Au cours de ma grossesse j’ai mûri un projet pour la naissance de mon bébé à force de recherches et d’écoute de témoignages de femmes. Vers le 5e mois je savais que je ne voulais pas de péridurale, que je voulais accoucher le plus naturellement possible, mais tout de même dans une maternité. Je dois dire que je ne connaissais pas l’AAD (Accouchement A Domicile). Enfin si, comme tout le monde dans les films ou séries quand la femme n’a pas le temps d’arriver à la mater. Sinon je ne savais pas qu’en France en 2020 c’était une possibilité, rare puisque les sage-femmes sont très peu (moins de 80) à le pratiquer pour des raisons d’assurance, comme quoi mes recherches n’étaient pas assez poussées. Et même si je l’avais su, je n’aurais pas opté pour cette méthode, j’avais besoin de me sentir en sécurité et ma maternité fournissait un cadre ultra rassurant, niveau III on ne fait pas mieux, donc honnêtement aucun regret à ce niveau là. Là où j’aurais plus de regret, c’est que le compromis accouchement à l’hôpital/accouchement maison existe, sauf qu’il est très restreint sur le territoire et qu’il n’y en avait pas dans ma région. ( cf. Article accoucher autrement prochainement).
Faire un projet de naissance découlait naturellement de tout ça. J’avais des envies et des demandes particulières que je voulais vraiment mettre en place lors de mon accouchement, ça me tenait à coeur et ne connaissant pas l’équipe médicale de la maternité, il fallait que je mette tout ça par écrit.
J’ai eu aussi la chance de faire relire, corriger et valider mon projet par ma sage-femme qui avait travaillé 10 ans dans la maternité où j’allais accoucher. Son regard de professionnelle m’a permis de trouver les bons mots et de n’écrire que les choses essentielles, même si je le trouve encore un peu long. Ça tient sur une page c’est déjà ça 😊. Il ne faut donc pas hésiter à en parler à sa sage-femme, à lui demander conseil et même son aide pour la version finale.
Il ne faut pas oublier non plus qu’un projet de naissance s’élabore aussi en couple, si couple il y a bien sûr. Les deux parents doivent être en accord sur ce qui sera pratiqué lors de l’accouchement, si on écrit par exemple que l'autre parent souhaite couper le cordon et qu’en fait il a une phobie pour toutes ces choses là, c’est inutile de le mettre dans cette position le jour J, il sera bien assez chamboulé comme ça 😜. C’est pourquoi nous avons rédigé notre projet de naissance ensemble, à mon initiative, mais comme à peu près tout dans cette grossesse et notre parentalité. Je n’ai pas de problème avec ça, du moment qu’il est d’accord, que ça lui convient autant qu’à moi, eh bien j’accepte d’être celle qui se renseigne, qui met en place des choses, qui cherche des alternatives ou des solutions. J’aime ça, c’est un domaine qui me passionne, donc je le fais bien volontiers.
Quoi mettre dans son projet de naissance ?
Je ne sais pas pour les autres parents, mais moi j’avais certaines demandes sur lesquelles je ne voulais pas transiger, comme mon refus de péridurale et d’épisiotomie, faire le peau à peau et la tétée d’accueil. C’était important pour moi qu’on m’accompagne dans cette démarche, qu’on me soutienne. Je ne voulais pas qu’on me propose la péri ou qu’on me coupe le périnée sans raison. Il s’avère que ma maternité est très ouverte sur l’accouchement physio et l’allaitement, et qu’elle s’enorgueillie d’avoir l’un des plus faibles taux d’épisio de France, 2%, là où la moyenne nationale est à 20%, mais tend à diminuer chaque année. C’est en échangeant avec ma sage-femme que j’ai eu accès à ces informations, qui m’ont rassurée, encouragée et confortée dans mon choix d’accoucher dans cette maternité, ça et la visite des locaux bien entendu. A partir de là j’ai pu me plonger sereinement dans mon projet de naissance.
