Petit disclaimer, parce que de nos jours tout le monde le fait, je suis pro éducation positive, je lutte au quotidien contre les violences éducatives ordinaires (VEO), sans toutefois porter de jugement sur les parents qui n’ont pas la même vision que moi. Et tout ce que j’écris est dit de façon ironique, ce n’est que mon ressenti pas un avis scientifique à prendre au pied de lettre.
Voilà c’est dit.
Petite définition de ce que j’appelle « l’effet boomerang » : c’est quand ça te revient dans la gueule sans l’avoir vu venir. Simple et efficace, si tu cherchais une grande tirade avec des mots compliqués ou une explication pseudo scientifique, c’est pas ici.
Est ce que vous connaissez cette sensation de tellement vouloir bien faire que ça finit par se retourner contre vous?
Bon bah on en est là avec notre fils.
On lui a tellement rabâché qu’il fallait son consentement, qu’on ne pouvait pas le forcer à faire des choses contre son gré, qu’on respectait son non et que sa parole avait de la valeur, que maintenant il nous le renvoie à la tronche puissance mille !
Bon alors c’est drôle, parce que c’est toujours à propos et tellement juste. Mais ça pique quand même un peu.
D’un côté je suis fière et ça me rassure de voir que nous ne pissons pas dans un violon avec son éducation, il retient ce qu’on lui inculque et il se l’approprie. Mais d’un autre côté je me dis qu’on s’est peut être tiré une balle dans le pied avec cette histoire de libre arbitre et d’auto détermination, non ?
La méthode se retourne contre nous, mais n'est-ce pas là tout ce qu'on espérait ? Qu'il en soit tellement pétri que cela soit sa norme et qu'il le véhicule un jour à son tour. N'est-ce pas au contraire le signe que ça fonctionne plutôt bien ?
Je me dis qu’on lui a suffisamment donné confiance en lui et en ses capacités pour l’amener à s’imposer aujourd’hui dans des choix pour lui, c’était le but. Mais bon une émancipation de l’autorité parentale à 4 ans c’est peut être un peu tôt, non ?
Je précise que je parle d’autorité parentale et non d’autoritarisme, autorité est ici au sens de responsabilité légale et juridique des parents envers leurs enfants.
Je ne sais pas si cela fait pareil aux autres parents qui ont la même vision de l’éducation que nous, mais c’est pas évident de se prendre ça dans les dents. Surtout quand on vient d’un modèle éducatif traditionnel où l’autorité parentale est absolue et de droit patriarcal, où aucune remise en question n’est possible ni même imaginable.
On n’était pas préparé à ce revers de bâton. Je n’ai entendu personne en parler, et pourtant j’en écoute des podcasts sur l’éducation, la prise en charge du tout petit, sur la bienveillance et tout et tout. Mais à croire que personne d’autre ne vit ça.
Du coup si personne d’autre ne connaît ça, je me dis que c’est peut-être nous qui faisons mal. Qu’on doit mal s’y prendre quelque part et que ce n’est pas la bonne façon de faire.
Et puis c’est quoi la bonne façon de faire ?
Bon à cela la plupart des experts que j’écoute sont unanimes, il n’y en a pas. Pas sûre que ça rassure la control freak que je suis 😉. Il n’y a que des parents qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils sont et ce qu’ils savent.
J’essaie de m’affranchir des regards des autres, de leurs potentielles pensées sur moi et ma façon d’élever mon fils lorsqu’il se met à vouloir me taper à la sortie de l’école ou qu’il balance tout quand je lui dis non à quelque chose. Je me fiche de ce qu’on peut penser de moi, par contre je ne sais pas si je fais bien ou mal.
Et puis il a l’ego qui revient au galop quand tu te prends dans la figure le revers de la médaille que tu as mis tant d’effort à faire briller. Tu ne comprends plus, tu doute, tu remets tout en question et tu es largué. Moi je suis larguée.
Parfois je me dis que c’était plus simple pour nos parents et grand-parents parce qu’ils n’avaient pas 36 modèles à suivre ni autant d’injonctions contradictoires. Ils collaient une raclée à leur gosse et c’était plié, tout le monde filait droit dans la baraque. Pour peu que la mère la ramenait un peu trop également, elle s’en prenait une au passage et c’était réglé. Nous maintenant à trop vouloir écouter nos enfants, les câliner, les accompagner dans leurs émotions, etc, on se fait marcher dessus par nos mômes et après on s’étonne de les voir nous taper ou nous crier dessus au supermarché. Quelle génération de mous !
Vous l’aurez compris c’est le genre de discours bien réac que je déteste, daté d’un autre siècle, mais pas si éloigné de ce qu’on peut entendre par moment. Mais le pire, c’est que parfois je ressens une telle violence en moi quand mon fils fait une crise, que j’en viens à me dire que ces méthodes que je trouve détestables avaient peut-être un fond de vérité. Je m’en veux aussitôt de penser ça, et je ne penserai jamais qu’il est bon de taper un enfant, de taper qui que ce soit d’ailleurs. Mais en fait je n’ai tellement pas été élevée comme ça, que lorsque mon fils fait une colère, je dois d’abord lutter contre ma propre colère avant d’aller essayer d’apaiser la sienne ou de l’aider dans sa gestion émotionnelle.
Le pire c’est que je n’ai pas été une enfant battue, si j’ai reçu 3 gifles au cours de mon enfance c’est le grand maximum. Par contre chez moi les VEO étaient présentes par l’absence. C’est un oxymores de dire ça mais c’est le cas, la maltraitance ou la violence peut aussi venir du manque, du vide affectif, de tout ce qu’on ne donne pas à un enfant.
Je pars avec ce bagage là, que j’ai dû apprendre à porter et à ignorer pour ne pas le reproduire et le transmettre à mon fils.
Alors oui, par moment je me dis que ça serait sûrement plus simple si je n’étais pas dans une démarche de bienveillance avec mon fils ou d’écoute et de respect à hauteur d’enfant. Parfois ça doit être tellement plus simple de crier et de faire peur pour obtenir le silence et le calme (alors qu’on sait que c’est contre productif) que de se poser, de parlementer, de patienter, d’encaisser les coups et les cris.
C’est compliqué d’être parent, surtout quand on a décidé d’avancer à l’aveugle en faisant différemment de nos parents. On ne sait pas où on va, on ne sait pas si on fait bien, on ne sait pas si ce sera efficace sur le long terme, mais en tout cas à court terme c’est pas bien probant. Sur le moment j’ai juste envie que ça s’arrête, que je n’ai plus à esquiver les coups de pieds de mon fils sans rien pouvoir lui répondre d’autre que « STOP, non je ne suis pas d’accord, je sors de la pièce je ne suis pas en sécurité avec toi ». Au début la phrase marchait plutôt bien mais ça fait un moment qu’il n’en a plus rien à faire. Je fais quoi moi avec ça ? Je tends l’autre joue ?
Je m’informe, je parle, j’expérimente, je consulte des professionnels, j’observe, mais qu’est-ce que je fais mal bon sang ?! C’est tellement épuisant en plus d’être stressant. J’aimerais que tout ce que j’entends sur la parentalité positive ou éclairée, soit si facile à mettre en action. Pourquoi est-ce aussi dur d’être un parent bienveillant ?
J’ai des pistes de réponse :
Je ne dis pas que donner des cours de parentalité résoudra tous les maux de la terre, mais ça en éradiquera peut-être certains…