C’est la première fois que j’aborde le sujet sur le blog, mais il est central et ne peut pas faire l’objet que d’un seul article. Dans celui-ci je vais parler de mon couple avant et après la naissance de notre fils. Comment cette nouvelle vie à trois l’a affecté et surtout ce que nous mettons en place pour le préserver malgré les tensions, la fatigue, les reproches et la fameuse « charge mentale ».
On nous le dit et nous le répète durant la grossesse : « avec l’arrivée d’un enfant le couple est mis à rude épreuve », « attention la première année d’un bébé est souvent fatale pour le couple »… que d’encouragement !
Pour une fois je ne vais pas parler uniquement de moi, mais de mon chéri également. On va parler amour. Parce qu’au fond un bébé naît avant tout dans l’amour. Enfin la plupart du temps, il est le fruit d’un amour entre deux personnes et c’est donc ensemble que ces deux mêmes personnes vont l’élever. Dans la théorie, parce que dans les faits ce n’est pas toujours le cas.
Pour ma part je m’estime chanceuse puisque mon chéri et moi avons la même vision des choses, on est d’accord sur à peu près tout et si on ne l’est pas on discute, on échange beaucoup, bref on communique tout le temps.
Faire un enfant était une évidence pour moi. Depuis des années c’était même devenu étouffant tellement je voulais un bébé. Et quand je suis tombée amoureuse la question de la maternité s’est posée avant même qu’on officialise notre couple. J’ai été directe et honnête à ce sujet, c’était à prendre ou à laisser pour lui, mais je ne renoncerai pas à mon désir d’enfant. Être enceinte c’était prévu, certainement pas aussi vite, puisque 5 mois après le début de notre relation nous concevions ce petit être sans le savoir.
Revenons un peu en arrière que je plante le décor.
Nous avons commencé à sortir ensemble en juin, une semaine plus tard il s’installait chez moi, un mois et demi plus tard il me demandait en mariage et donc 5 mois après on faisait un bébé. Tout ceci sans aucune préméditation, sans planifier quoi que ce soit, sans rien forcer. Dans notre couple tout a toujours été fluide, facile, évident. On s’aime, bah on se le dit même si on est ensemble que depuis deux semaines. On fonctionne ainsi depuis le début et on en riait même souvent de voir à quelle vitesse notre relation évoluait, mais à aucun moment cela ne m’a fait peur, et pour lui avoir souvent posé la question, à lui non plus. On vivait sans trop se soucier de l’avis des autres, jusqu’au jour où j’ai appris que j’étais enceinte.
Le choc, la joie, les questions, les nausées !
C’était un bébé surprise, mais tellement désiré, déjà tant aimé. Très vite j’ai été malade et donc obligée de me centrer sur moi. Je n’avais plus de place pour mon amoureux à ce moment là et je m’en voulais beaucoup. On était un couple fusionnel et là je n’étais plus en mesure d’assurer ma part. Je n’avais pas non plus envie de me forcer, j’ai donc laissé faire le temps, et lorsque le premier trimestre et son lot de petits et grands maux fut passé j’ai pu reprendre ma place d’amoureuse.
Encore une fois j’ai la chance d’avoir un mec génial, qui me comprend parfaitement et respecte mes choix en toute circonstance. Au fil des mois notre couple s’est encore plus renforcé, même si j’étais davantage focalisée sur ma grossesse et mon futur rôle que sur notre histoire à nous. J’en ai pris conscience un soir où en caressant la nuque de mon chéri je l’ai vu ému aux larmes. Cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas eu de geste tendre envers lui qu’il en avait les larmes aux yeux. Lui même ne l’avait pas vraiment remarqué avant cet instant, mais là on a compris tous les deux qu’il fallait qu’on réagisse. Moi en tout cas j’ai réalisé que je devais prendre plus soin de mon couple, de l’homme que j’aimais sinon nous allions nous perdre.
Dans notre cas, la base de notre famille c’est notre couple, il était donc essentiel pour moi de le préserver, de le choyer et nous n’en serions que plus fort pour faire face à cette fameuse première année !
Nous avons pleinement profité à deux des mois qui nous restait avant la naissance et engrangé un maximum d’amour et de tendresse pour les mois de disette affective à venir 😉.
Et puis bébé est né. Il était là, tout petit, tout frêle, il était hors de question de penser à quelqu’un d’autre qu’à lui. Mes yeux, mon esprit, mon amour, tout lui était dédié, mais à côté je savais qu’il en était de même pour mon chéri. Lui et moi on partage tout, on se dit tout, même les choses les plus intimes, les plus triviales, les plus idiotes. On rit beaucoup, en d’autres termes on est très complice. Et c’est notre force : notre communication. On se respecte, on s’aime, on s’admire mutuellement. J’ai longtemps cru que l’amour c’était un duel dans lequel il y en avait toujours un qui aimait plus que l’autre ; un plus fort que l’autre qui menait le jeu. Mais en fait non. L’amour ce n’est pas un duel, mais un duo où les deux parties sont à égalité. Il est mon égal et je suis son égale. C’est la base je pense d’un couple sain et solide.
