Je vais tout de suite spoiler la fin de cet article, non je n’ai pas de remède miracle !
Ceci étant dit, faisons un petit tour d’horizon des différents maux de la grossesse et leurs conséquences sur notre quotidien.
Les maux…:
D’emblée je tiens à dire à toutes celles qui ne sont pas malades ou qui ne l’ont pas été durant leur grossesse que je les déteste ! N’y voyez rien de personnel, mais j’ai tellement entendu de femmes me dire qu’enceintes elles n’avaient eu aucune nausée, aucun symptôme de quoi que ce soit, que j’ai fait une overdose d’incompréhension ambiante. Elles m’ont légèrement soulée à venir me dire qu’elles ne comprenaient pas, que pour elles tout c’était hyper bien passé, du coup aux yeux des personnes qui n’ont pas d’enfants ou qui n’ont pas d’utérus je passais pour la relou de service, la chochotte qui se plaint pour rien ; parce qu’au fond être enceinte ça va, c’est « une bonne maladie » et puis si on ne se sent pas bien au moins c’est pour « la bonne cause ». Je l’ai tellement entendu ça aussi !!! Faut arrêter, sérieusement, faut plus dire ce genre de chose à une femme enceinte qui lutte chaque jour pour sortir de son lit et qui se retient de ne pas courir aux toilettes toutes les heures. Vous ne savez pas en fait ce que vit cette personne, comment elle se sent, vous n’êtes pas dans son corps alors arrêtez de minimiser son ressenti ou même sa souffrance, parce que vivre avec des nausées permanentes et des vomissements réguliers, combiné à une fatigue indescriptible, c’est juste l’enfer ! Dire à une femme enceinte qui traverse ça que ce n’est rien, que « ce n’est tout de même pas une maladie d’attendre un bébé », c’est la rabaisser, l’humilier dans un moment particulièrement vulnérable de son existence. C’est pas possible en fait. C’est comme si on disait à quelqu’un qui a une bonne gastro que franchement c’est rien, il abuse, il pourrait quand même se lever et aller bosser comme si de rien n’était et surtout pas déranger les autres avec ses petits problèmes intestinaux.
Pendant mon premier trimestre c’est que j’ai vécu, bon on ne me disait pas ça comme ça, mais clairement on me faisait comprendre que je devais légèrement exagérer mon état. Pas tout le monde fort heureusement, mais c’est beaucoup venu de professionnels de santé, et là c’est inadmissible ! Je me souviens m’être effondrée en larme dans le bureau de la médecin du travail, parce qu’au bout de plusieurs semaines ENFIN une personne m’écoutait et surtout me comprenait. Une femme me disait que ce que je vivais était réel, que ça fait malheureusement partie du package de la grossesse pour certaines femmes, mais qu’il ne faut pas pour autant prendre ça à la légère. Je me suis tellement sentie comprise que j’ai fondue en larme.
Je dois bien l’avouer, avant d’être enceinte j’avais une image assez naïve et juvénile de la grossesse. Mon imaginaire de petite fille, puis d’adolescente, et même de jeune femme, m’avait conditionnée à reconnaître les symptômes de la grossesse. Les clichés que véhiculaient le cinéma et les séries m’avaient inculqué qu’une femme sait qu’elle est enceinte lorsqu’elle cumule ces symptômes : fatigue, nausée, vomissement, vertiges, évanouissement. Quelque part autour de la puberté j’ai du apprendre qu’il était vaguement question de retard de règle 🤔, mais je m’y fiais moins puisqu’il existe des dénis de grossesse et autres exceptions. Mais vraiment pour moi je me disais que le jour où je présenterai ces signes là cela voudrait dire que je suis enceinte. Vous imaginez le nombre de tests que j’ai fait pour rien par la suite... Parce que bien sûr qu’on peut être fatiguée et avoir des vertiges pour tout autre chose. Long story short, ce ne sont finalement pas du tout ces signaux là qui m’ont alerté lorsque j’ai commencé à me dire que je pouvais potentiellement être enceinte. Un banal retard de règle comme j’en avais eu et aurai encore de nombreux. Pour finir ma petite anecdote, ce qui est amusant c’est que du jour où j’ai su que j’étais enceinte, c’est là que j’ai commencé à avoir des nausées, à vomir, à avoir des vertiges et des évanouissements. Le mental est vraiment puissant !
Bon à partir de ce moment mon premier trimestre a été difficile à vivre. Fatigue extrême, je dis extrême parce que j’étais habituée à être fatiguée. J’exerçais un travail en partie de nuit assez fatigant avec des ados à gérer, donc la fatigue je connaissais, seulement là c’était un autre délire. Je n’arrivais même plus à me lever le matin pour faire mon travail. Je suis sportive, avec un bon cardio et de l’endurance, eh bien là monter deux étages m’essoufflait quand avant j’en montais cinq en courant, en talon !
