La pression du 2e enfant

Alors, à quand le 2e ? ou quand la société te met la pression

Publié il y a 4 ans

J’écris pour ne plus y penser, en tout cas c’est ce que j’espère. 

J’écris parce que je n’arrive pas à y voir clair, parce que tout se mélange dans ma tête et que ça m’oppresse. 

Je veux enfin prendre une décision sur le sujet et enfin passer à autre chose. Bon je sais que dans les faits ça sera moins manichéen que ça, mais j’aime me bercer de douces illusions.

 

D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu des enfants. Mais avec une nuance de taille, je voulais les adopter. Puis un jour j’ai ressenti l’appel de la maternité, un appel si criant de détresse qu’il m’a suffoquée. Avec le temps ce désir n’a fait qu’amplifier. 

Mais pour ce qui est du nombre, je ne savais pas très bien, 1 sûr, 3 dans l’idéal. Un si je n’avais pas beaucoup de moyens, et trois en cas d’opulence avérée. Je sais parfaitement qu’il n’est pas nécessaire d’être riche pour avoir plusieurs enfants, mais dans ma conception de la parentalité, je me dois d’avoir les moyens de subvenir aux besoins de mes enfants, d’avoir de quoi leur payer des études, c’est ma barre de référence à moi, pour d’autre ce sera autre chose. Mais l’argent est un sujet de doutes, d’angoisse et de questions depuis l’enfance, donc pour moi il est essentiel d’en avoir assez pour élever un ou plusieurs enfants. 


J’ai longtemps été fille unique, donc j’imagine que ça joue aussi sur ma vision de la fratrie. Je ne vois pas l’intérêt d’avoir des enfants d’âge rapprochés, je trouve même ça trop difficile à gérer. J’ai adoré être une grande soeur autonome, qui peut garder son petit frère, lui donner le biberon, aider sa mère à lui donner son bain. J’étais une vraie petite maman, de ce fait avoir des enfants de façon espacée me conviendrait tout à fait. Mais voilà il y a un autre problème, mon âge. 

Certes je n’ai que 35 ans, mais la société et le corps médical n’arrêtent pas de nous balancer au visage notre âge, notre date limite de péremption, les difficultés et les risques qu’une grossesse tardive (notez que les médecins disent gériatriques) représentent. Je ne veux pas faire courir de risque à un bébé potentiel, ni à moi-même d’ailleurs. Je ne veux pas être une vieille maman, celle qu’on prendrait pour la grand-mère à la sortie de l’école. 

Je ne veux pas me fermer de porte, mais en même temps la nature va s’en charger pour moi un jour ou l’autre, ce jour là je n’ai pas envie de me réveiller avec des regrets. Je n’ai pas envie de me dire que j’aurai pu si j’avais su prendre la bonne décision à temps. Je n’ai pas envie de me dire « et si… ».

Trop de questions se bousculent dans ma tête ! 

Je viens d’avoir un bébé, pourquoi est-ce que je me pose cette question d’un hypothétique 2e bébé ? Pourquoi est-ce que mon esprit n’arrête pas d’y revenir ? Peut-être parce qu’on m’a posé la question beaucoup trop tôt, à vrai dire dès ma grossesse on m’a mis ça en tête. Bon à l’époque j’étais catégorique, le 1er trimestre avait été très difficile, il était hors de question que je revive ça un jour ! Et puis à la naissance de mon fils cette question est revenue, puis quand il a eu 6 mois, puis encore, et là au bout d’un moment l’idée te reste en tête sans savoir quoi en faire en fait. 
Mais ce qui m’énerve le plus, c’est que cette question m’a été induite par l’extérieur, pas par mes propres désirs, ni ma propre temporalité. On nous force à penser, à considérer, à décider alors qu’on n’est pas prête. Mais ceci est valable pour à peu près tout dans notre vie; dès l’enfance on nous demande ce qu’on voudra faire plus tard, puis plus on grandit plus cette question devient récurrente et stressante parce qu’il faut visiblement se décider rapidement. Mais qu’on nous laisse tranquille !! Arrêtons d’imposer des questionnements aux gens, arrêtons d’imposer des schémas dépassés qui ne font qu’embrouiller l’esprit de tout le monde et qui rendent les gens potentiellement malheureux. 


