Aujourd’hui on se pose et on se parle.
J’ai besoin de tout déballer, de dire tout haut ce qui m’oppresse et me fait vriller tout bas.
Attention je vais passer pour la mauvaise mère, la mère indigne, celle qui n’est tout simplement pas parfaite !
Et le pire c’est que je le sais !! Je sais que je ne dois pas me comparer ni me mettre la pression avec des objectifs inatteignables qui n’ont aucune valeur, si ce n’est me faire culpabiliser de ne pas être à la hauteur.
Je suis la première à dire aux femmes de ne pas se mettre la pression, de rester bienveillante et indulgente envers elle-même. Pourquoi suis-je incapable de m’appliquer mes propres conseils ? Pourquoi suis-je en recherche constante de la perfection ? Pourquoi dois-je tout prendre à ma charge quand quelque chose ne va pas ? Pourquoi est-ce que je me sens obligée de devoir tout gérer, tout assumer ?
POURQUOI ??
Sans doute mon éducation, ma culture, mes valeurs qui en découlent et qui forment littéralement ma colonne vertébrale.
J’apprends depuis plusieurs années à déconstruire des schémas pré établis, à m’octroyer le droit à l’erreur, et à plus de lâcher prise, mais bon sang ce que c’est dur par moment de lutter contre tout ce qui nous a été inculqué. C’est épuisant d’aller sans cesse à contre courant, de tout remettre en question, de penser et faire autrement.
Par moment j’arrive à déléguer la charge mentale, mais aussitôt je m’excuse, je me reprends en me disant que non, que je dois pouvoir tout gérer toute seule, que je suis capable de tout assumer, qu’il le FAUT.
J’ai eu des modèles féminins très forts, et souvent je ne me sens pas à la hauteur de ce qu’elles ont été ; de tout ce qu’elles ont portés, de tout le courage et la force dont elles ont dû faire preuve. Je me sens mal par moment de vivre ici et maintenant, d’avoir la possibilité de ne pas avoir à être cette wonder woman/maman alors qu’elles n’en ont pas eu la possibilité. C’est un complexe très étrange et je ne sais pas bien quoi en faire ni comment le dépasser.
Je me raisonne en me disant que ce n’est pas de ma faute si je suis née à cette époque et dans ce pays ; qu’elles se sont battues justement pour que ma génération et les suivantes puissent être libres et libérées. Mais une part en moi s’en veut d’avoir cette chance (même si je ne crois pas à la chance). Du coup je m’en veux d’autant plus de me plaindre, d’avoir même des raisons de me plaindre.
Aujourd’hui je suis fatiguée d’essayer d’être tout le temps au top, d’essayer d’être celle qui encourage et qui rassure.
Aujourd’hui je suis épuisée d’essayer de tout bien faire et d’être frustrée de ne pas y parvenir.
Aujourd’hui j’avoue que je ne suis pas la mère que je voudrais être, ou disons celle que je m’étais imaginée être avant d’avoir mon fils.
Il y a trop de pressions, dans tous les sens et de tout le monde. On veut tellement bien faire qu’on finit par saturer d’injonctions et on fait une dépression, un burn out maternel. C’est parce que je ne veux pas en arriver là que j’écris ceci, je vide mon sac, désolé d’être mes exutoires, mais j’ai besoin de sortir tout ce qui me ronge et me tient si bien éveillée la nuit. Les insomnies ça suffit ! 🙅♀️
Pour moi, dans mon cas personnel, la pression la plus forte c’est celle de l’éducation positive-bienveillante. Je me mets une pression terrible pour exceller en tant que maman à l’écoute des besoins de mon enfant, prendre en compte son ressenti, gérer positivement ses émotions même quand c’est de la colère que j’ai en face de moi.
Le pire c’est que j’adhère totalement à cette vision de l’éducation, elle me correspond, elle est en phase avec mes valeurs et ce à quoi j’aspire pour mon fils.
Mais alors pourquoi autant de pression ? Pourquoi autant m’autoflageller quand j’ai eu un mot plus haut que l’autre ou que j’ai balancé son assiette dans l’évier parce qu’il n’arrêtait pas de tout rejeter ?
Je voudrais tellement être cette maman zen, qui prend les choses de façon détachée et sereine, qui accueille la difficulté ou l’émotion négative de son enfant de façon positive et apaisée. Mais je n’y arrive pas, pas systématiquement. Je m’en veux dans ces cas là, je m’en excuse auprès de mon fils, je le serre contre moi et le rassure. Mais je me dis que le mal est peut-être déjà fait, que j’ai flingué son cerveau et son système de régulation des émotions.
Je ne sais pas.
Je me dis que ce sera de ma faute si plus tard il a des problèmes pour gérer ses émotions ou faire confiance ou même SE faire confiance.
Pourquoi est-ce que ça serait forcément de ma faute ? Parce que c’est toujours de la faute des mères bien sûr 🤦♀️ ! Ça nous retombe toujours sur le dos. Je n’ai pas envie de rentrer dans une analyse psychanalytique de comptoir, mais forcément que ça nous retombe dessus, puisque c’est nous qui sommes là ! C’est nous majoritairement qui passons le plus de temps à élever et éduquer les enfants, donc forcément qu’on a statistiquement plus de chance (ou de risque) de se planter. Bref ceci est un autre débat !
Voilà...
16 mois que je suis dans les pleurs, dans les cris, dans les colères, dans les couches qui débordent et les lessives qui n’en finissent plus.
16 mois que je vis dans la culpabilité, l’angoisse, la pression, la solitude, l’incompréhension générale, le doute, le manque de sommeil, la peur, le besoin de réponses.
16 mois que je l’aime de tout mon cœur et tellement plus.
16 mois que je fais tout ce que je peux pour être une « bonne mère », pour cuisiner pour lui, pour l’accompagner dans la bienveillance et la confiance (choses que je ne m’accorde pas à moi même).
16 mois à le regarder grandir, à être si fière de lui.
16 mois à batailler pour le faire dormir, à le rassurer, à lui expliquer.
16 mois… et pour la première fois j’ai coupé le baby phone pour ne plus l’entendre m’appeler désespérément.
A moi aussi ça me déchire le cœur. L’admettre et me mettre face à moi même et reconnaître que je ne suis pas à la hauteur, me brise tout autant le cœur.
J’ai tout donné, TOUT, là je ne peux plus être cette mère idéale.
Oui moi aussi je le laisse pleurer et je suis un être immonde, une mère indigne, mais je ne peux plus. Ma santé mentale et ma santé tout court ne vont plus suivre.
Je n’ai pas allaité les 6 mois règlementaires, je n’ai pas fait une diversification classique ; oui mon fils mange parfois des trucs industriels, non je ne fais pas le ménage tous les jours ; oui ça m’arrive de m’énerver, de hausser le ton, et de couper le baby phone pour me préserver aussi.
Communication non violente, empathie, bienveillance, etc, oui, mais cela commence aussi par soi-même !