Et puis les nausées. Ça c’était vraiment dur à vivre parce qu’elles ne partaient jamais. Jour et nuit j’avais envie de vomir, aucun moment de répit. Et au 2e mois les vomissements se sont rajoutés. Là je ne sortais plus de chez moi, je n’étais capable de me lever que pour aller dans mes toilettes, mais certains jours même pas, j’avais ma bassine au pied de mon lit et je dormais comme je pouvais. En plus je ne pouvais pratiquement rien faire, tout me fatiguait : lire, regarder la télé, être sur mon téléphone. Manger me dégoutait au plus au point, pourtant c’était la seule chose qui calmait un peu mes nausées. J’ai eu des envies très étranges durant cette période, disons que quand je trouvais enfin un aliment qui ne me rebutait pas, je devenais assez… obsessionnelle. Par contre une fois que je m’étais lassée d’un aliment c’était fini, j’en étais dégoutté pour de bon.
J’ai conscience toutefois que j’ai de la chance, parce que mon calvaire s’est arrêté dès le début du 2e trimestre, alors que tant d’autres femmes vivent ça tout au long de leur grossesse. Ça porte un nom, l’hyperémèse, et on peut lui rajouter l'adjectif "gravidique" quand la femme perd du poids à force de vomir tout le temps. Alors à toutes celles qui en souffrent, vous avez tout mon soutien, ce n’est pas grand chose, mais vous êtes des warriors ! J’étais très malheureuse durant cette période, donc je n’ose imaginer ce que vous pouvez vivre. Je ne savais même plus ce que ça faisait de ne pas ressentir de nausée tout le temps, le parfum d’une fleur, l’odeur agréable d’un bon petit plat. Je croyais que ça durerait tout la vie, ou du moins tout le temps de ma grossesse. Encore une fois j’ai eu la chance que tout s’arrête, mais certaines choses n’ont plus été pareil pour autant. La cuisine par exemple, j’adorais cuisiner et surtout pâtisser, eh bien c’était fini. Beaucoup d’odeur ont continué à me dégoûter pendant toute ma grossesse et même encore aujourd’hui. La fatigue n’est pas complètement partie non plus, et depuis la naissance c’est encore un autre monde. Mais dans l’ensemble je fais partie de ces femmes qui se sont senties revivre à partir du 3e mois.
Hormis ce démarrage difficile, le reste de ma grossesse a été facile, sans autre maux dérangeant. Un léger mal de côtes quand je dormais, sinon j’ai pu pratiquer du sport jusqu’au 8e mois, ensuite les canicules m’ont freinée, j’ai décidé de cocooner à la place 😊. Il y a cependant des désagréments plus gênants que d’autres, et les gaz, l’œdème dans les jambes, les seins qui doublent de volume nous rappelant ainsi combien la gravité est puissante, font partie de ces changements pas toujours sympathiques, mais qu’on peut facilement occulter. Ce qui n’est pas franchement le cas des vergetures. Nous les femmes on n’aime pas trop les vergetures, et c’est bien souvent notre obsession pendant la grossesse. On ne veut surtout pas rester marquée à vie, et on fait tout pour l’éviter. Franchement à part se tartiner d’huile de coco ou autre, il n’y a rien à faire. Si la peau doit craquer elle craquera, peu importe la crème que vous mettrez. Et si la peau est suffisamment élastique vous pourrez être épargnée. Il faut surtout boire de l’eau en quantité et prier pour que la nature nous épargne un peu 😉.
Si moi j’ai vécu une grossesse sans encombre, d’autres femmes n’ont pas cette chance, et doivent rester alitées durant des semaines, voire des mois. Certaines ont des saignements ou des contractions précoces, du diabète gestationnel, des hémorroïdes, des douleurs dorsales, de la rétention d’eau, ou de la constipation (ça on l’a toutes je pense). Et sans compter qu’on peut ne pas aimer être enceinte sans pour autant avoir tous ces désagréments.
On peut ne pas aimer voir son corps se transformer et prendre 15 kg. On peut ne pas aimer ne plus pouvoir boire un verre avec ses copines, ne plus pouvoir faire son jogging matinal, ne plus pouvoir porter les vêtements qu’on veut parce que notre gros ventre ne rentre plus. On peut ne pas aimer sentir son corps ne plus nous appartenir. C’est quand même une sensation très étrange. Notre corps change, il grossit, il fait des trucs qu’on ne soupçonnait même pas et en plus on sent un petit être à l’intérieur qui se manifeste de plus en plus à coup de pied et de poing. Franchement je comprends qu’on puisse ne pas apprécier ça. Et puis le fait de devenir un objet de curiosité n'est pas forcément agréable. D’un seul coup des gens qu’on ne connait pas viennent nous parler, nous poser des questions très intimes et parfois veulent toucher notre ventre. C’est comme si on devenait une attraction publique. Ce n’est pas toujours facile à vivre et il faut parfois remettre les gens à leur place.
