Aujourd'hui je viens parler d'un tabou, d'une chose qu'il ne faut surtout pas penser, encore moins dire quand on est maman, l'envie de faire une pause.
Certains soirs je me couche en me disant que je n'y arriverai pas le lendemain, que c'est trop dur, que je suis épuisée, que je n'en peux plus d'être sursollicitée en permanence, de ne plus dormir, de n'avoir que 5 minutes pour manger, et encore les jours où je peux manger.
Certains soirs j'ai envie de hurler de détresse, d'angoisse à l'idée de devoir me lever le lendemain et de revivre la même journée indéfiniment.
Certains soirs j'ai juste envie que ça s'arrête.
Je ne parle pas de regret, je n'ai jamais ressenti le regret d'être mère, et quand bien même se serait le cas, je ne devrais pas avoir honte de le dire ou de le ressentir.
Dans mon cas je parle d'un ras le bol plus ou moins passager, mais chronique tout de même, qui te revient comme un boomerang au moment où tu t'y attends le moins, vlan dans ta face !!!
Plumeau ne dormant toujours pas bien, pour rappel 21 mois, c'est dur, c'est long, c'est trop ! Avant de devenir mère, je n'étais pas une grosse dormeuse, mais j'aimais tout de même avoir plus de 3 heures de sommeil d'affilé. Même si les choses évoluent, le sommeil reste un point sensible. Je me rends compte avec l'âge que je peux supporter beaucoup de choses, mon corps résiste à pas mal de trucs pas cool, mais ça il n'y arrive plus 🙅♀️.
Alors oui, certains soirs j'aimerais pouvoir faire une pause dans mon rôle de mère.
Le temps d'une journée ne plus être la maman de, et avoir du temps pour moi, pour ETRE moi, tout simplement. J'aimerais que ce jour là il oublie que j'existe, que tout le monde oublie que j'existe et qu'on me fiche la paix durant quelques heures.
Je rassure tout le monde, je vais bien, je ne suis pas en dépression, par contre si je n'y prends pas garde, je pourrais facilement basculer dans le burn out maternel. J'ai un terreau fertile à la dépression, alors autant dire que je dois rester vigilante, je peux vite déraper vers des noirceurs profondes.
Je me dois de réagir avant d'en arriver là. Je ne veux pas faire vivre ça à mon fils ou à mon conjoint. Et là honnêtement, heureusement que le confinement se termine, qu'il peut retourner à la crèche, sinon je n'aurai pas donné cher de ma santé mentale 🙏.
Pour ne pas sombrer, je mets en place des process, des cordes auxquelles me rattraper en cas de dérapage incontrôlé.
Dans un premier temps j'identifie le problème. Je fais un point avec moi-même ; je me connais suffisamment et je suis suffisamment à l'écoute de mon corps et de mes émotions pour reconnaitre quand ça ne va pas, quand je ne dois plus tirer sur la corde.
Ensuite je verbalise. Seule dans un premier temps, par écrit histoire de poser mes idées, mes émotions ; de les apprivoiser pour ne plus qu'elles m'effraient. Parce que ne pas savoir ce qu'on ressent c'est effrayant. On sait qu'il y a un problème mais on n'arrive pas à mettre le doigt dessus, c'est angoissant et ça prend une place mentale démesurée.
Puis je parle. A mon mari en général. C'est lui le co-pilote de cette famille, c'est lui mon partenaire et mon binôme. C'est mon complice, mon complément, je ne peux rien vivre ou ressentir sans lui en faire part, c'est comme ça entre nous. Par contre ça peut me prendre du temps avant d'arriver à lui parler. Même si la confiance est totale, parfois c'est dur de lui avouer ce que je ressens, surtout quand c'est de la colère, de la frustration et du ressentiment à son égard.
Cela finit toujours pas sortir, souvent au moment le moins opportun, mais au moins c'est dit 😉!
J'ai la chance d'avoir un mari formidable, qui comprends et ne juge jamais, donc quand ça ne va pas, quand je ressens de la culpabilité à l'idée de dire que j'ai besoin de faire une pause, de ne plus être mère l'espace d'une journée, il me soutient. Il me propose des solutions pour me laisser du temps, pour que je me retrouve seule avec moi-même. J'ignore comment je ferai s'il n'était pas là...
