Cette phrase est tellement belle et tellement vraie.
A mon sens, elle résume à elle seule la maternité, sa découverte, son entrée solennelle car tellement importante et impressionnante.
Ce n’est pas rien de devenir mère, de devenir parent. Et lorsque tu le deviens tout ton monde change, tout ce que tu savais ou croyais savoir est bouleversé, balayé, oublié. Tu n’es plus exactement la même personne sans savoir encore qui tu es en train de devenir.
Ton univers a radicalement basculé dans une autre dimension mais tu ne sais pas encore laquelle, ni si tu vas réellement l’aimer.
C’est très étrange de devenir parent, c’est le truc le plus fou, le plus incroyable et le plus banal à la fois qui soit. On ne peut pas tous devenir astronaute ou star de cinéma, par contre on peut tous devenir parent, et c’est sûrement l’expérience de vie la plus lourde de conséquence qui soit pourtant tout le monde semble trouver ça « normal », « naturel » et évident de devenir parent. A tel point qu’on ignore totalement les parents, leurs difficultés, leurs interrogations et leurs réalités. Je trouve ça sidérant comme constat.
Mon aussi j’ai connu ce jour, à vrai dire je pense qu’il y en a plusieurs par vie, mais en ce qui me concerne la naissance de mon fils fut l’un d’eux, et à ce jour le plus important.
Cette rencontre elle fut belle, douce et matinale.
J’ai oublié certains détails mais pas la sensation de sa peau chaude et glissante sous mes doigts. Le contact avec ce petit corps était tellement fort, tellement puissant. Je l’avais enfin dans mes mains, contre moi, dans mes bras. Moi qui avais passé 8 mois à lui parler, à interagir avec lui en caressant mon ventre, en lui parlant, en dansant, en chantant, je le tenais enfin contre moi et c’était l’évidence même.
Ce ne fut pas une vague d’amour qui m’a envahie, mais juste la rencontre avec un être que je connaissais déjà, une reconnaissance, comme si je l’avais toujours connu. Je le savais être de ma famille, de mon ordre et de mon rang. C’était exactement ça, merci Jean-Jacques 😉 (oui j’ai vraiment eu ces paroles en tête en salle de naissance).
Je n’ai pas ressentie de déflagration d’amour à ce moment là parce qu’en fait je l’aimais déjà, j’étais déjà sa maman et lui mon fils depuis le jour où j’ai découvert son existence en moi. Là oui j’ai ressentie un amour inconditionnel et infini pour cet être que je désirais depuis si longtemps.
Ce jour de décembre est l’un des plus beaux et des plus flippant que j’ai vécu.
Apprendre qu’on est enceinte alors qu’on ne s’y attend pas c’est une expérience en soi. C’est la gravité qui te tombe sur les épaules en 3 min dans le fracas d'un minuteur de portable. C’est une belle surprise, mais sur le coup c’est surtout un sacré choc qu’il faut encaisser et assimiler.
Dans mon cas ce ne fut l’affaire que de quelques minutes, mais porter ce doux secret en soi c’est grisant aussi.
Tu vois le monde autrement. Tout autour de toi continue de tourner rond, mais ton regard est différent. J’ai eu une sorte de dissociation à ce moment là, j’étais entourée de gens, je devais vaquer à mes occupations professionnelles habituelles et pourtant tout avait radicalement changé pour moi. Je n’étais déjà plus la même, plus vraiment là. Je les voyais vivre comme d’habitude et je me disais « si vous saviez ce que je viens d’apprendre, si vous saviez ce qui se passe en moi là tout de suite et pour les prochains mois… ». C’était surréaliste.
Ce jour là j’ai su, pour la première fois de ma vie j’ai su que ça irait bien.
Au fond de moi est née une grande confiance, bon que j’ai perdu depuis en chemin, mais à partir de ce jour et jusqu’à l’accouchement j’ai été apaisée, à ma place dans ce corps changeant, en confiance avec moi même et mon bébé.
C’était beau et fort.
J’ai compris ce que c’était que d’être puissante, d’appartenir à ce genre que je méprisais par moment, de descendre de toutes ces femmes depuis la création de l’humanité. Ça fait très mégalo dit comme ça, mais c’est vrai. J’ai ressenti une appartenance à toutes ces générations de femmes qui ont donné la vie avant moi, je me suis sentie connectée à elles, à leur force et leur courage. C’est difficile à expliquer mais c’est ce qu’on appelle l’empowerment je crois. Je me suis sentie protégée par toutes ces femmes, par cette lignée de femmes dont je viens et j’ai su.
C’est dommage qu’en post partum tout ce soit effondré.
Mais ceci fait l’objet d’un autre article 😉.