Mon projet de naissance avant/après
Mon projet initial avec un petit up date
Je vous livre ici mon projet de naissance revu et corrigé plusieurs mois après la naissance de mon bébé.
Je n’avais pas relu ce texte depuis la naissance de mon fils, c’est marrant de revoir mes intentions, surtout quand on sait ce qui s’est finalement passé.
Au cours de mon parcours universitaire on m’a appris qu’il ne fallait jamais juger l’Histoire à l’aune de notre savoir actuel, ne pas faire de téléologie. Eh bien j’ai envie de m’appliquer ce précieux conseil pour une fois, et ne pas juger la future maman que j’étais, ni trop critiquer ce qu’elle idéalisait.
Je me rend compte maintenant, que certaines demandes étaient inutiles, superflues ou évidentes, mais en me remettant dans le contexte je comprends pourquoi elles figurent dans ce projet. J’étais une novice, une primipare comme on dit dans le jargon, je ne savais pas trop où ni dans quoi je mettais les pieds.
Je vous donne ici ma version, mais avec quelques annotations, histoire de savoir ce qui s’est passé en réalité et si c’était nécessaire de l’inscrire dans ce projet de naissance.
Bonne lecture 😊.
A l’attention de l’équipe de la maternité de…,
Depuis 9 mois nous vivons pas à pas au rythme de cette première grossesse avec le plus de calme possible, nous souhaitons donc que cela continue lors de l’accouchement.
Vous serez présents tout au long de la naissance de notre enfant et nous vous en remercions. Mon compagnon et moi-même avons choisi votre maternité pour sa politique de démédicalisation qui correspond à notre vision de l’accouchement.
Avec ce projet de naissance nous tenons à vous exprimer ce qui nous tient à coeur pour vivre ce moment dans la sérénité.
Ce que nous souhaitons:
- Avant tout, nous souhaitons un accouchement physiologique, en salle nature et dans la position de mon choix dans la mesure du possible / versus la réalité: nous étions nombreuses à accoucher cette nuit là, je suis arrivée la dernière et j’ai du me contenter d’une salle d’examen dans un premier temps, puis d’une salle de travail classique à mon grand désespoir 😥. Je n’ai donc pas pu accoucher dans la position que je voulais, et c’est peut-être ce que j’ai le plus mal vécu à posteriori. D’autant que mon corps me disait de me mettre debout, j’aurais pu ainsi accoucher beaucoup plus rapidement et mon bébé n’aurait pas été bloqué et n’aurait donc pas forcé le passage en déchirant mon périnée.
- Je souhaite pouvoir boire et être libre de mes mouvements durant le travail si mon état le permet / pour le coup j’étais libre de mes mouvements jusqu’à ce que je perde les eaux et que la phase finale s’accélère, je n’en ai pas plus profité que ça parce que j’étais très bien assise ou allongée, je n’avais pas soif ni faim, c’était un salle climatisée en pleine nuit.
- Nous vivons cette expérience à deux, je tiens donc à ce que mon compagnon soit présent en permanence / pas forcément utile de préciser ça, mais je l’avais noté en cas de césarienne ou de péridurale d’urgence.
- Il est essentiel pour moi de faire du peau à peau dès les premières secondes de vie de mon bébé et le plus longtemps possible. Si je suis dans l’incapacité physique de le faire c’est le papa qui le fera / pareil c’est assez évident, je pense que toutes les maternités le font, mais je voulais surtout qu’on puisse me laisser du temps sans procéder aux premiers soins du bébé. Quant au peau à peau du papa pareil c’est la règle de base si les mamans ne peuvent ou ne veulent pas le faire, l’équipe propose systématiquement le peau à peau au papa, en tout cas dans ma maternité.
- Je souhaite lui donner la tétée d’accueil et poursuivre l’allaitement sur du long terme, de ce fait j’aurai besoin du soutien et de l’aide de l’équipe encadrante pour la mise au sein et les éventuelles difficultés que je pourrais rencontrer / on m’a laissé faire, on m’a aidé et encouragé dans ce choix, sans pression, ni remise en question. J’ai même eu droit à une rallonge de temps en salle de travail pour lui laisser le temps de bien téter.
- Il est important pour nous que le papa puisse couper le cordon s’il le désire / inutile aussi de le préciser, c’est proposé systématiquement. Je pense qu’il faut le mettre que si l’autre parent ne veut pas couper le cordon.
- En cas de problème, de césarienne d’urgence, nous demandons à être tenus informés à chaque étape et de laisser le papa rester avec le bébé si ce dernier devait être séparé de moi / clairement inutile, bien sûr qu’ils nous informent, nous expliquent. Je n’ai pas eu à vivre ça, mais la sage-femme m’expliquait les choses, et c’est aussi la règle de base que les papas suivent le bébé.
Ce que nous ne souhaitons pas:
Toujours dans l’optique d’un accouchement naturel et démédicalisé:
- Je ne souhaite pas avoir recours à la péridural et demande à l’équipe médicale de m’accompagner dans ce choix murement réfléchi. Si je ne veux pas d’anesthésiant chimique, je suis en revanche ouverte aux méthodes alternatives que l’on pourra me proposer pour soulager la douleur (acuponcture, hypnose, méditation…) / j’aurai adoré qu’on me propose de l’hypnose ou autre, mais les sage-femmes présentent cette nuit là ne faisaient pas ça. J’ai tout de même bien accouché sans péri et ça j’en suis très contente. Je ne regrette pas du tout mon choix, le travail est allé à son rythme mais tout en progression. A un moment on m’a proposé d’inhaler un gaz censé me soulager un peu, mais je l’ai très mal supporté. Une bouffée et je me suis cru shootée, au bord de l’évanouissement, j’ai détesté et n’en ai pas repris. La sage-femme au top, elle ne m’a pas une seule fois proposé la péridurale, elle m’a conseillé de me lever, de faire du ballon, de marcher, mais finalement je n’ai rien fait de tout ça car à la seconde où je me suis levée j’ai perdu les eaux et il fallait que je pousse parce qu'il était en train de sortir.