Quand je n'en peux plus, que je ne veux plus être mère, je prends le temps aussi de respirer, de regarder mon fils, de voir à quel point il est merveilleux. Je savoure le temps seule que j'ai, je fais ce qui me fait du bien, à savoir écrire ou faire du sport, et je le retrouve plus forte et endurante pour la suite.
Au fil des mois je me suis aperçue que ces envies de pause diminuaient. J'en ai moins souvent envie ou besoin, et quand ça m'arrive et que je me retrouve vraiment seule le temps d'un week end, eh bien je n'aime pas ça. Mes chéris me manquent, il me manque une part de moi.
Certes pouvoir se reposer fait du bien, ne plus entendre 15 fois par minute "maman" c'est nerveusement appréciable, mais je sais maintenant que je n'ai pas besoin que ça dure plus de quelques heures.
Je ne culpabilise plus de ressentir ce besoin de solitude ou de pause dans ma maternité. Je suis une solitaire de base, je sais que pour mon équilibre il me faut des temps seule, mais je me rends compte que ce n'est plus comme avant. Mes besoins de solitude ont changé aussi, ils ne sont plus aussi puissants qu'avant. Mon rôle de mère a pris le dessus, pour le moment en tout cas, et c'est une bonne chose pour moi. Je m'inquiétais sérieusement au début, quand ces vagues de solitude me submergeaient, de ne pas être capable d'apprécier d'être avec mon fils, de ne pas être capable de supporter l'absence de solitude. En fait avec le temps j'aime de moins en moins être totalement seule.
Bon j'ai toujours besoin de temps à moi, mais une fois que j'ai exprimé ce besoin et toutes les émotions négatives que je ressentais envers mon conjoint, un poids énorme s'est envolé de ma poitrine. J'ai vu la lumière, j'ai vu l'amélioration, et, fait très étrange, le plumeau s'est mis à dormir à ce moment là. A-t-il senti que je me libérais d'un poids, que je lâchais prise et donc qu'il pouvait se détendre aussi, je ne sais pas 🤷♀️.
En tout cas il m'a fait des siestes incroyables depuis, des nuits très correctes et des temps de complicité incroyable !
Il grandit, il se développe vite, cela participe aussi à ce qu'on se sente tous plus sereins 😊.
Toute cette réflexion est partie d'une remarque d'un ami qui disait qu'avec ce confinement, il n'en pouvait plus de ces gosses, qu'il avait hâte qu'ils repartent à l'école ! L'entendre dire à voix haute ce que je pense tout bas m'a sûrement libérée de cette culpabilité. Le fait qu'il s'autorise à le dire, d'ailleurs je doute qu'il se soit même posé la question avant de formuler ce cri du coeur, m'a permi de m'autoriser aussi à l'assumer.
Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de ne plus m'en vouloir d'avoir besoin de faire des break dans ma maternité. J'ai décidé que ce n'était pas une mauvaise chose, que cela ne faisait pas de moi une mauvaise mère pour autant, et que mon fils n'en mourrai pas si quelqu'un d'autre que moi lui lisait ses histoires le soir ou l'habillait le matin (tant pis pour les fashion faux pas 😜).
La clé de tout je crois est là-dedans : "j'ai décidé". Je ne laisse plus faire, je n'attends pas que mon mec ait une illumination sur ce que je peux ressentir, qu'il comprenne par lui même que si je baisse la tête de trois quart vers la gauche durant 45 secondes ça veut dire que je suis énervée ou frustrée ! On est d'accord qu'en tant que femmes c'est ce que nous attendons de notre partenaire, or on est d'accord aussi que cela ne fonctionne pas !
Aucun homme n'a la subtilité nécessaire pour décoder nos non-dits. Si on ne dit rien, rien ne change. Donc j'ai décidé de parler, de lui dire les choses plutôt que de les ruminer en espérant qu'il finisse par comprendre tout seul.
Si j'ai un conseil c'est celui là : parlez, communiquez et osez décider d'être vous-même, de ne pas coller aux attentes. Votre monde ne s'écroulera pas pour autant 😉.