J’entends souvent dans les podcasts que j’écoute la question « avec le recul que dirais-tu à la future maman que tu étais ? » Les réponses sont variées mais ce qui revient le plus c’est lâche prise, te prends pas la tête, ou ça va passer.
Bon alors moi j’ai beaucoup de mal avec ces réponses parce qu’elles ne me correspondent tout simplement pas, encore moins le « ça va passer » avec lequel je ne suis pas d’accord du tout, c’est une arnaque sans nom cette phrase !
Du coup qu’est-ce que je me dirais à moi alors ? Je pense qu’il faut pour cela se remettre dans les conditions de cette période et surtout faire avec celle qu’on était (et qu’on est encore un peu 😉).
Je ne suis pas du genre à lâcher prise, sur rien, dans aucun domaine de ma vie ; c’est pas mon truc, je ne suis pas cool comme nana et je ne le serai jamais, bon c’est comme ça, c’est admis. C’est pour ça que me dire ça me stresse plus qu’autre chose, perdre le contrôle est une angoisse pour moi, alors il faut trouver un autre conseil, quelque chose que je pourrai réellement mettre en pratique et qui sera à ma portée.
Je ne dis pas que ces conseils sont mauvais, mais juste qu’ils ne sont pas adaptés à tous. Il faut trouver ce qui sera ok pour nous et dans nos capacités.
Pour moi ça serait de fait tout l’inverse. C’est-à-dire ANTICIPE, prévoit, prépare, organise, bref tous les verbes d’action et d’anticipation possible. Je suis une control break, bon bah on fait avec et on en tire un avantage.
Si j’avais su qu’un post-partum ça se prépare mais je l’aurais tellement fait à fond ! Si j’avais eu connaissance de ce tsunami que j’allais vivre, j’aurai préparé des repas que j’aurais congelé, j’aurais demandé à un ou une proche de venir faire du ménage, je me serai tellement plus informée sur l’allaitement (non en fait j’aurais du juste mieux écouter ma sage-femme qui est spécialisée dans l’allaitement, nuance). Et je me serais dit que je n’avais pas à jouer les wonder woman/maman. Je n’en suis pas une, si cette personne existe je ne veux surtout pas la rencontrer elle m’a trop pourrie ma maternité !
Maintenant qu’on a dit ça, est-ce que j’aurai été en capacité de l’entendre ?
La partie anticipation oui, par contre l’autre volet non pas du tout, j’étais trop arrogante, trop en confiance durant ma grossesse pour croire que cela avait une fin. Ce qui ne devrait pas d’ailleurs, si seulement je connaissais le moyen pour que cette puissance, cet épanouissement et cette confiance reste après l’accouchement je vous le partagerais.
Mais peut-être est-ce normal de redescendre de son nuage, que c’est physiologiquement programmé pour qu’on soit plus à l’écoute de son bébé, de sa survie, car elle dépend de nous à ce moment là. Parce qu’avec la naissance d’un enfant, déboule son lot de culpabilité, d’angoisse, de peur, de doute, et je pense qu’à petite dose ce n’est pas si négatif, car cela nous oblige naturellement à être attentif aux besoins de notre bébé. Je pense que c’est un sentiment naturel, le souci étant qu’il n’est pas assez partagé dans le couple parental. S’il n’y avait pas que la mère qui se sentait minable et nulle et pas à la hauteur, mais le père aussi, là ça aiderait les mères, là on serait sur un pied d’égalité et on limiterait vraiment les dépressions du post-partum ou les burn out maternel.
J’ai entendu une spécialiste du développement de l’enfant et de l’accompagnement à la parentilité qui disait qu’elle voyait une différence entre les pères qui prennent un congé parental de plusieurs mois et les autres. Dans le premier cas ils ressentent de la culpabilité car ils ont suffisamment conscience de l’enjeux, ils connaissent leur bébé, ils savent qu’ils sont seuls aux commandes pendant que leur femme travaille, du coup ils vivent ce qu’on vit et ça met tout le monde à égalité.
Je pense que le problème n’est pas ce qu’on ressent, mais pourquoi on le ressent, ou qui nous le fait ressentir.
Bien souvent c’est la société qui nous fait nous sentir mal, qui nous fait douter et qui nous impose des normes pas du tout normales, juste parce que ça arrange tout le monde de ne pas voir une maman en détresse, ou de ne pas entendre un bébé pleurer.
Si la société changeait de regard sur les mères, les parents et les tout-petits le monde irait mieux, non ? Mais là je me répète.
Et puis souvent je me dis que d’en savoir trop c’est aussi un piège, ça peut effrayer voire complètement paralyser. On n’ose plus parce qu’on a trop peur, parce qu’on sait tous les risques possibles.
Dans mon cas j’écoute beaucoup, beaucoup, beaucoup de podcasts sur la maternité et la parentalité, à tel point que j’en ai fait une overdose. Malgré tout ce que ça m’importe d’information et de compréhension, ça m’a littéralement tétanisé à l’idée d’avoir un autre enfant. Alors il n’y a pas que ça, mais d’écouter tous ces témoignages de deuil périnatal, de fausse couche, de fausse couche tardive, d’IMG, de handicap non détecté durant la grossesse, de violences obstétricales, d’hémorragie de la délivrance, de césarienne…bref de douleur, moi je ne voulais plus faire d’enfant ! Bon ça et la situation bien merdique de notre planète.
Tout ça pour dire qu’une sur information n’est pas souhaitable (dixit la fille qui a créé un site internet pour informer les mères et les parents, sur tout ce qu’on ne nous dit pas 😁).
Je sais que je participe à cette sur information, et ce n’était tellement pas mon but de générer de l’angoisse ou des blocages aux familles. Ce que je voulais c’était donner le pouvoir aux femmes car le savoir c’est le pouvoir. Tant de femmes ne savent pas ce qui les attend après la naissance de leur premier enfant. Voire même n’ont pas d’info sur la grossesse en elle-même. Si on ne fait pas soi-même des recherches, que ce soit au détour d’un article ou d’une vidéo ou d’un podcast, eh bien on ne saurait rien sur nos droits, nos options, les pratiques possibles…
J’ai donc juste voulu délivrer une information pour dire que des options existent, des pratiques alternatives existent, que ce soit pour la grossesse, l’accouchement, le post-partum, l’éducation…je ne veux en aucun cas être source de pression ou d’injonction. Bien au contraire, c’est parce que je n’en pouvais plus de cette pression que j’ai décidé d’écrire ces articles, pour que d’autres mères qui la ressentent se sentent moins seules.
Suite à mon overdose de podcast et d’information sur la maternité, j’ai réalisé que c’était à moi de faire le tri dans tout ça. Il est de ma responsabilité de prendre ce qui m’intéresse et de laisser le reste, de l’adapter à qui je suis et à notre mode de vie. Parce que parfois, trop d’information, tue l’information, il faut trouver l’équilibre. Mais on part de tellement loin dans le tabou et l’absence de tout que forcément pour le moment c’est l’info à foison, et après ça va se tempérer, se réguler quand les petites filles d’aujourd’hui arriveront dans la maternité déjà au fait de toutes ces choses qu’on déblaie pour elles en ce moment. Ça prend du temps de changer le monde 😉