Je mets en ligne mon projet de naissance anoté et commenté, avec des infos supplémentaires que j'aurais aimé savoir à ce moment là, non pas pour qu’il soit copié/collé, mais pour qu’il inspire et donne des pistes de réflexion aux futurs parents un peu perdus. J’ai moi-même cherché sur internet comment le rédiger; je ne savais pas comment le mettre en forme, comment formuler mes phrases pour que ça soit bien reçu. Je ne voulais pas paraître directive ou autoritaire ou suffisante. J’ai pris soin d’indiquer que nous leur faisions confiance, qu’en cas de complications ils avaient toute liberté d’agir dans l’intérêt de la vie de mon bébé et de la mienne. Parce qu’au final je ne suis pas médecin et je ne vois pas ce qui se passe.
Un projet de naissance doit contenir tout ce qui nous tient à coeur de partager avec l’équipe médicale présente ce jour là. C’est d’autant plus important quand on accouche dans un hôpital public où les équipes changent souvent, qu’on ne les connaît pas et que surtout elles elles ne nous connaissent pas. Mettre par écrit ses volontés les plus importantes permet à tous de savoir où on va, ce vers quoi il faut tendre et soutenir les parents dans cette voie.
Vous pouvez n’y inscrire qu’une seule chose, ou des dizaines, bon je déconseille de dépasser le format de la feuille simple, après ça risque de soûler tout le monde et de mettre le personnel soignant dans de mauvaises dispositions. Je plaisante, je suis persuadée que les sage-femmes et les puéricultrices et autres ont l’habitudes de ce genre de demandes, qu’elles savent y répondre et qu’elles font tout simplement de leur mieux avec les moyens qu’elles ont pour accompagner les parents dans ce moment si extra-ordinaire.
Et puis rédiger un projet de naissance c’est aussi pour nous, pour nous aider à nous projeter dans ce moment si inconnu et souvent un peu effrayant. Bon la médecine a permis que les accouchements ne soient plus synonymes de danger, mais tout de même. Une partie de moi avait une véritable appréhension à l’idée d’accoucher. Pas de rencontrer mon bébé, mais juste l’acte physique en lui même. Ce n’est pas rien, il peut y avoir des complications des deux côtés, et mourir en couche n’est peut-être plus si fréquent, mais ça n’en reste pas moins possible. Je ne veux faire flipper personne, je partage mon ressenti d’alors. Malgré tout j’étais confiante, je sentais que tout se passerait bien, que l’accouchement se déroulerait tranquillement et que mon corps serait capable de gérer. Mais faire ce projet m’a aidée à visualiser certaines choses, à m’apaiser et à lâcher prise aussi. J’ai accepté de ne rien contrôler à ce moment là, que je devais juste laisser faire la nature, et l'équipe médicale serait là en cas de problème. Discuter avec ma sage-femme et faire les cours de préparation à l’accouchement m’ont aussi rassurée. Ce n’est pas inutile d’y consacrer une heure par semaine je pense. Je le recommande vivement (cf. Article comment choisir sa sage-femme).
Ce qu’il faut retenir c’est que le projet de naissance est avant tout un moyen de communiquer, de transmettre vos souhaits pour que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. Il ne faut pas le voir comme la trame d’un scénario dans lequel tout est pensé et calculé, sinon vous allez aux devants d’une grosse désillusion. Qu’on le veuille ou non, l’accouchement ne se passera pas tout à fait comme on l’avait prévu, et ce n’est pas grave. C’est pourquoi il ne faut pas s’accrocher à son projet de naissance comme à un texte sacré, c’est juste un outil pour faire entendre votre voix, parce qu’elle compte tout autant que celle du personnel soignant.
Le projet post-partum
Pour le coup il ne concerne que le couple et les très proches qu’on veut inclure dans la logistique. C’est donc avant tout pour soi et son partenaire qu’on le fait, histoire d’avoir les idées claires pour la naissance et les semaines juste après.
