On parle souvent de l’instinct maternel. Ce truc un peu mystérieux, flou, qui semble avoir réponse à tout quand on ne comprend pas comment on a pu résoudre le problème. Cette chose indéfinissable qui est aussi clivante que désirable. Quand on ne le possède pas on se dit que ça n’existe pas, mais tout de même ce serait bien de l’avoir. Quand on l’a, on passe pour la folle de service ou la mère parfaite.
En ce qui me concerne j’y croyais moyen. Avant d’avoir un enfant je croyais dur comme fer que certaines femmes avaient cette propension génétique à la maternité et donc qu’elles avaient ce 6e sens dès la naissance. Mais j’acceptais aussi l’idée qu’on soit mère sans.
Pour différentes raisons je m’incluais dans la première catégorie, pensant naïvement que j’avais cet instinct surdéveloppé de base, il ne pouvait qu’en être de même pour la maternité.
Eh bien…ce n’est pas aussi simple, comme dans tout dans la maternité, rien n’est évident ou inné. Encore une fois, je parle pour moi, de mon expérience en fonction de qui je suis.
Au quotidien j’avais l’habitude d’avoir plutôt un bon instinct, mais je ne lui faisais pas assez confiance. Je m’en rendais compte à posteriori quand j’avais pris la voie alternative tout en sachant que cette petite sensation au fond de moi me conseillait l’autre.
Bref, j’essayais d’être à l’écoute de mon intuition.
Tout s’est écroulé le jour de la naissance du plumeau. Pourquoi ? J’en cherche encore la raison.
Toujours est-il que j’ai totalement cessé de me faire confiance sur le peu que je savais.
J’ai tellement pesté contre mon instinct qui selon moi m’avait lâché au moment où j’en avais le plus besoin ! J’étais dépassée. J’étais complètement incapable de me reconnecter à moi, à mes émotions car je les niais toutes, les bonnes comme les mauvaises. Je ne voulais qu’une chose, trouver des solutions, répondre aux pleurs de mon bébé en en comprenant l’origine. J’étais à son écoute à lui, mais plus du tout à la mienne.
Malgré tout j’avais des éclairs de lucidité par moment. Et quand j’arrêtais de réfléchir et que j’étais vraiment en mode survie, mon cerveau reptilien reprenait le dessus, donc l’instinct. Dans ces moments je savais que quelque chose clochait. Je savais que ce n’était pas normal, je savais que tout ne venait pas de mes angoisses ou de mes doutes. Non, quelque chose en moi me disait qu’il fallait creuser, que mon bébé n’était pas bien pour une vraie raison, que je n’étais pas folle !
Mais ces moments ne duraient pas, et surtout on trouvait toujours des explications rationnelles à ses maux.
Je vais surtout me concentrer sur les problèmes d’allaitement et de sommeil.
Pendant 5 mois et demi j’ai tenu mon allaitement exclusif, j’ai lutté pour arriver aux 6 mois, j’ai dépassé toutes mes limites physiques et mentales.
Pendant tout ce temps je n’ai cessé de chercher pourquoi ça ne marchait pas. Pourquoi c’était aussi dur et instable. Pourquoi malgré tout ce que j’avais pu faire, mon bébé refusait toujours de prendre correctement le sein.
J’ai cru qu’il avait fait un AVC à la naissance (oui oui ça existe), j’ai cru qu’il avait un reflux, j’ai cru que j’avais un REF (réflexe d’éjection fort), j’ai cru que j’avais une mastite (pas du tout), j’ai cru que je n’avais pas assez de lait (pas du tout), j’ai cru que je mangeais trop de crudités (j’ai compris ça après). Mais à cela que des réponses négatives.
Bon j’ai finis par croire que le problème ne venait que de moi, que j’étais la fautive puisque c’était moi la fabrique à lait, que c’était mon corps qui ne fonctionnait pas bien. J’ai donc drastiquement perdu confiance en mon corps (le niveau n’était déjà pas folichon folichon 😛) et en ses capacités. J’ai douté de tout et de moi surtout, incapable que j’étais à nourrir mon propre bébé avec la seule chose faite pour lui.
Je manquais cruellement d’information ça je l’ai su après, les pics de croissance, la variation de production en fonction des heures, et les freins !
