C'est que du bonheur...

Les clichés ont la vie dure, surtout quand il s'agit de faire culpabiliser les mères


La belle blague !!! Les gens qui te balancent ça n’ont soit pas d’enfant, soit pas de mémoire ! Dans tous les cas, fermez la !

 

Je l’ai souvent dit ici, c’est d’ailleurs la raison principale de la création de ce site, prendre soin et s’occuper d’un bébé c’est tout sauf facile. Le paradoxe c’est qu’on manque d’info fiable tout en étant surinformé et gavé de pseudo conseils qui varient selon la personne et l’humeur du jour.

 

Personnellement, j’essaie avec mes articles d’apporter ma pierre à l’édifice global d’une maternité déculpabilisée, éclairée mais surtout non jugeante et bienveillante, en premier lieu avec soi-même.

 

Vous l’aurez compris, je ne suis pas une adepte de cette phrase qui dit qu’avoir un bébé c’est que du bonheur.

Bien sûr que c’est du bonheur, entre autre. Mais moi ce dont je veux parler c’est de l’autre justement, de tout ce qu’il y a derrière ce bonheur affiché, de tout ce qui se cache dans les coulisses, de cette vraie vie qui est loin d’être idyllique tous les jours, voire jamais.

 

 

Ce cliché qui véhicule que la maternité c’est que du bonheur est non seulement bidon, mais aussi et surtout dangereux, parce que toutes celles qui ne ressentent pas ce bonheur total, toutes celles qui galèrent à trouver leur place de mère et de femme, qui ne se reconnaissent plus dans cette nouvelle vie, c’est leur renier leur ressenti. C’est leur cracher à la gueule tout simplement, en leur signifiant que ça doit être comme ça et pas autrement, donc si c’est autrement c’est que tu t’y prends mal, c’est que tu es une mauvaise mère, c’est que tu n’aurais pas du avoir de bébé, etc.

 

C’est une phrase terriblement culpabilisante, et plus je la vois passer sur les réseaux sociaux, plus je veux la combattre et crier haut et fort, que NON avoir un bébé ce n’est PAS QUE du bonheur.

 

 

Sans compter que c’est aussi très réducteur sur la réalité de la maternité.

Malgré l’adage, on ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche, encore moins avec un bébé. Eh bien dans la maternité c’est pareil, on ne peut pas vivre seulement d’amour pour son bébé, ce n’est pas notre quotidien de parent.

 

Je l’ai dit dans un autre article, mais le quotidien est fait de petites galères (cf. Ces galères du quotidien), de problèmes, d’imprévus, de changement de plan, de renonciation, de « lâcher prise », vous savez ce terme à la mode un peu fourre tout, mais qui est au final totalement justifié dans ce cadre là.

 

 

Je dis souvent aux non parents, qui ont des idées bien arrêtés sur ce qu’est ou doit être la maternité/parentalité (c’est normal, avant d’être parent on ne sait pas, on ne s’imagine pas, on ne se doute même pas de la réalité) que non tout n’est pas parfait, tout rose, plein de joie et de paillettes dans ma vie (Kevin 😜).

La maternité c’est comme se faire toute belle pour sortir en amoureux ; se pimper de la tête aux pieds, avec des nouvelles fringues et du maquillage trop stylé, pour au final se voir proposer un McDo. On attend les paillettes, le feu d’artifice, le grand jeu, mais on se retrouve au kebab du coin sous la pluie.

Attention, c’est tout de même le meilleur kebab du monde, le plus beau lieu du monde, et on est avec la personne qu’on aime le plus au monde, mais c’est pas l’arc-en-ciel à paillette qu’on attendait.

Si on place la barre un peu trop haute ça peut ressembler à ça 😉.

 

 

On va croire que je vis une matrescence particulièrement dure, que la maternité c’est tout pourri, mais pas du tout.

Je préfère seulement parler des choses qu’on ne nous dit pas, qu’on tait, peut-être sous couvert de préservation de l’espèce, je sais pas 🤷‍♀️.