- Je ne souhaite pas d’épisiotomie, je privilégie une déchirure naturelle / pour avoir eu une déchirure j’en ai eu une! Pas petite en plus, mais je suis contente, parce qu’il avait du mal à sortir et dans un autre hôpital on m’aurait cisaillé pour moins que ça, là elle a laissé faire le bébé et m’a encouragée en m’expliquant comment mieux pousser (oui on peut mal pousser, à vrai dire la première fois on ne sait pas comment pousser, donc on se plante, surtout quand on doit accoucher allongée alors que les lois de la physique jouent contre nous).
- De la même façon, je ne souhaite pas le recours à des instruments de type forceps ou ventouse, sauf nécessité vitale pour le bébé / pas forcément utile de le préciser, je doute que le personnel y ait recours de gaité de coeur ou pour le fun, mais je sais aussi que certaines maternité sont moins respectueuses des femmes que la mienne, c’était pour ça que je voulais tout de même l’intégrer à notre projet.
- Pour ma délivrance, il est important pour moi que l’on ne tire pas sur le cordon, mais qu’on laisse le temps à mon corps de le faire par lui-même / franchement celui-ci j’ai pas mal hésité avant de le laisser dans la version finale. A vrai dire avant de rédiger ce texte, je ne savais pas qu’on pouvait tirer sur le cordon pour décoller plus rapidement le placenta. Chose qui peut s’avérer dangereuse si elle est mal faite, c’est pour ça que je ne voulais pas qu’on me le fasse. Sans parler que sans péridurale ça ne doit pas être très agréable. Ma sage-femme m’avait expliqué qu’il arrivait qu’on le fasse dans certains cas, j’ai donc préféré le laisser. Dans la réalité, l’expulsion du placenta a suivi celle du bébé de quelques secondes, je n’ai rien senti, pas même une contraction, ma sage-femme m’a juste demandé de pousser une dernière fois, je n’ai rien senti j’étais concentrée sur mon bébé que je tenais tout contre moi, le reste n’avait plus d’importance 😊.
*Petit aparté sur la délivrance du placenta, mon chéri m’a dit des mois plus tard qu’en voyant tout le sang au sol il avait eu un peu peur pour moi et il comprenait pourquoi la sage-femme voulait me recoudre au plus vite. Perso je n’ai rien vu, rien calculé, par contre les points de suture à vif ça je les ai bien senti.
Bien évidemment, nous restons conscients qu’en cas d’urgence des décisions doivent être prises très vite et vous avez toute notre confiance pour intervenir dans le meilleur intérêt de notre enfant. Nous voulons que notre bébé bénéficie des meilleurs soins, c’est pourquoi nous faisons le choix d’un accouchement dans votre maternité.
Merci d’intégrer ce projet de naissance à mon dossier et de respecter nos choix au maximum en fonction du déroulement des événements.
Ce que je sais aujourd’hui:
Déjà je n’écrirais pas tout ce que je juge inutile, je parle toujours de mon cas personnel, qui était une grossesse sans soucis et un accouchement naturel par voie basse sans complication:
- Attendre que le cordon s’arrête naturellement de battre pour le couper. En effet le cordon continue de battre encore quelques secondes après l'expulsion, il est constitué d’une quantité de cellules très bonnes pour le nouveau né, donc ça ne coûte rien de le laisser s’arrêter tout seul et c’est très bénéfique pour le bébé.
- Refuser de m’allonger sur la table d’accouchement au moment de l’expulsion. Je connais mon corps mieux que personne, je sentais que debout était ma position d’accouchement, mais on ne m’a pas laissé faire et dans le doute j’ai fait ce qu’on m’imposait. Je sais avec le recul que mon corps s’est mis dans cette position pour une bonne raison, c’est l’un des rares moments dans une vie où l’instinct primaire reprend le dessus, c’est purement animal et il faut laisser faire parce que le corps sait ! Je sais aussi que ce n’est pas de la faute de la sage-femme, elle devait m’installer ainsi pour suivre le monitoring du bébé et parce que c’est le protocole, mais je souhaite qu’un jour les femmes puissent de nouveau reprendre la main sur leur accouchement. Oui accoucher debout, accroupie ou sur le côté c’est possible, ça me parait même plus facile et logique qu’en position allongée.
- Si on doit recoudre le périnée sans anesthésie, il faut que le papa prenne le bébé. J’ai gardé mon fils serré contre moi durant le supplice (et je pèse mes mots) que fut cette phase de couture, et c’était évident qu’il ne pouvait téter correctement dans de telles conditions. J’étais tellement crispée, au bord des larmes et des cris que je retenais dans ma gorge, qu’il ne pouvait décemment pas prendre le sein sereinement. Très grosse erreur de ma part, que je prends pour point de départ de toutes mes difficultés à venir avec l’allaitement.
Encore une fois, je n’en veux à personne pour tout ce qui ne s’est pas passé comme je l’espérais. C’était mon accouchement, c’était à moi de suivre mon instinct et de me faire confiance. J’ai pu le faire en partie et j’en suis très contente, la prochaine fois on fera mieux 😉.