angoissées se rassurent, ça vient avec le temps, il n’y a rien d’autre à faire malheureusement.
En acceptant qu’on ne sait rien et qu’on ne contrôle rien, on change notre vision des choses, notamment des autres parents. En devenant mère j’ai remarqué que je devenais plus indulgente et compréhensive envers les autres parents.
Dans mon travail j’étais amenée à côtoyer des parents, et je ne pouvais m’empêcher de les juger par moment, même si je m’efforçais toujours de me mettre à leur place. Mais ma maternité m’a révélé qu’en fait ce n’était pas vraiment le cas. Je ne pouvais pas les comprendre puisque je ne savais pas ce que c’était que d’être parent. Être maman ferait sûrement de moi une bien meilleure professionnelle 😄.
Ma vision du monde a également évolué. Je prends d’autant plus la mesure de l’importance de bien traiter notre planète (bon ça c’était déjà bien présent) et les êtres qui la peuplent. J’ai envie d’apporter ma contribution, si modeste soit-elle. J’ai envie de m’impliquer et de protéger la vie sous toutes ses formes. Alors rien n’est parfait, mais c’est un sentiment très grandissant en moi qui me pousse à m’améliorer chaque jour.