Pour ce qui est de l’intimité, point très important dans la vie d’un couple, je traiterai du sujet dans un autre article car il y a beaucoup à aborder. Mais ici je dirai juste qu’il y a eu baisse, voire absence de libido durant plusieurs mois, mais que nous avons toujours compensé avec beaucoup de tendresse, de complicité et de douceur. En somme, beaucoup d’amour et de patience l’un envers l’autre 😌.
C’est au milieu de tout cet amour qu’est donc arrivé notre petit plumeau et cela n’a fait que renforcer notre relation. On compte encore plus l’un sur l’autre, on se fait confiance et on se complète sans écraser l’autre.
Pendant ma grossesse je craignais de ne pas laisser assez de place au papa, de vouloir tout contrôler, que tout soit fait à ma façon, selon mes directives, et j’ai donc bien veillé à ne pas tomber dans ce piège, connaissant mon tempérament 🤨. Nous étions une équipe et devions tout décider ensemble, mon avis ne compte pas plus que le sien, et même si je fais plus certaines choses que lui, typiquement l’achat de vêtement ou la cuisine pour notre fils, cela ne signifie pas qu’il n’a rien à dire. Nous avons fait ce bébé ensemble, c’est donc ensemble que nous l’élevons !
Avant la naissance de notre petit plumeau je connaissais le terme de « charge mentale », je le comprenais, mais je ne l’avais pas réellement expérimenté. Et puis il est arrivé et tout a basculé. Bon je dramatise volontairement, mais c’est vrai que j’ai découvert à ce moment là le poids qui pesait sur les épaules de ma mère, de mes grands-mères, de mes tantes ; de toutes les mères qui m’entouraient, celles d’ici et d’ailleurs, d’aujourd’hui et d’hier. J’ai pris la pleine mesure de la signification de cette expression et je l’ai parfaitement intégrée.
Je me suis rendue compte que tout de même je gérais beaucoup de choses, déjà pour ma propre personne (même si en post-partum on a tendance à s’effacer au profit de notre bébé), pour mon bébé et, plus largement, pour notre famille.
Ne travaillant plus temporairement, je suis devenue de facto et sans le vouloir, mère au foyer. Implicitement j’ai pris à ma charge la responsabilité des tâches ménagères, de la gestion du foyer, du quotidien avec un bébé, des rendez-vous médicaux, de la cuisine, etc. Lorsque j’ai compris que cela ne me convenait pas du tout, j’ai décidé d’en parler avec mon chéri pour qu’on répartisse mieux les tâches, que je ne sois plus seule à porter ce poids, parce que c’est ainsi que le percevais.
Cela fonctionne bien d’un point de vue logistique, la répartition est assez équitable. Mais en pratique je reste celle qu’on appelle pour tout ce qui à trait à notre fils ; je reste celle qui sait quand il est nécessaire de faire les courses ; je reste celle qui s’occupe du roulement des vêtements de notre bébé, celle qui fait les recherches, qui s’informe sur la façon dont on élève notre enfant, celle qui initie les choses, qui met en place et qui teste en solo. Mon conjoint à beau être un papa génial, il n’est pas encore assez impliqué dans ce que j’appelle les « coulisses » de notre quotidien. Et j’en suis en partie responsable, puisque je n’avais rien dit avant. J’ai pris sur moi, pensant que c’était à moi de tout gérer parce que je ne travaille pas.
Je suis féministe, pourtant je pense que j’ai encore du chemin à faire dans ce domaine pour déconstruire des schémas familiaux bien ancrés.
Je me disais que je devais le laisser dormir la nuit et m’occuper seule de notre bébé pour qu’il ne soit pas fatigué au travail. Je me disais que c’était à moi de m’occuper du ménage parce qu’il n’est pas là et que je peux bien le faire, je ne travaille pas. Je me disais que c’était moi qu’on devait appeler en priorité concernant notre bébé, puisque je ne travaille pas. Et il y en a encore beaucoup des comme ça. Seulement je ne veux plus penser ainsi. Notre foyer nous le construisons ensemble, nous nous en occupons ensemble !
Certes il a un travail, mais s’occuper à plein temps d’un enfant c’est un travail aussi, pas reconnu, ni financièrement ni socialement, mais c’est un sacré boulot ! J’admire les femmes qui font ce choix sciemment et qui s’y épanouissent. J’admire aussi celles qui s’occupent des enfants des autres, qui leur prodiguent tout leur amour et tout leur soin. Sans oublier celles qui élèvent seules leur enfant. Maman solo je n’aurais pas pu alors je tire mon chapeau à toutes celles qui assument seule un ou plusieurs enfants.