Pour ma part j’ai adoré être enceinte, à partir du 2e trimestre on est bien d’accord, autant par rapport à ce qui se passait dans mon corps que par rapport à toute la bienveillance et les sourires qu’on me renvoyait. Dans mon entourage, dans mes activités, je n’ai eu que des gens gentils, même si les premiers temps on me disait des choses que je ne pouvais pas entendre tellement je me sentais mal, une fois cette étape passée j’ai moi-même retrouvé beaucoup de légèreté et de sérénité, donc c’était ce qu’on me renvoyait aussi. On m’ouvrait les portes ; on m’apportait les choses pour m’être agréable ; on s’inquiétait tout simplement de ma santé et de celle du bébé. On me souriait, beaucoup, et on me posait des questions, parfois intrusives, mais je le prenais bien parce que je savais que ça n’était pas malveillant, juste maladroit. Et puis on me laissait la place à la caisse. Même si j’en ai très peu profité, je me sentais mal de prendre la place de quelqu’un d’autre, mais en fin de grossesse là j’avais moins de scrupule, et naturellement les caissières me faisaient passer en priorité, c’est quand même cool ça 😉.
Bref j’ai vécu une belle grossesse dans l’ensemble et de ce fait j’en retiens un sentiment d’état de grâce, une grande bienveillance a entouré ma grossesse donc j’ai pu me sentir sereine et confiante pour la suite. L’accouchement j’entends, parce qu’après ça s’est gâté légèrement, mais ceci est une autre histoire à retrouver dans un autre article…
…peut-on y remédier ? :
Parlons maintenant de tout ce que j’ai pu essayer pour soulager tous ces maux particulièrement désagréables, voire handicapant par moment, qui n’ont pas, mais absolument pas marché sur moi !
Mon gynécologue m’a d’abord prescrit des médicaments censé atténuer les nausées, aucun effet. Il m’a ensuite conseillé de prendre des gellules de gingembre spéciales femme enceinte, et de voir avec le pharmacien ce qu’il conseillait. Mais il n’avait pas de solution. J’ai donc essayé le gingembre, aucun effet. J’ai essayé de fractionner les repas pour manger de plus petites quantités, mais plus souvent. Aucun effet. On m’avait dit de ne pas me lever sans avoir mangé quelque chose, franchement ça n’a rien changé, très souvent dans les 5 minutes qui suivaient je courais aux toilettes. On m’a recommandé un acuponcteur qui lui même m’a prescrit de l’homéopathie, rien, zéro, nada, aucun effet pour les deux ! Je devais rester allongée à attendre que le temps passe ; je ne pouvais presque pas me lever, encore moins réfléchir ou faire quelque chose de productif. J’ai donc du être en arrêt durant plusieurs semaines. Franchement j’ai détesté cette période. A tel point que pour moi il était hors de question que je remette ça un jour. Je clamais haut et fort que plus jamais je ne serais enceinte tellement j’étais mal et malheureuse. Moi qui suis plutôt active et qui aime être tout le temps occupée, là c’était un calvaire. Bien sûr que je me forçais à bouger, à sortir prendre l’air, même si en plein hiver ce n’était pas toujours évident. Mais rien n’améliorait mon état. Je commençais sérieusement à déprimer, j’avais des grands moments de doute et de stress. J’essayais de ne pas trop pleurer, de rester positive mais vraiment c’était difficile. Mon chéri travaillait, j’étais donc seule la journée, je ne pouvais pas faire grand chose comme je l’ai dit tout me rendait nauséeuse.
Et puis un jour, comme par enchantement, je me suis sentie un peu mieux. Il le fallait je n’avais plus d’arrêt de travail, je devais reprendre, et je le voulais ! Je n’ai pas trop laissé le choix à mon employeur, ensemble on devait trouver une solution, les femmes enceintes sont protégées, c’est la loi et il ne faut pas hésiter à se renseigner sur ses droits dans ces moments là. Heureusement j’ai la chance d’avoir eu un employeur génial, qui a tout fait pour m’aider, mais ce n’est pas le cas partout, donc n’hésitez pas à faire valoir vos droits, tout le temps et en tout lieu !
Le premier trimestre s’achevait, je me sentais plus solide et mes forces revenaient. Progressivement je me suis sentie revivre, c’était un vrai bonheur. Les vacances sont arrivées très vite, on a pu partir prendre l’air loin de chez nous, ça a aussi beaucoup aidé.
Comme je le disais en introduction, je n’ai aucun remède miracle à partager. J’ai essayé beaucoup de choses différentes qui n’ont absolument pas fonctionnées sur moi, mais cela ne veut pas dire que ce soit inefficace pour d’autre. Et puis je ne sais pas si c’est un fait avéré, mais j’ai l’impression que plus on est active et dynamique, plus ce premier trimestre est dur. Je ne sais pas, dites moi ce qu’il en a été pour vous.