Je ne sais pas vous, mais moi cette phrase elle me sort par les yeux !
Déjà parce qu’elle ne veut rien dire du tout. Ça va passer ok, mais quand en fait ???
Un hoquet ça passe, une crampe ça passe, mais un gosse qui ne dort pas plus de 3h d’affilé ou par nuit pendant 4, 9 ou 36 mois, ça pour moi ça ne passe pas.
C’est un leurre de dire aux parents que tout finit toujours par passer, car non, tout ne passe pas toujours. Le comportement peut certes évoluer, voire se conformer davantage aux attentes des adultes, mais passé 6 mois on ne peut pas dire à des parents au bout du rouleau avec des têtes de zombie et des larmes dans la voix « t’inquiète pas, ça va passer ». Pire, leur dire qu’en plus ils le regretteront. NON !!
Je vois dans cette phrase de la condescendance totale pour ce que je suis en train de dire et vivre. C’est un mépris absolu d’un vécu et d’un ressenti.
Quand je dis à un autre parent toutes les difficultés que je peux rencontrer avec mon enfant, ce n’est pas pour entendre ce genre de truc. Je comprends que c’est dit dans le but de rassurer, mais je n’y vois qu’une injonction (une de plus) à me taire et à galérer en silence.
Vraiment.
C’est cool pour ceux qui n’ont aucune empathie ni bienveillance, ils n’auront pas à écouter les parents radoter sur leurs galères, leur sentiment d’échec et d’impuissance face à la détresse de leur bébé/enfant. Pourtant c’est important de pouvoir radoter quand on va mal. Ce n’est pas se lamenter sur son sort que de dire qu’on n’y arrive pas, qu’on ne sait plus comment faire, qu’on a tout essayé et qu’on est juste démunis. C’est même un procédé psychologique sain et nécessaire pour aller mieux, pour sortir un jour la tête de l’eau.
C’est le genre de petite phrase qui clôt une discussion à peine entamée ; une sorte d’argument d’autorité scientifiquement prouvé incontestable et incontesté. Pourtant, au bout de 3 ans sans nuit de plus de 4h vous savez que c’est un gros fucking mensonge !!
Et puis ce n’est pas ce qui va vous aider là tout de suite maintenant. Vous attendez de l’autre qu’il vous dise autre chose, qu’il vous écoute, vous comprenne et vous soutienne, voire vous aide en vous donnant des petits tips. Attention pas pour faire dormir votre enfant (les miracles vous avez cessé d’y croire quand vous avez compris que le prince charmant n’existait pas), mais pour vous aider à tenir vous-même, genre le nom de la dernière méthode de relaxation à la mode, ou bien d’une série sympa pour vos nuits d’insomnies, ou le contact d’un bon revendeur d’opiacés plus ou moins légalisés…
Un peu de solidarité entre parent que diable ! Les bons plans il faut les faire tourner 😉.
Plus sérieusement, ce n’est pas la réponse adaptée. Ce n’est pas ce que j’ai envie ni besoin d’entendre. Ça ne m’aide pas, ça me culpabilise même, et j’ai juste compris que tu voulais que je ferme ma g***** en fait !
Et puis qu’est-ce qui te permet de dire que ça va passer en vrai ? Ton expérience ? Ok, mais n’empêche que lorsque tu es dans le dur, que tu n’en vois plus le bout, et bien tu n’y crois plus au « ça va passer ».
Quand j’entends des podcasts où on demande qu’est-ce que tu dirais aux parents et la réponse est « tout passe » ou « ça va passer », je hurle intérieurement. En quoi c’est aidant cette phrase ??
Si je dis à un collègue qui a une violente migraine « t’inquiète ça va passer » est-ce que je l’ai aidé ? Est-ce que sa douleur a diminué, voire s’est envolée ? Non.
Par contre si je lui propose un Doliprane ou si je lui demande en quoi je peux l’aider ou comment je peux limiter sa douleur, là je serai plus utile.
De ce fait, un parent qui galère avec le sommeil de son enfant (ça ou tout autre problème), je ne vais pas nier son problème à coup de « ça va passer », je vais l’écouter, essayer de comprendre comment il le vit et lui demander ce dont il a besoin, comment et si je peux l’aider.
Parce qu’au fond la plupart du temps on a juste besoin de parler, de sortir ce qui nous pèse, de déverser une colère, une peur, un doute, et de trouver un espace safe pour le faire, c’est-à-dire sans jugement, sans parti pris, sans interruption, sans conseil. Si la personne a besoin d’un avis elle saura le demander, mais ne partons pas du principe qu’elle veut aller directement à l’étape finale sans en comprendre l'itinéraire. Je pense au contraire que ce qui l’intéresse le plus c’est le cheminement et toutes les étapes avant d’en arriver au jour où c’est enfin passé !
Ce jour existe-il réellement ?