Je sais que c’est une question qui ne devrait même pas se poser maintenant, c’est trop tôt, oui mais voilà les gens nous la pose et ça devient de plus en plus dur. Je n’ai pas envie de mentir, je n’ai pas non plus envie de me justifier ou de rentrer dans des explications qui ne regardent personne d’autre que mon mec et moi ; je n’ai pas non plus envie de m’énerver et les envoyer chier avec leur question intrusive. Du coup je souris poliment et j’élude par une pirouette du style « pour le moment on a bien assez à faire avec un seul ! ». Je sais que ça ne part pas d’une mauvaise intention. Les gens sont curieux, je le suis aussi, mais maintenant je sais qu’il y a des choses qui ne se demandent pas, comme par exemple « c’est pour quand le bébé ? » à une femme qui s’approche de la trentaine ou à un couple, parce qu’on ne sait pas la douleur qui se cache derrière. On ne sait pas si cette femme veut un bébé, si elle peut en avoir, si elle vit un parcours de PMA, si elle a peur à l’idée de ne pas avoir d’enfant ou au contraire à l’idée d’en avoir. ON NE SAIT PAS. Alors laissons tomber toutes les questions de ce genre, et laissons les gens vivre leur vie sans leur imposer notre vision ! 
Et si vraiment vous êtes trop curieux et que ce sont des personnes proches, alors soyez diplomates, amenez le sujet en douceur et soyez attentifs aux réactions pour ne pas dépasser la limite. Mais si ce ne sont pas des proches, oubliez la question, n’y pensez même pas !

Pour ma part j’ai encore trop de blocages qui m’empêchent de me décider. Et puis mon fils est encore tout petit, il a besoin à plein temps de notre attention et de notre amour. Non qu’on ne l’aimerait plus avec un autre bébé, mais clairement le temps passé avec lui ne serait plus le même. Je n’ai pas envie de lui imposer ça non plus pour le moment. De toute façon si bébé il doit y avoir, ça ne sera pas avant un long moment. Histoire qu’on redorme enfin un peu !

Il serait bon aussi que je liste les raisons pour lesquelles je veux un autre enfant et les raisons qui me bloquent encore. Mais en écrivant cette phrase je me rends compte qu’en fait ce n’est qu’une question de temps. Au fond je veux un autre enfant. En fait dans mon imaginaire, c’était soit 1 soit 3, pas 2, donc si j’en fais un autre, ça impliquera d’en faire un 3e. Cette idée ne me rebute pas du tout. J’aime bien l’idée d’être maman de 3 enfants. Mais par là-dessus s’ajoute ma vision du féminisme, qui s’entrechoque avec mon idéal de famille plutôt sexiste (un frère aîné pour protéger sa soeur, une fille au milieu pour avoir les 2 sexes, et une petite soeur pour jouer à la poupée). Comment ne pas vriller ? Mon cerveau est en ébullition et je ne veux pas penser à ça maintenant. Je dois m’ôter ce schéma patriarcal de l’idée, mais c’est pas facile quand c’est ancré en toi depuis l’enfance. 

Parmi les blocages que je peux avoir le fait de potentiellement n’avoir que des garçons est un frein. Je rêve d’avoir une petite fille, j’ai un fils que j’adore au delà de tout, mais si j’en ai un autre est-ce que je l’aimerai autant ? Je pense que je serai déçue et vraiment triste. Du coup je préfère faire le deuil tout de suite de cette petite fille que je n’aurai jamais en n’ayant qu’un enfant, plutôt que de jouer à la roulette russe avec un 2e enfant.

Mais il ne faut pas que j’oublie mon compagnon dans tout ça. Son avis compte autant que le mien et si lui n’en veut pas d’autre ? Pour lui aussi je sais que c’est une vraie question, mais contrairement à moi il ne veut pas trancher tout de suite. Pour le moment c’est non, c’est sûr. Pour la suite on verra bien. Je respecte totalement ça, mais pour moi j’ai besoin de certitudes, de réponses pour avancer plus sereinement. 

 

So, to be continued…