Il y a 2 ans tu venais au monde de la plus douce des façons, sans cri ni douleur.
Aussitôt dans mes bras, contre moi, mon regard s’est plongé dans le tien et je t’ai reconnu.
Ce n’était pas la vague d’amour, pas le coup de foudre parce que ce n’était pas nécessaire entre nous. Je te connaissais déjà, je t’aimais déjà depuis si longtemps que mon coeur t’a tout de suite reconnu comme étant de ma famille, de ma chair et de mon sang. Tu étais de moi, de nous, tu étais toi et je le savais déjà.
Néanmoins ta naissance m’a déstabilisée.
Les premières semaines n’ont pas été simples. Très vite je ne me suis pas sentie à la hauteur de cette immense responsabilité qui était de subvenir à tes besoins sans te casser ni te blesser.
La peur m’a saisie. J’ai voulu la refouler en l’ignorant, en forçant sur mon corps, en m’acharnant même contre lui. Je voulais prouver à tous que j’en étais capable, mais surtout je voulais me convaincre moi que je pouvais y arriver seule quand ton papa était au travail.
J’ai voulu devenir la mère parfaite pour toi ; celle qui gère tout, qui prend 1000 décisions à la minute et qui assume ses choix avec la confiance d’une experte. Seulement je n’étais ni une experte ni confiante ni bienveillante envers moi-même.
Je ne me suis pas laissée le temps de digérer nos épreuves. Si minimes soient-elles, elles ont laissé des séquelles dans mon inconscient, dans mon coeur de maman. Les doutes et l’inexpérience ont fait le reste.
Je ne voulais pas admettre que j’avais peur.
Peur de toi, de moi.
Peur de perdre ma liberté, mon indépendance que je chérissais tant et qui m’avait été inculqué depuis la naissance.
Peur de devenir quelqu’un d’autre, que je ne voulais pas et ne reconnaissais pas (encore).
Peur de perdre mon confort, de ne plus pouvoir penser à moi, de ne plus pouvoir être égoïste.
Peur de ne pas être à la hauteur, de mal faire, de tout devoir gérer et de tout foirer.
Tu étais si petit, si fragile, si dépendant de moi, de nous, que la peur de te perdre est devenue envahissante et paralysante par moment.
Je faisais les choses par automatisme, par peur qu’il ne t’arrive du mal si je ne les faisais pas, mais je me souviens d’une grande lourdeur dans mon coeur, dans mes membres.
Je m’inquiétais de tout, surtout du pire qui pouvait t’arriver. Je surveillais ta respiration, ta température, ton poids, tes couches…
Ta première année fut angoissante pour moi, à craindre à la moindre seconde que tu ne chute lorsque tu as commencé à te déplacer seul et à vouloir explorer par toi-même. J’étais à la fois très fière de ton développement, mais terrorisée par ce qui pouvait se passer de tragique.
J’ai beaucoup prié, pour toi, pour moi, pour avoir la force de tenir une autre journée malgré cette angoisse et cette peur viscérale que j’avais de plus en plus de mal à contenir.
Je n’étais pas seule, heureusement.
Tu as un papa merveilleux. Sans lui j’aurais sombré. Sans lui tu ne serais pas si épanoui, confiant et souriant.
Le pire c’est que ma plus grande angoisse, c’était de te communiquer ma peur et mon manque d’assurance. J’avais tellement peur de te donner les mauvais codes, de te transmettre mon stress plutôt que ma joie et mon amour. J’avais peur que tu ne perçoive de moi que le doute, le manque de confiance et l’angoisse.
Bon, tu les as perçu, c’est inévitable ; c’était trop flagrant, surtout pour quelqu’un d’aussi sensible que toi, mais je sais que tu as aussi ressenti tout ce que j’avais de bon à te donner.
Alors merci à toi.
Merci d’avoir fait de moi cette nouvelle femme.
Merci d’avoir fait de moi cette mère.
Merci d’être comme tu es.
Merci de m’avoir choisi pour être ta maman.
Merci de croire en moi.
Merci de m’aimer.
Merci de ne pas douter de moi ni de mes compétences.
Merci de pardonner mon ignorance, mes erreurs, mes doutes et mes pertes de patience.
Merci d’être toi.
Merci d’être là 😌.