Je connaissais les freins de langue, mais j’ai découvert bien plus tard les freins de lèvre et de joue. J’y ai bien pensé au frein pour expliquer cet allaitement foireux, mais il avait été coupé avant la sortie de la maternité, donc pour moi ce n’était pas possible que ce soit ça. J’ai appris très récemment qu’en fait il n’avait pas été assez coupé 🤦♀️.
Je m’en veux sur ce coup là, car j’y ai vraiment pensé. Mais je n’ai pas voulu remettre en cause l’avis du pédiatre de la maternité, je n’ai pas voulu insister pour qu’on revérifie, je n’ai pas voulu remettre en doute la parole médicale toute puissante.
Parce qu’on en a vu des médecins ! que ce soit pour les problèmes d’allaitement ou du sommeil. J’en ai assez parlé dans mes articles dédiés.
La seule chose que je me suis entendue répondre, c’est que c’est un petit dormeur et l’allaitement c’est pas grave vous avez fait de votre mieux. Oui, mais POURQUOI ????
Pourquoi ça n’a pas fonctionné ? Pourquoi dort-il dans cette position ? Pourquoi dort-il toujours la bouche ouverte ? Pourquoi ne veut-il être que dans les bras pour dormir ?
A ces questions je n’ai eu aucune réponse.
J’ai donc arrêté de chercher au bout de 18 mois. J’en ai conclu que je n’étais pas une bonne mère parce que je n’avais pas réussi à allaiter mon fils (attention ce n’est pas ce que je pense des mères qui n’allaitent pas, c’était ma pensée sur moi dans le cadre de mon envie d’allaiter), que je n’étais pas une bonne mère parce que je ne trouvais pas la solution à ces problèmes, que je n’étais pas une bonne mère parce que je n’avais pas ce fameux instinct maternel !
Vous voyez le cercle vicieux se dessiner ?
Et puis très récemment, au détour d’une conversation, j’ai eu un début de réponse. J’ai d’abord été écoutée, puis entendue, et en plus on m’a donné une solution potentielle.
J’ai suivi la piste et là, REVELATION. Il m’aura fallu 32 mois pour l’avoir, mais je sais ENFIN que je ne suis pas folle.
Il s’avère que mon fils à le syndrome de KiSS (à ne pas confondre avec ce Kiss là 💋, ni le groupe de rock 😉). Je vais en faire un article dédié car c’est trop important à mon sens pour le résumer ici en 2 lignes.
Tous ses problèmes de sommeil, le fait de dormir en C inversé, la bouche ouverte, très peu, venaient de là. Tous nos problèmes d’allaitement venaient de là, car les freins de bouches et le torticolis empêchent le bébé de bien se mettre au sein et surtout d’y trouver du confort et du réconfort.
Ce n’était donc pas MOI, ce n’était pas faute ! Mon corps que j’ai tellement malmené et à qui j’en ai tellement voulu n’y était pour rien !
En l’apprenant je me suis effondrée en larme. En écrivant ces mots, je suis encore en pleurs.
Je m’en suis tellement voulu, mais d’une force et d’une immensité telle, que je n’en prends réellement conscience que maintenant. Je n’avais pas réalisé à quel point j’avais tout enfoui, mais surtout à quel point c’était encore si douloureux pour moi. Je croyais cela réglé. Je pensais avoir fait mon deuil de cet allaitement rêvé, mais pas du tout.
C’était pas ma faute.
Si vous saviez ce que ça me libère de pouvoir enfin l’écrire. D’avoir enfin la réponse qui m’explique que non, je ne suis pas folle, et non je ne suis pas une mauvaise mère.
J’avais bien cet instinct en moi, est-il plus maternel que personnel, je ne saurai le dire, mais depuis que je sais que j’avais raison, qu’il y avait bien quelque chose qui n’allait pas, que ce n’était pas normal, je reprends confiance en lui. J’essaie de l’écouter à nouveau, de le remettre au centre de mon système parce que c’est ainsi que je suis le plus alignée.
Je crois en l’instinct, je ne pense pas qu’il soit plus développé chez les mères, je pense juste que c’est une question de personnalité. Pour moi de base faire confiance à mon intuition est dans mon mode de fonctionnement, donc je dois le décliner dans le cadre de la maternité maintenant. Mais pour ceux qui fonctionnent autrement il sera peut-être plus dur pour eux d’y croire ou de l’écouter.
Le plus important à retenir chères mamans, c’est de vous faire confiance. Appelez ça comme vous voudrez mais ayez confiance en vous.