Finalement Florence Foresti avait peut-être raison, si on disait tout aux jeunes femmes et futures mamans, si on leur expliquait réellement ce qui les attend, peut-être que la race humaine s’éteindrait rapidement 😁. J’adore son spectacle Mother Fucker, so true !

 

 

Avant l’explosion des réseaux sociaux, on ne savait pas grand chose, à part ce qu’on pouvait lire dans les livres ou ce que nous en disait nos aînées/copines/soeurs. C’était souvent peu, pas assez, mais en même temps il n’y avait peut-être pas toute cette part de culpabilisation ambiante, d’injonction à la perfection ou la performance maternelle.

C’est comme en tout, il y a du bon et du mauvais, à chacun de faire son réseau social à son image, de suivre des gens qui nous inspirent sans nous faire nous sentir minable ou nulle.

 

Dans l’idéal il ne faudrait pas se comparer, mais qui y arrive réellement ?

 

Je n’envie pas la vie des autres, même quand ils sont multimillionnaires, qu’ils semblent vivre une vie de rêve, que tout leur sourit et qu’ils ont la beauté en prime ; parce que je sais que ce n’est pas l’entièreté de leur vie que je vois à travers le prisme d’un réseau social. Je sais qu’ils ne me montrent que ce qu’ils veulent bien me laisser voir d’eux et de leur quotidien. C’est le jeu, je l’accepte, mais n’empêche que parfois (souvent) j’aimerais que mon corps soit plus comme celui d’Emily Ratajovski, bitch !

 

Bien sûr que moi aussi ça m’énerve quand je vois des comptes Insta de mamans qui racontent à quel point leur bébé de 3 semaines dort trop bien, comment elles sont trop épanouies dans leur « rôle » de maman, que c’est le « plus beau rôle de leur vie ». Ça m’agace parce que pour moi ce n’est pas le cas, donc je m’en veux de ne pas être comme ces mères. Mais aussi pour le message que ça envoie à toutes les mamans en situation de fragilité émotionnelle, qui vivent une dépression post-partum ou un baby blues ou un burn out maternel.

 

Pour ma part j’arrive à prendre du recul, à relativiser, à me dire qu’on est toute différente et que si ce n’est que du bonheur chez elles, eh bien tant mieux pour elles !

Mais je pense que c’est un mirage de croire ça. Ça ne fait que rendre plus dur la claque de la réalité qu’on finit toutes par se prendre en post-partum.

 

 

Avoir un bébé, c’est une part de bonheur certes, mais aussi d’angoisses, de doutes, de questions, de responsabilités, d’échec, de luttes, de répétition, de fatigue, d’épuisement, de joie, de peine, de pleurs, de rires, de fierté, de régression, de jeu, de sacrifice, de don de soi, de solitude et d’amour. C’est tout ça mêlé, en alternance, avec en prime des émotions à fleur de peau par manque de sommeil et d’hormones en pagaille.

 

 

Dans mon cas je ne peux pas dire que le bonheur domine, il est à part égale avec le reste, selon le moment de la journée, selon l’humeur de mon fils, selon sa santé, selon mon cycle menstruel (SPM, on aime on adore 😤)…

 

Et puis aussi je ne suis pas de celles qui pensent que l’intégralité de son bonheur dépend uniquement de sa maternité. PAS DU TOUT !

Personnellement, j’aime travailler, j’en ai besoin pour m’épanouir. J’aime sortir de chez moi, seule, pour faire du sport, ou du shopping ou prendre un verre avec des amies.

 

Je ne veux pas que ma vie tourne autour de mon bébé, je l’ai vécu durant un an, c’était bien, mais clairement pas à revivre pour moi.

Je lui ai donné tout ce que je pouvais, je n’ai aucun regret, c’était un choix réfléchi et qui m’a permis de profiter à fond de mon bébé, de lui apporter, selon moi, tout ce dont il avait besoin pour se construire, mais cela me permet aussi de dire aujourd’hui que la maternité ce n’est pas que du bonheur, c’est tout un melting pot de sentiments et d’émotions. Les ressentir ne fait pas de nous une mauvaise mère, cela prouve juste qu’on est humaine 🙂.