En ce qui me concerne la charge mentale pèse plus lourd sur mes épaules que sur celles de mon conjoint, même s’il s’implique pleinement dans l’éducation de son fils, dans son bien être et dans le mien. Mais les défis sont chaque jours réinventés, on s’efforce alors de rester attentif à l’autre 😊.
Tout n’est pas rose, loin de là. On a beau être amoureux, complices et beaucoup communiquer, cela ne nous empêche pas d’avoir des incompréhensions, des désaccords, des prises de becs (jamais de dispute par contre). On a beau essayer de désamorcer les conflits avant qu’ils n’explosent, ce n’est pas pour autant qu’on évite les reproches ou la frustration.
En tant que couple nous n’avons que 2 ans d’existence, et en tant que parents 13 mois. Nous avons donc très tôt dû apprendre à vivre en mode famille. Et l’un comme l’autre l’exemple de nos parents respectifs nous a été d’une grande aide, au sens où nous savons très bien tout ce qu’il NE FAUT PAS faire. A partir de là on a tenté comme on pouvait de se construire une base de couple solide, unis et solidaires. On se parle, on se raconte tout et on se soutient.
Mais il arrive régulièrement qu’on ne se comprenne pas, qu’on ne soit pas d’accord ou qu’on n’ai pas envie des mêmes choses. Dans ces moments j’ai tendance à me renfermer sur moi, pour d’abord essayer de comprendre ce que je ressens, mes propres émotions. Je verbalise intérieurement les choses et ensuite, quand je me sens prête, quand je sais que je peux mettre des mots dessus, même s’ils ne sont pas forcément les plus justes, je lui en fais part.
Une fois calmée, une fois que les émotions sont digérées je sais que je peux communiquer plus intelligiblement que si je suis encore dans ma propre tempête émotionnelle. Je veux à tout prix éviter de m’énerver, de lui reprocher mes propres sentiments alors qu’il n’a aucune prise dessus. Ce que je ressens et la façon dont je perçois les choses, les situations, ne sont pas de sa faute. Ce n’est pas de sa faute si par moment je me sens seule ou blessée ou en colère. Il n’y a que moi qui peut décider de la façon dont je réagis et je ne peux pas lui en vouloir de ne pas savoir ce que je ressens avant que je ne le lui dise.
C’est ma façon de faire, je sais que pour mon chéri c’est un peu différent puisque lui n’a pas l’habitude de parler de ses émotions. Il les garde en lui, il se tait et encaisse mes récriminations ou mes angoisses. Je suis celle qui va chercher, celle qui lui fait extérioriser ses sentiments, parfois un peu malgré lui 🙄.
Et les occasions d’être blessée, épuisée, frustrée, incomprise ou même de se sentir abandonnée sont nombreuses lorsque l’on a un bébé. On découvre tout ; on découvre un nouveau petit humain, mais aussi on se découvre soi en tant que nouvel être humain. Être parent c’est être une nouvelle version de soi, sans être vraiment soi (en tout cas les 2 premières années). Alors les sujets de discorde, de doute, de crise, sont pléthores. On ne sait pas comment faire soi-même, on se dit que l’autre saura mieux, puis on se rend compte que non et ça peut nous énerver. A l’inverse si on voit qu’il sait effectivement mieux faire, ça peut nous blesser ou nous culpabiliser, on se dit qu’on n’est pas à la hauteur, qu’on est un mauvais parent. Je crois vraiment que dans ces cas là l’important est de rester indulgent, patient et bienveillant envers soi et envers l’autre. Prendre du recul, se dire que ce qu’on ne sait pas faire l’autre peut y arriver et sinon on apprend ensemble, on se soutient et on se plante ensemble 😁.
Il n’y a pas de secret, pas de méthode miracle pour faire durer un couple, surtout lorsqu’on est parent. A chacun de trouver son équilibre, son mode de fonctionnement et de rester à l’écoute de l’autre. Le notre est de pouvoir compter l’un sur l’autre en toute circonstance.
Bon en tant que femme on a tendance à penser que l’autre en face sait lire entre les lignes, qu’il devrait savoir que là je suis à bout ou que je lui en veux. C’est en tout cas un travers que j’essaie de corriger en échangeant avec mon conjoint. Rien n’est parfait, notre couple ne fait pas exception et la perfection n’est pas notre objectif 😉. On doit tous les deux faire des efforts pour mieux se comprendre, pour accepter les changements induits par l’arrivée de notre fils et pour en faire notre force sur le long terme.