Chronique de...l'apprentissage d'une mère

Quand l'apprentissage nous fait tout remettre en question


Depuis que je suis mère, je me rends compte de plein de choses, notamment comment j’ai moi-même été élevée.

 

Je m’aperçois à quel point les générations précédentes manquaient d’informations et de bienveillance par moment. C’était une éducation dure qui était prônée afin de rendre l’enfant apte à évoluer dans ce monde cruel et violent une fois adulte.

C’est encore une idée qui persiste aujourd’hui : comment rendre un enfant prêt à affronter ce monde si dur autrement que par la dureté et la pratique de violences éducatives ordinaires (les fameuses VEO) ?

 

Moi je vais prendre le problème à l’envers : et si on élevait nos enfants dans la bienveillance et le respect afin qu’ils rendent ce monde moins dur ?

La société n’est que le produit de notre éducation, sur plusieurs générations bien sûr, mais c’est le fruit de notre travail de parent aussi. Alors si on changeait de pratique avec nos enfants, la société changerait-elle aussi ? Ce monde si pourri deviendrait-il meilleur ? Et dans ce cas nous n’aurions plus à les préparer à affronter la dureté mais bien le respect, la tolérance, l’empathie et la bienveillance.

 

Oui on va me dire que je vis au pays des bisounours, mais que voulez-vous, je reste convaincue que les gens et les sociétés ne peuvent changer que par une autre approche de l’éducation. Changeons nos façons d’élever nos enfants et peut-être que nous changerons ce monde 🤷‍♀️.

 

A ceux qui me rétorqueraient qu’il ne faut pas changer les choses, qu’on prend trop de risque et qu’on ne sait pas ce que ça donnera, je répondrais que vu l’état du monde actuel, est-on sûr de l’efficacité des méthodes employées jusque là ? Est-on réellement satisfait de l’état général de la planète et de ses populations ? Le constat est-il si bon que ça pour ne surtout pas essayer autre chose ? 🤔

Je ne sais pas, mais moi je préfère ne pas reproduire les erreurs passées. Je préfère faire autrement. Je ne sais pas si ça sera mieux au final, mais clairement ça ne peut pas être pire !

 

Pour ce faire, j’apprends à mieux me connaître et donc à mieux gérer mes émotions. Chose que je n’avais pas pris le temps de faire avant d’avoir un bébé. Mais surtout chose qu’on ne nous apprenait pas dans le cercle familial ou à l’école.

 

 

Je n’ai pas eu cette opportunité de grandir dans une famille qui parle de ses sentiments. Chez nous tout était tu, jamais le temps pour un câlin ou pour une parole réconfortante. Attention je n’ai pas grandi chez les Ténardiers non plus, j’avais juste des parents débordés avec le boulot, pudiques sur leurs sentiments, et puis c’était pas dans les meurs de parler de ça non plus.

Fin 80’s, début 90’s, on ne savait pas tout ce qu’on sait maintenant sur le développement de l’enfant, sur l’éducation positive et le besoin d’accompagner l’enfant dans la gestion de ses émotions. C’est tout récent, et encore, si je n’étais pas devenue mère, je n’en aurais jamais entendu parler.

Je n’en veux pas à mes parents de ne pas avoir su, ou de ne pas avoir fait comme ci ou comme ça. Non. Ils ont juste fait ce qu’ils ont pu, avec ce qu’ils étaient et ce qu’ils savaient.

Il n’empêche que je ne veux pas reproduire ce schéma avec mon fils, c’est pourquoi je m’informe, je prend conseille auprès de gens expert sur le sujet, et puis après j’adapte à notre réalité.

 

 

J’insiste sur le fait d’adapter, parce que j’ai récemment pris conscience que tout n’était pas transposable dans mon quotidien. Tout n’est pas pour moi, tout ne me concerne pas. Je dois faire le tri parmi toutes ces infos, parfois contradictoires (même à propos de l’éducation positive et bienveillante) et voir ce qui est le mieux pour notre famille.

 

Avant j’avais tendance à tout vouloir appliquer au pied de la lettre, c’est ridicule et impossible, on est bien d’accord, mais j’étais tellement démunie et pleine de doute, avec un manque de confiance en moi criant, que je me disais qu’il fallait faire ainsi pour être une « bonne » mère.

 

Ça y est, le mot est lâché 😬. Qu’est-ce qu’il nous fait du mal ce terme là ! qu’est-ce qu’il nous fait culpabiliser et souffrir. Qu’est-ce qu’il nous épuise surtout !

J’ai fini par comprendre que j’étais déjà une « bonne » mère juste par le fait d’être là, d’être mère à plein temps et de faire de mon mieux. Je fais juste de mon mieux, et nous sommes toutes de bonnes mères.

 

Arrêtons de nous culpabiliser de la sorte, arrêtons de croire qu’ailleurs c’est mieux parce qu’elle fait ci ou ça. Arrêtons de penser qu’on est la pire des mères parce qu’on a repris le boulot et qu’on adore ça ! Arrêtons de croire que c’est que du bonheur chez les autres et que nous sommes forcément des mères exécrables si ce n’est pas le cas pour nous. Arrêtons de penser qu’on a un problème, qu’on va casser le cerveau de notre petit et lui ruiner sa vie si on le laisse pleurer plus de 10 secondes pour aller aux toilettes.

 

J’ai pensé et ressenti tout ça. J’ai cru dur comme fer que j’étais la cause de tous ces hypothétiques futurs problèmes. J’ai cru qu’en faisant tout bien, tout le temps, comme ils disent dans les livres ou dans les interviews, je lui éviterai de finir en thérapie à 18 ans. Non je ne suis pas la cause de tous les maux sur Terre, ni de ceux de mon fils 😉.

 

La peur, et surtout la volonté de ne pas voir l’histoire se répéter, m’ont amenée à me mettre cette pression de malade. Vous imaginez qu’en plus d’être ridicule, c’était l’échec assuré et l’épuisement généralisé pour moi.

Je ne suis pas passée loin du burn out honnêtement. Heureusement j’ai compris que mon raisonnement n’était pas le bon, que je devais cesser cette façon de faire sinon j’allais me détruire et ma famille avec moi.

J’ai donc décidé de prendre du recul avec toutes ces connaissances, toutes ces informations et d’appliquer uniquement celles qui sont possibles dans mon quotidien, et surtout de faire avec ce que je suis moi. C’est-à-dire une femme qui aime travailler, qui a besoin de temps pour elle et qui en a marre de culpabiliser pour ça !