Et comme c’est un sujet important, un seul article n’y suffit pas. Voici la suite de ma réflexion 😉.
On attaque avec la culpabilité insidieuse ; celle qui est instillée par l’entourage, par ceux qui devraient nous soutenir, sur qui on devraient pouvoir compter, mais qui nous enfoncent plus qu’autre chose par leurs petites réflexions ou leur conseils déguisés en jugement.
A partir de l’annonce de la grossesse tout le monde se permet de donner son avis sans qu’on l’ai demandé bien souvent. Pourquoi ?
Pour ma part ça a tourné autour de mon alimentation, étant végétalienne, les gens se croyaient autorisés à remettre en cause mon régime alimentaire au nom de mon bébé, mais STOP bon sang ! Les seules personnes susceptibles de pouvoir me dire quelque chose étaient mon conjoint et mon gynécologue, les autres n’entraient pas dans l’équation et n’avaient absolument rien à dire. Quand ils le faisaient je souriais et je balayais très vite les remarques d’un « tout va bien, merci ».
Mais à force de toujours remettre en question nos choix, de nous demander si vraiment on sait bien ce qu’on fait, si on est sûre de nous, bah on en vient à douter alors qu’on était sûre. C’est fatigant parce qu’on a tellement mieux à faire que de se poser 20 fois la même question ; on a mieux à faire que de se justifier auprès de gens qui n’y connaissent rien et qui ne sont même pas concernés.
Encore une fois, la plupart de ces remarques venaient de nos proches et c’est pénible de constater que ça finit par nous mettre le doute, parce que si eux n’ont pas confiance, alors comment nous nous aurons confiance en nous ?
C’est une période tellement perturbante, tellement chamboulante qu’on a besoin d’un entourage fort, bienveillant et rassurant.
Alors je vous dis pas quand j’ai annoncé que je voulais allaiter et que je voulais accoucher sans péridurale, là je suis passée pour l’illuminée de service 😄. Ça fait mal de voir qu’on n’est pas ou peu soutenue par les siens.
Bon je suis une capricorne pure et dure donc je ne lâche jamais rien et il m’en faut plus pour m’arrêter, mais j’aurais aimé un peu plus de compréhension, un peu d’écoute et surtout pas de jugement.
La grossesse rend vulnérable, ce n’est donc pas le moment de remettre en doute les choix des futures mamans. Chacune ses choix, chacune son corps, chacune sa grossesse et qu’on arrête de se mêler de ce qui ne nous regarde pas !
Même quand on pense qu’on doit intervenir, que ça part d’une bonne intention, bah non en fait, ou alors de façon bienveillante et non accusatrice. Nous partageons peut-être notre corps avec notre bébé, mais nous n’en demeurons pas moins nous, et si on est sportive bah on continue le sport durant la grossesse, si on est végane bah on garde notre régime alimentaire (ce qui facilite grandement les choses en terme d’interdit alimentaire durant la grossesse 😜).
Arrêtons de se juger les uns les autres. Soutenons nous plutôt, un peu de sororité que diable !
Il est quand même assez édifiant qu’une jeune maman préfère se tourner vers les réseaux sociaux pour avoir une info plutôt que vers sa mère, sa tante, sa soeur, sa belle soeur, sa cousine ou que sais-je.
La naissance d’un enfant devrait rapprochée les êtres, pourtant on ne se sent jamais plus isolée que dans les semaines et mois qui suivent un accouchement.
A force d’être critiquée, de voir nos choix remis en question, de s’entendre dire qu’on fait mal, que « bah oui ton fils déchirent et mange ses livres c’est normal vu la façon dont tu lui donnes à manger (DME) », « bah oui il ne fait pas ses nuits à 7 mois puisque vous le prenez dans vos bras dès qu’il pleure », « bah oui vous êtes fatigués puisque vous ne le laissez pas pleurer », j’en passe et des meilleures, il arrive un moment où on sature et on ne veut même plus voir ces personnes.
Il faut être fort dans son couple pour supporter tout ça. Il faut être fort dans ses convictions sinon on s’écroule.
Personne n’est mieux placée que vous pour savoir de quoi votre enfant a besoin. Tant que vous ne sollicitez pas le conseil des autres, ils n’ont rien à vous dire et s’ils le font quand même (et ils le feront 😉) tâchez de ne pas trop les écouter.
