Je suis une maman primipare, perdue dans le tourbillon de la matrescence et en quête de réponses, de sens et de certitudes.
Certitudes, tout est dit non? Toutes celles qui ont des enfants savent que je me berce d’illusions et comprennent déjà le dilemme dans lequel je vis. Parce que oui, la certitude en matière de bébé c’est sûrement la chose la plus utopique et illusoire qui soit, mais pour la perfectionniste que je suis, renoncer à avoir des certitudes est un apprentissage de chaque instant.
Je n’ai d’autre légitimité que celle d’être une maman, sur-informée mais en manque d’information, d’écoute et en proie aux doutes quotidiennement.
Dans ma vie d’avant, celle où j’avais encore une vie sociale, un travail plutôt épanouissant et des objectifs professionnels bien définis, j’étais une femme forte et indépendante, qui manquait certes de confiance en elle, mais qui faisait son petit bonhomme de chemin (oui expression des années 50, j’assume!). J’avais des doutes, beaucoup. Mon travail était presque tout pour moi et en plus je baignais dans un univers de jeunes, de problèmes en tout genre à régler dans la minute et l’action me tenait en haleine. Au fil des années j’ai pu observer ces jeunes, apprendre d’eux et devenir la femme que je suis devenue, celle qui veut aider, faire la différence, ne serait-ce que pour une seule personne. En devenant maman ce sentiment s’est décuplé jusqu’au point de devenir étouffant. J’écris donc pour aider, mais aussi pour me libérer d’un poids, celui de la CULPABILITE.
Les mamans, et les femmes en général me comprendront, on culpabilise en permanence. On culpabilise de vouloir une carrière, quand la société et notre entourage nous disent qu’il va être temps de penser aux enfants, “l’horloge biologique tourne” (expression à bannir définitivement). On culpabilise de vouloir une famille, quand la société nous ordonne d’être féministe, parce que c’est bien connu, on ne peut pas être féministe et maman! Petit disclaimer, je pratique beaucoup l’ironie, donc âme sensible s’abstenir.
Et quand on a ENFIN un enfant on culpabilise de ne pas passer assez de temps avec lui puisqu’il faut bien travailler, et là il y a aussi des choses à redire.
Certaines aimeraient prendre du temps pour élever leur enfant, être plus souvent, voire tout le temps à la maison, mais le congé maternité s’arrêtant aux 2 mois et demi du nourrisson et faute de moyens, elles doivent reprendre le travail, déchirée à l’idée de laisser leur tout petit bébé à une ou des inconnues.
Puis il y a celles qui adorent leur bébé, mais qui ont envie et besoin de travailler. Elles culpabilisent alors de ne pas être assez présentes. Elles se pensent moins bonnes mères parce qu’elles ne veulent pas rester à s’occuper de leur progéniture H24, puisqu’une femme qui vient d’enfanter se doit corps et âme à son petit! C’est bien connu, avoir une maman qui travaille c’est 10 ans de psychanalyse assuré!
Et puis il y a celles qui restent effectivement à la maison, par choix délibéré ou contraint faute de mode de garde disponible. Ces femmes là culpabilisent aussi puisque les injonctions de la société disent qu’une femme doit travailler, être indépendante et libre. On n’est plus en 1950, les femmes au foyer qui profitent de l’argent du pauvre mari qui se tue au travail c’est fini! Parce que c’est bien connu aussi, rester à la maison à s’occuper d’un ou des enfants ce n’est pas du travail; il ne manquerait plus que ces femmes soient payées à ne rien faire en plus!
Donc tu bosses, mais attention pas trop quand même parce que sinon ton enfant ne va pas se développer normalement, mais bon tu ne deviens pas mère au foyer parce que là c’est la lie de la société, c’est anti féministe et ça donne un mauvais exemple aux jeunes filles.
Mais pour celles qui travaillent, on est loin de la conciliation rêvée travail, famille, (patrie c’est ça? 😉) épanouissement personnel. Parce qu’il faut se lever aux aurores pour faire son yoga (ou autre sport à la mode sur Insta _ attention j’adore le sport, j’en fais autant que je le peux et j’en ai besoin, mais le coup du « miracle morning » c’est bon pour les femmes sans enfant ou les hommes _ notez que pour les hommes je n’ai pas précisé avec ou sans enfant parce que pour eux ça ne fait aucune différence, en terme d’organisation j’entends) et avoir un corps de rêve; préparer les affaires du petit, se préparer soi-même; être performante au travail jusqu’à des heures indues, eh oui, en France le présentiel est signe de performance et d’efficacité tandis que dans d’autres pays c’est tout le contraire; et rentrer tard chez soi, avec l’esprit encore plein de ta journée au boulot, voire même des dossiers à peaufiner et des mails à checker.
Au milieu de tout ça tu auras bien évidemment trouvé le temps d’aller faire des courses au magasin bio du coin, parce que tu cuisines des produits frais, de saison et zéro déchet de préférence. Tu dois non seulement cuisiner pour toi et ton conjoint, mais aussi pour le bébé, petit pot ou DME, il faut du fait maison cela va de soi! Et quand tu as fait toutes ces choses, n’oublie pas de regarder la dernière série à succès sur Netflix, sinon tu seras larguée quand tes collègues (sans enfant) t’en parleront le lendemain.
Ça c’est la journée type de la maman qui doit répondre à toutes les injonctions, pressions, attentes débiles de la société. S’y rajoute les sorties entre copines parce qu’il faut bien avoir un semblant de vie sociale, la lecture (la vache se poser et lire un bon livre, c’était quand la dernière fois?), les sorties en famille (bah oui ce petit faut bien le cultiver et lui faire prendre l’air) et les temps de couple. Ça pour moi c’est l’ultime pression!
On nous dit et nous répète quand on va avoir un bébé qu’il ne faut pas oublier son couple dans tout le bouleversement que l’on va vivre, que la première année est difficile à passer et que beaucoup ni survivent pas. Déjà on n’a pas la pression du tout! et ce sont les mêmes personnes qui au début te parlaient d’horloge biologique. Toi, tu aimes ton conjoint, donc tu ne veux pas qu’il parte, d’autant que s’il te quitte, tu fais comment pour tout gérer seule? et pour ne pas qu’il parte il faut lui réserver du temps, retrouver une intimité sacrément mise de côté depuis la naissance, voire la grossesse. Ceci est un sujet à part entière que je traiterai dans un autre article.
Comment ne pas péter un câble? on ne sait plus où donner de la tête, on nous dit juste tout et son contraire.
Et moi là-dedans? je souhaite surtout ne pas en rajouter une couche et permettre à toutes celles qui me liront, et aux autres (on sent la femme ambitieuse ou pas?) de se DECULPABILISER.
Alors attention, je ne suis ni psy, ni infirmière, ni puéricultrice, ni assistante maternelle, ni rien, juste une jeune maman qui tente de survivre à cette p*** de première année de vie de son fils!