A mon sens c’est l’occasion de discuter avec son conjoint et d’avertir l’entourage de la façon dont on souhaite vivre les premières semaines post-natal, voire son mois d’Or (cf. Article à venir sur le mois d’or).
Un accouchement c’est l’équivalent d’un marathon, avec en prime 9 mois de préparation physique qui endommagent plus ou moins le corps. Il faut donc se prévoir un vrai temps de récupération juste après. Pas juste les 3 ou 4 jours à la maternité, en plus ils ne sont pas forcément reposant, mais un vrai temps de qualité pour laisser à son corps l’opportunité de se remettre de ses blessures, voire de ses traumatismes. L’esprit aussi en a bien besoin, le corps n’a pas fait tout le boulot tout seul. Les hormones ont un rôle très important durant la grossesse, la naissance et le post-partum, c’est d’ailleurs l’une des rares choses qu’on sait avant d’être enceinte, la fameuse montée ou chute d’hormones. C’est pourquoi il faut du temps, de la douceur et du calme pour reprendre pleinement possession de son être tout entier.
Cette idée de projet de post-partum est là pour mettre sur la table tout qu’on veut faire ou ne pas faire après l’accouchement, comment on s’organise, qui fait quoi, visite ou pas visite… il faut se poser les bonnes questions en amont pour être la plus sereine et libérée possible une fois bébé à la maison.
Il faut y réfléchir à deux, tout comme le projet de naissance, mais encore plus peut-être puisque cette fois il y aura deux personnes à prendre soin du nouveau petit être, là où les prérogatives de l’accouchement reviennent quand même à la femme.
Plusieurs semaines, ou mois, avant le terme, il est bon de se poser avec son partenaire et de tenter de répondre à ses questions :
Voilà selon moi les points les plus importants qu’on peut aborder dans un projet de post-partum, mais chacune y met ce qu’elle veut, ce qui lui semble essentiel. Bien sûr certaines questions resteront sans réponse jusqu’à la naissance, parce que bébé va aussi avoir un avis sur la question, même s’il ne l’exprime pas clairement. On peut tout prévoir au mieux, il reste la grande inconnue qu’est son bébé. Il aura son propre caractère, ses propres besoins et son développement psychomoteur ne dépendra pas d’un tableau de règles ou d’objectifs à atteindre. Il s’imposera à vous et parfois on n’a pas d’autre choix que de tout modifier pour s’adapter à lui.
Ce projet non plus n’est pas gravé dans le marbre. On peut le modifier au fil des mois, l’oublier même et faire tout autrement. Ce ne sont que quelques pistes de réflexion, que chacune est libre d’interpréter et utiliser à sa guise. Le principal est que les futurs parents sachent que ça existe, qu’on n’est pas obligé de faire comme nos parents, nos amis, nos cousins/cousines. On fait selon ce qu’on est, et ce qui est valable pour les uns ne l’est pas pour les autres. Ne pas se mettre de pression parce qu’on n’a pas fait comme sa copine, qu’on ne suit pas le protocole établi par la société ou au contraire qu’on ne sort pas des sentiers battus. Il n’y a aucune règle, c’est à la fois perturbant quand on débarque dans la parentalité, mais c’est aussi toute la beauté de la chose, c’est à nous de créer notre mode de fonctionnement. Un projet de post-partum permet de s’y préparer, d’appréhender certaines problématiques avec moins de surprise (doux euphémisme). Il est là pour alléger la charge mentale de la jeune maman afin qu’elle puisse laisser à son corps l’opportunité de se remettre sereinement, tout en profitant pleinement de son tout petit bébé sans culpabiliser pour la vaisselle sale ou le linge à repasser 😉.
Source: Le mois d'or, de Céline Chadelat et Marie Mahe-Poulin, édition Presses du Chatelet, 2019.