Chronique d'une...douleur

A toutes celles qui souffrent


La douleur isole. Elle met de côté, comme des incomplets on continue de marcher mais tout est bancale ou bien est-ce nous?

 

La douleur terrasse. C’est une évidence. Elle cloue sur place, elle fige dans le temps un espoir qui n’est plus. Elle broie le vivant. Elle avale tout ce qui reste de bon et elle absorbe.

 

La douleur néglige. Plus rien d’autre n’existe ni ne compte. Elle fait de nous des absents à nos propres vies. On n’est plus là, on est ailleurs, loin de nous.

 

La douleur arrache. Une part de nous s’échappe avec elle. Quelque chose ne sera plus, un corps à qui manquera une part de lui. Une âme estropiée, taclée en plein élan qui s’effondre dans le fracas du silence.

 

La douleur transforme. Pas encore en force, pas encore en vie. Mais le corps change déjà. Le cœur n’est plus tout à fait à la même place, les attentes et les rêves ont changé. On n’est plus jamais la même après. Mais personne ne le voit. C’est infime. C’est infirme.

 

La douleur oppresse. Elle comprime le corps. Elle atrophie le cœur. Elle étouffe la vie et asphyxie les rêves. Tout suffoque, tout submerge, la peine et le vide.

 

La douleur gagne (pour un temps). La douleur perd (en son temps).

Elle passera mais restera en moi.

 

 

Elle me cisaille le ventre. Elle transperce mon corps. Les poignards font mal, mais moins que les attentes brisées.

Les projets, les projections ont été lavées de cette pluie continue. Le ciel a pleuré pour moi. Pour toutes celles qui comme moi on perdu une part d’elles-mêmes. Il a lavé la peur, nettoyé la mort. Ne reste que la vie bancale, en attente d’un souffle, d’une pâleur d’été.

Elle m’enveloppe et me console. La douleur est concrète. Elle ne triche pas, elle est là et on sait pourquoi.

Elle s’écoule lentement de moi. Elle disparaît en emportant ma joie. Mon corps expulse ce que mon cœur retient.

 

La vie n’est plus, ma vie continue. Quelle impossibilité ! Quelle absurdité ! Mais d’autres vies sont là, d’autres rêves viendront, d’autres douleurs et d’autres joies aussi.