On fait de notre mieux, on fait ce qui nous semble juste et adapté à notre bébé et à nous aussi. La culpabilité rapporte une pression supplémentaire alors tâchons de ne pas trop la laisser envahir notre espace mental. Il faut se faire confiance et en cas de doutes (et ils sont nombreux) il faut pouvoir compter sur son conjoint, ce qui révèle à quel point les hommes sont assez épargnés par tout ça.
Le constat le plus injuste selon moi, c’est que cette culpabilité repose presque uniquement sur la mère. Parce que c’est à elle de toujours assurer ? C’est à elle de tout savoir et de tout gérer ?
Une maman qui veut du temps pour elle ou qui a besoin de travailler pour s’épanouir en dehors de sa maternité (parce que la maternité n’est pas forcément le summum de la vie d’une femme), elle doit systématiquement se justifier et préciser qu’elle aime quand même son enfant. Pourquoi ce besoin de se justifier ? Pourquoi devoir ajouter cette info ?
Parce que sinon on passe pour la mauvaise mère ! La méchante qui abandonne son petit, celle qui n’est jamais satisfaite, celle qui veut tout, qui a de l’ambition (attention gros mot pour une femme 🤫), la carriériste égoïste !
La pression est telle et partout, qu’on intègre naturellement ces stéréotypes et on ne s’en rend même plus compte. C’est tellement ancré en nous, dans notre culture et dans notre éducation, qu’on le dit machinalement parce qu’aujourd’hui être une « bonne » mère est devenu un enjeu de réussite.
Il faut être performant dans sa vie professionnelle, il faut être performant à l’école, il faut être performant dans ses loisirs…bref c'est le maître mot.
Aujourd’hui on apprend à faire de la gestion de la performance humaine dans les grandes écoles, c’est pour dire à quel point c’est au coeur des préoccupations des sociétés. La maternité ne pouvait y échapper.
Une femme se doit d’être performante dans tout, donc dans ce domaine aussi. Par contre il faut me dire comment on réussit sa maternité. Comment on calcule ça, quels sont les critères et qui évalue ? On doit aussi passer des entretiens annuel d’évaluation ?
Ça en devient ridicule 🤦♀️ mais par moment j’avais un peu l’impression de vivre ça lorsque j’allais à la visite mensuelle de mon fils chez sa pédiatre.
Ça aussi c’est une pression supplémentaire et une occasion de plus de bien culpabiliser ! Bon pour le coup je suis bien tombée, notre pédiatre est géniale, elle ne juge pas, elle encourage et soutient.
Ce qui me dérange au fond c’est de dire, oui je sais c’est pas bien mais je fais ce que je peux. Ça me dérange dans la mesure où on ne devrait pas avoir à se justifier. Cette phrase est révélatrice de cette pression de malade qu’on se met nous les mères. Certes la 2e partie de la phrase émet une certaine bienveillance envers soi, mais on le dit trop souvent trop tard, quand on a déjà craqué plusieurs fois, qu’on s’est senti submergée et parfois ensevelie sous la montagne de responsabilités qui nous tombait dessus d’un seul coup.
La naissance pourrait s’apparenter à une avalanche par moment. C’est un déferlement de sentiments et d’émotions toutes contradictoires et puissantes que rien ne peut stopper. Et la culpabilité s’installe aussi grâce à ce terreau fertile. La vulnérabilité, l’isolement, la méconnaissance, les avis contradictoires, tout s’accumule et nous pèse, ce qui favorise ce sentiment si pernicieux.
Au fil des mois j’ai accepté de m’autoriser des temps perso. Je me suis permise de passer du temps sans mon bébé et de me dire que c’était bon aussi pour lui. J’ai vu combien c’était bénéfique pour moi, ce qui m’a encouragée à continuer et à trouver un rythme où je peux m’octroyer des moments rien que pour moi. C’est peu, mais c’est déjà ça et ça m’est vital.
J’ai aussi accepté que lorsque j’étais avec le plumeau, je devais l’être à 100%, rien prévoir d’autre que de m’occuper de lui, tant pis pour les mails non lus, la vaisselle qui s’accumule ou le linge à repasser.
Et me décharger de ça consciemment m’a fait du bien. Je sais que la maison n’est pas aussi clean que j’aimerais, mais tant pis. Je prendrai le temps de le faire le soir ou le lendemain parce que ce n’est pas important pour moi au fond.
Remettre les priorités en perspective permet de se libérer d’une charge mentale importante, mais ce n’est pas magique non plus, elle ne disparait pas totalement 😉.